« Nous appelons au boycott des JO de Sotchi »
Récemment amnistiées par Vladimir Poutine et libérées, les membres du groupe punk russe Pussy Riot entendent poursuivre leur engagement. Deux d’entre elles, Maria Alyokhina and Nadezhda Tolokonnikova, expliquent à metronews leurs nouveaux projets, dont Zona Prava (« Zone de justice »), et réagissent aux prochains .Jeux olympiques de Sotchi.

Maria Alekhina et Nadejda Tolokonnikova ont été libérées lundi 23 décembre de leurs centres de détention respectifs après avoir été amnistiées.
Elles purgeaient une peine de deux ans pour « hooliganisme », pour avoir chanté en février 2012
une « prière punk » contre le président Vladimir Poutine.
La chronologie des événements depuis la « prière punk » des Pussy Riot :
21 février 2012 : la « prière punk » déclamée dans une église moscovite.
Cinq membres de Pussy Riot, un collectif punk, féministe et écologiste russe, pénètrent masquées dans la cathédrale moscovite du Christ-Sauveur, haut lieu des retrouvailles rituelles entre le Kremlin et le patriarcat orthodoxe, pour y déclamer, en musique et devant l’autel, un Te Deum revisité à la façon punk et demandant à la Vierge Marie de chasser Poutine (« Vierge Marie, mère de Dieu, chasse Poutine, chasse Poutine, chasse Poutine »).
Cinq membres de Pussy Riot, un collectif punk, féministe et écologiste russe, pénètrent masquées dans la cathédrale moscovite du Christ-Sauveur, haut lieu des retrouvailles rituelles entre le Kremlin et le patriarcat orthodoxe, pour y déclamer, en musique et devant l’autel, un Te Deum revisité à la façon punk et demandant à la Vierge Marie de chasser Poutine (« Vierge Marie, mère de Dieu, chasse Poutine, chasse Poutine, chasse Poutine »).Elles encourent une peine de- sept années d’emprisonnement.
- 17 août 2012 : condamnées à deux ans de camp.

- Nadejda Tolokonnikova, 22 ans, Ekaterina Samoutsevitch, 30 ans, et Maria Alekhina, 24 ans, sont condamnées par un tribunal de Moscou à deux ans de camp pour « hooliganisme » et « incitation à la haine religieuse », après six mois de détention provisoire, qui seront décomptés de leur peine.Pour la juge Marina Syrova, elles ont « violé l’ordre public » et « offensé les sentiments des croyants », motivées « par la haine religieuse », et elles n’ont exprimé aucun repentir.Dans une interview publiée peu avant la lecture du jugement, les Pussy Riot déclarent qu’elles ne demanderont pas à Vladimir Poutine de les gracier. « C’est à lui de nous demander (…) de le gracier », affirme notamment Nadejda Tolokonnikova. La sévérité du verdict provoque l’indignation en Russie et dans le monde entier. Des manifestations de soutien aux jeunes femmes sont organisées.
A l’appel des associations FreePussyRiot, Russie-Libertés et Amnesty France, deux cents personnes se sont réunies à Paris, vendredi 17 août, pour attendre le jugement définitif du tribunal de Moscou à l’encontre du groupe punk rock russe Pussy Riot. Les trois membres du groupe, Nadejda Tolokonnikova , Ekaterina Samoutsevitch et Maria Alekhina, sont en détention provisoire depuis cinq mois, pour une « prière punk » anti-Poutine dans une cathédrale de Moscou en février.
Selon Stephan Oberreit, directeur général d’Amnesty France, les trois membres du groupe Pussy Riot sont « des prisonnières d’opinion, victimes d’un procès politique, inéquitable et complètement bâclé ». L’association souhaite la libération immédiate et inconditionnelle des trois membres du groupe, et veut faire du procès des Pussy Riots un symbole de la lutte pour la liberté d’expression en Russie.

