Le cannabidiol (CBD) figure parmi les phytocannabinoïdes les plus connus et les plus étudiés. En tant que médiateur des effets du THC (tétrahydrocannabinol), sa nature non psychoactive fait largement consensus. Toutefois, la recherche a permis de démontrer l’effet sédatif du CBD, qui peut expliquer en partie pourquoi les variétés à forte teneur en CBD sont plus connues pour leur effet « stoned/camé » que « high/planant ».

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Structure chimique

1 - The THC and CBD molecules, showing their extremely close resemblance

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Le CBD a la même formule chimique et la même masse moléculaire que le THC (C₂₁H₃₀O₂, 314,46 g/mol), bien que sa structure moléculaire soit légèrement différente. Comme le THC et la plupart des autres lipides, le CBD est hydrophobe et lipophile, ce qui signifie qu’il ne se dissout pas dans l’eau et ne peut se transformer en émulsion aqueuse, mais qu’il se dissoudra dans la matière grasse (ainsi que dans la plupart des solvants organiques tels que le butane et l’alcool).

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En milieu acide, le CBD est cyclisé (il forme un nouvel anneau de carbone) pour devenir le THC. En milieu alcalin (en présence d’eau), le CBD est oxydé pour devenir le cannabidiol-hydroxyquinone, qui a fait l’objet de peu d’études à ce jour, mais qui pourrait exercer un effet inhibant sur les enzymes hépatiques (foie) qui sont vitaux pour le métabolisme des drogues ingérées.

Le cannabidiol dans le système endocannabinoïde (EC)

Bien que son absence d’affinité avec les récepteurs de cannabinoïdes soit largement reconnue, il a été démontré dans au moins une étude que le CBD agissait comme un agoniste inverse du récepteur CB₂. Un agoniste inverse est un ligand de récepteur qui produit l’effet pharmacologique opposé à celui de l’agoniste ; tandis que le THC augmente le niveau d’activité du récepteur au-dessus du niveau intrinsèque en l’absence de tout ligand, le CBD réduit le niveau en dessous de cette référence. D’autre part, un antagoniste se liera à un récepteur et restera inactif, bloquant ainsi toute action des agonistes environnants.

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Le GPR55, un nouveau récepteur cannabinoïde putatif, pourrait être influencé par l’action du CBD. Il a été démontré que ce récepteur réagissait au CBD et au THC, de même qu’aux endocannabinoïdes 2-AG, à l’anandamide et à l’éther noladin, et il a même été avancé qu’il pouvait être le récepteur CB₃ lui-même.

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On suppose également que, bien que le CBD ait peu d’affinités directes avec les récepteurs de cannabinoïdes, il pourrait avoir divers effets indirects. Ces effets pourraient découler de ses actions sur d’autres endocannabinoïdes (comme l’anandamide — le CBD inhibe la dégradation de cette molécule, augmentant ainsi ses niveaux endogènes et sa bioactivité), ou sur d’autres récepteurs ne faisant pas partie du système endocannabinoïde, tout en interagissant avec lui.

Effet du CBD sur les récepteurs non-endocannabinoïdes

Le CBD est un agoniste complet, mais faible, du potentiel de récepteur transitoire vanilloïde (TRPV₁), qui joue un rôle important dans la réponse à la chaleur et aux substances nocives. Le TRPV₁ est un nocicepteur : lorsque le récepteur est suffisamment excité, des signaux sont envoyés au cerveau déclenchant un ensemble de réactions spontanées, notamment la sensation de douleur.

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Divers cannabinoïdes, y compris les endocannabinoïdes anandamide et N-Arachidonoyl dopamine (un agoniste du récepteur CB₁) ont un effet sur le récepteur TRPV₁. Réciproquement, plusieurs vanilloïdes affectent les récepteurs cannabinoïdes, y compris l’olvanile et la pseudocapsaïcine, sans toutefois comprendre la capsaïcine elle-même. L’étroite proximité chimique entre de nombreux vanilloïdes et cannabinoïdes a amené les chercheurs à conclure à l’existence d’un grand potentiel thérapeutique pour la recherche de cannabimimétiques (substances qui imitent les cannabinoïdes).

