Une majorité de Français en faveur d’un départ des écologistes du gouvernement
A une écrasante majorité, les Français désapprouvent le soutien que les écologistes apportent au mouvement lycéen pour le retour de Leonarda en France, selon un sondage BVA Opinion pour CQFD i-Télé. Ils sont 56 % (+11 points par rapport à l’enquête du mois de septembre) à estimer que les écologistes devraient quitter le gouvernement, selon ce même sondage BVA Opinion pour CQFD i-Télé, « puisqu’ils ont des désaccords importants ».
42 % (- 8 points par rapport à septembre) considèrent au contraire qu’ils « peuvent très bien rester dans le gouvernement sans être d’accord sur tout ». 2 % ne se prononcent pas. 66 % des sympathisants de gauche sont favorables à leur maintien au gouvernement, quand 71 % des sympathisants de droite pensent le contraire.
Europe Ecologie-les Verts (EELV), qui compte deux membres au sein du gouvernement – Cécile Duflot, ministre de l’égalité des territoires et du logement, et Pascal Canfin, ministre délégué au développement – a appelé mardi dans un communiqué à une poursuite de la mobilisation des lycées et au retour de la collégienne rom Leonarda Dibrani et de sa famille expulsés au Kosovo, « conformément au droit légitime à pouvoir vivre en famille ».
A la question « pensez-vous que Europe Ecologie-Les Verts a raison ou tort desoutenir le mouvement lycéen en faveur du retour de Leonarda et sa famille en France ? », 90 % des sondés répondent qu’ils ont tort, 8 % qu’ils ont raison et 2 % sont sans opinion. 79 % des sympathisants de gauche pensent qu’ils ont tort (91 % chez les sympathisants du PS, 67 % chez les sympathisants de EELV). 98 % des sympathisants de droite pensent qu’ils ont tort.
Leonarda : une partie de la gauche soutient les manifestants contre Valls

Une nouvelle fois, le clivage entre « humanisme » et « fermeté » enflamme le débat politique et divise la gauche. Alors que des lycéens descendent dans la rue pourprotester contre les expulsions de Leonarda Dibrani et de Khatchik Kachatryan, et s’en prennent directement au ministre de l’intérieur, Manuel Valls, des membres de la majorité et des partis de gauche montrent leur désaccord avec la politiquemigratoire du gouvernement. Certains allant jusqu’à soutenir les manifestants.
- Une méthode inadaptée ?
Leonarda a été arrêtée par la police alors qu’elle était en sortie scolaire. La procédure fait l’objet d’une enquête administrative sur les « conditions d’éloignement » de la famille, demandée par Manuel Valls, mercredi 16 octobre. Le ministre de l’intérieur assure appliquer « avec fermeté les décisions d’éloignement tout en veillant scrupuleusement au respect des droits des étrangers ». Le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, déclare le même jour que l’arrêté d’expulsion sera annulé si l’enquête administrative révèle une « faute » et l’Elysée annonce le lendemain que l’école et le temps de vie scolaire pourraient être sanctuarisés si le rapport d’enquête le « recommandait ».
Des membres du gouvernement ont réagi très rapidement après l’expulsion de Leonarda pour dénoncer les conditions dans lesquelles l’adolescente a été interpellée. Le porte-parole du PS, David Assouline, demande, dès mardi, que« les circonstances et les responsabilités » soient « clairement établies ». Pour le ministre de l’éducation, Vincent Peillon, c’est le lieu et le moment de l’interpellation qui posent problème. Il ne critique pas le travail de son collègue de l’intérieur mais déclare, mercredi, à la sortie du conseil des ministres : « Je demande qu’on sanctuarise l’école », avant d’ajouter qu’il « souhaite que ce genre de situation ne se reproduise pas ».
La compagne du président de la République, Valérie Trierweiler, s’émeut également sur cette question, lors d’une rencontre avec la presse à Angers : « On ne franchit pas certaines frontières et la porte de l’école en est une. »
« Il semble que cette intervention sur le temps scolaire soit une erreur », ajouteCécile Duflot, ministre du logement. Le ministre délégué à la ville, François Lamy, estime quant à lui que « la souplesse nécessaire n’a pas été appliquée » et la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, déclare que « si les choses se sont passées telles qu’elles sont décrites ici ou là », elles sont« éminemment choquantes ».
- Une politique contraire aux valeurs de gauche
Beaucoup, essentiellement à gauche, affirment que cette expulsion ne correspond pas aux valeurs prônées par le Parti socialiste et par la gauche en général.
La porte-parole du Parti socialiste, Laurence Rossignol, s’indigne : « On est au cœur du cœur des valeurs de la gauche : l’école comme sanctuaire, la protection des enfants scolarisés. Si on lâche sur ça, pourquoi continuer à se dire de gauche ? »
« Quand on est de gauche et qu’on entend cette histoire, on ne peut qu’avoir des hauts-le-cœur », s’insurge Emmanuel Maurel, leader de l’aile gauche du PS. « Il y a la loi. Mais il y a aussi des valeurs avec lesquelles la gauche ne saurait transiger. Sous peine de perdre son âme », a tweeté le président de l’Assemblée nationale,Claude Bartolone.
De son côté, le Parti de gauche met en cause la « politique inhumaine » du ministre de l’intérieur. Et la sénatrice écologiste Esther Benbassa estime qu’« on ne peut humainement se contenter d’appliquer la loi sans discernement, sans appréciation au cas par cas ».
- Pour un retour de Leonarda en France
Alors que beaucoup se disent opposés à l’expulsion de Leonarda Dibrani, le député écologiste Noël Mamère va plus loin. Pour lui, « il est urgent que cette famille puisse revenir en France, puisqu’on était à la veille de sa régularisation ».Aussi, une pétition lancée par le syndicat lycéen FIDL, signée notamment par des élus du Parti de gauche, d’EELV, du Parti socialiste, du Parti communiste, demande le retour en France de Leonarda. La candidate socialiste à la mairie deParis, Anne Hidalgo, demande, elle aussi, « le retour de Khatchik Khachatryan ainsi que celui de Leonarda Dibrani » et s’explique : « Quand les lois prêtent à interprétation, il nous faut revenir à nos valeurs, aux valeurs de la République. »
- Soutien à la manifestation lycéenne
Entre 4 000 (selon la police) et 12 000 lycéens (selon l’Union nationale lycéenne) ont défilé vendredi, second jour de la mobilisation, dans les rues de Paris. Des établissement de l’est parisien avaient été bloqués dans la matinée. D’autres manifestations ont eu lieu, notamment à Marseille, Grenoble, Angers, La Rochelleou encore Avignon.
Bien que les lycéens critiquent clairement la politique migratoire du gouvernement et s’en prennent directement à Manuel Valls en réclamant sa démission, des membres du Parti socialiste et de la gauche en général soutiennent ouvertement les manifestations. Contrairement au ministre de l’éducation nationale, qui appelle les lycéens à « rentrer dans leurs établissements », le premier secrétaire du Parti socialiste, Harlem Désir, « a demandé le retour en France de Leonarda, et soutenu le mouvement lycéen qui s’est formé jeudi 17 octobre dans plusieurs villes de France », indique le site Internet du PS.
Le député de Seine-Saint-Denis, Daniel Goldberg, déclare, sur Twitter, « la France que j’aime [est] à la tête des lycéens mobilisés dans les rues de Paris« . LePCF soutient la mobilisation et appelle à manifester. Le coprésident du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, a appelé à manifester avec les lycéens : « C’est votre devoir d’être dans la rue avec nos jeunes. »

Des proches de Valls montent au créneau
Pour Luc Carvounas, sénateur proche de M. Valls, ces « quelques petitesmusiques« sont destinées à « déstabiliser l’exécutif », et particulièrement « l’un des piliers de ce gouvernement ». Le député de Paris Jean-Marie Le Guen est plus précis. Selon lui, il existe au sein de la majorité « une volonté de nuire » qui pose un« problème de solidarité ». Manuel Valls, qui s’envolait pour la Martinique quand la controverse a éclaté, a choisi d’écourter son séjour. Il devrait s’exprimer ce week-end sur le dossier. A moins que ce ne soit Jean-Marc Ayrault qui se charge delivrer les conclusions de l’enquête administrative sur les conditions de l’expulsion de Leonarda.
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