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Il a également été démontré que le CBD agissait comme un agoniste du récepteur 5HT₁ₐ. Ce récepteur régule l’expression de la sérotonine (5HT) dans le système nerveux central, ce qui peut expliquer bon nombre des propriétés soulageantes de l’anxiété et de la dépression attribuées au CBD. Par ailleurs, les effets modulateurs du CBD sur les récepteurs opiacés Mu et Delta, qui jouent un rôle dans la réponse analgésique et euphorique, peuvent augmenter l’effet global perçu par le consommateur de cannabis.

Propriétés physiologiques

2 - The dominant cannabinoid found in industrial hemp is CBD

Le CBD s’est vu attribuer occasionnellement une importance médicale supérieure au THC. Son absence de psychoactivité est un avantage essentiel, car il peut être utilisé en toute sécurité sans risque d’intoxication et d’altération des fonctions pour les patients. Au-delà de cela, il possède de nombreuses propriétés bénéfiques connues, et nul doute que bien d’autres encore restent à découvrir.

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Le CBD a un effet analgésique, antidépresseur et anxiolytique (contre l’anxiété), et l’on étudie également ses propriétés neuroprotectrices. La neuroprotection, grâce à laquelle les structures du cerveau et du système nerveux central sont protégées contre les dommages (y compris contre les dommages supplémentaires dans le cas des maladies dégénératives comme la maladie de Parkinson), est un domaine de la médecine qui revêt une importance primordiale et grandissante.

Cannabidiol et inhibition de la prolifération des cellules cancéreuses

Plus enthousiasmant encore, le CBD a démontré son effet inhibant sur la prolifération des cellules cancéreuses. On suppose que l’effet du CBD sur les récepteurs CB₂ et TRPV₁ peut jouer un rôle dans ce cas, au travers de l’induction de stress oxydatif. Les fonctions biologiques systémiques produisent des espèces réactives de l’oxygène telles que les peroxydes, les ions d’oxygène et les radicaux libres, qui doivent habituellement être détoxifiées pour limiter les dommages aux cellules.

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Si le corps est incapable de détoxifier correctement ces espèces réactives de l’oxygène, le stress oxydatif peut augmenter jusqu’à déclencher l’apoptose (mort cellulaire programmée). Le stress oxydatif a été mis en cause dans le développement de diverses maladies progressives, notamment la maladie d’Alzheimer, la maladie de Parkinson et le syndrome de l’X fragile ainsi que le cancer lui-même.

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Dans les cellules saines, les espèces réactives de l’oxygène sont nécessaires en faible quantité pour permettre la transduction normale du signal des cellules. Si les cellules en question sont cancéreuses, les espèces réactives de l’oxygène sont nécessaires en grande quantité pour augmenter les taux de métabolisme et le taux de division et de prolifération cellulaire. Par conséquent, le stress oxydatif favorise habituellement la prolifération cancéreuse. Il a toutefois été démontré que le stress oxydatif induit par le CBD pouvait en fait provoquer l’apoptose dans certains types de cellules cancéreuses, en particulier le carcinome mammaire humain.

Disponibilité sous forme de médicament

3 - High-CBD, low-THC strains such as the Israeli Avidekel are now being developed for medical use

Aux États-Unis, le CBD est dérèglementé et sa vente libre est par conséquent autorisée. Dixie Botanicals est une entreprise spécialisée dans les pommades et compléments au chanvre contenant naturellement du CBD, et leurs produits et bien d’autres produits similaires sont en vente dans plusieurs états américains. Toutefois, au Canada, le CBD est inscrit à l’annexe II et ne peut être vendu légalement que sur prescription, bien qu’il n’existe aucune restriction légale en vigueur limitant le pourcentage autorisé de CBD, comme c’est le cas pour le THC.

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Seshata est une écrivain cannabique freelance habitant à Amsterdam, aux Pays Bas.

Bon comme un citron bien rond !