Emanuel Fontanesi, au centre sur la photo, est venu sur la place Stravinsky, dans le quartier du Marais, » pour défendre la liberté d’expression ». La condamnation de l’acte artistique des Pussy Riot lui paraît insoutenable.
26 août 2012 : la police traque les autres membres du collectif.
3 septembre 2012 : incarcérée, Nadejda Tolokonnikova accorde une interview au Spiegel
De sa prison, Nadejda Tolokonnikova accorde à l’hebdomadaire allemand Der Spiegel une interview, dans laquelle elle déclare notamment qu’« elle aime la Russie mais hait Poutine ». Considérée comme la leader du groupe, celle qui veut « une révolution en Russie », répond par écrit aux questions du magazine allemand par l’entremise de l’un de ses avocats. « Le système Poutine (…) n’appartient pas au XXIe siècle, il rappelle beaucoup plus les sociétés primitives ou les régimes dictatoriaux du passé », déclare-t-elle. Assurant ne rien regretter, Nadejda Tolokonnikova affirme également : « Au bout du compte, je pense que le procès contre nous était important car il a montré le vrai visage du système Poutine. »
- 5 septembre 2012 : Le cri d’Elfriede Jelinek.

Si ces Pussy Riot devaient vraiment être enfermées, alors c’est la Russie tout entière qui s’enferme. Alors la piste de danse, où qu’elle se trouve — et elle peut se trouver partout, elle le doit d’ailleurs ! — est fermée », écrit Elfriede Jelinek dans une tribune publiée dans Libération.
L’Autrichienne, Prix Nobel de littérature 2004, ajoute que « l’incarcération de ces trois jeunes femmes (et leurs conditions de détention qui tiennent manifestement de la torture…) représente une sorte de nœud temporel ».
Pendant ce temps, les membres libres du collectif poursuivent leur action anti-Poutine.
- 15 septembre 2012 : des milliers de Russes manifestent contre Poutine à Moscou.
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L’opposition russe rassemble quelque quarante mille personnes contre le pouvoir de Vladimir Poutine. Parmi elles, des manifestants portent des bannières ou pancartes exigeant la libération des Pussy Riot.
Quelques jours plus tôt, le premier ministre, Dimitri Medvedev, a confié que « les Pussy Riot lui donnaient “la nausée” », même s’il a jugé « inutile » et « sévère » de maintenir en prison les trois jeunes femme.
10 octobre 2012 : une Pussy Riot libérée
- A l’issue de leur procès en appel, une des trois condamnées, Ekaterina Samoutsevitch, est relâchée. Sa peine est commuée en condamnation avec sursis. Les peines des deux autres jeunes femmes, Nadejda Tolokonnikova et Maria Alekhina, toutes deux mères de famille, sont « maintenues sans changement ».
- 19 octobre 2012 : Ekaterina Samoutsevitch dépose un recours devant la CEDH.

- Tout juste libérée, la jeune femme se plaint du traitement subi durant son procès et celui des deux autres membres du groupe. Elle dépose un recours préliminaire auprès de la Cour européenne des droits de l’homme.
- 22 octobre 2012 : en route vers les camps.

- Les avocats des deux Pussy Riot font savoir qu’elles sont en route vers des camps éloignés de Moscou, à la réputation difficile, dans les régions de Perm et de Mordovie, pour purger leur peine.
17 décembre 2012 : Maria Alekhina raconte la vie dans « la zone »
Une lettre de Maria Alekhina, publiée dans l’hebdomadaire New Times, raconte ses premières semaines de détention dans la colonie pénitentiaire n° 28, dans la région de Perm, dans l’Oural. « Tout est gris aux alentours, et, même si quelque chose est d’une autre couleur, il y a toujours une nuance de gris dedans. Tout : les bâtiments, la nourriture, le ciel, les mots », écrit la jeune femme à propos de ce qu’elle appelle « la zone ».
- 23 janvier 2013 : Maria Alekhina dénonce la « mentalité d’esclave » qui domine en détention.

- Dans un entretien au journal d’opposition Novaïa Gazeta, Maria Alekhina s’insurge contre les conditions de détention et la « mentalité d’esclave » qui règne. « Ignorance, lâcheté, trahison, dénonciations sont une règle de conduite », dit-elle. « Les droits de l’homme y sont violés partout : pour les conditions de vie, le niveau de salaire, l’attitude des employés envers les détenus ordinaires (pas envers moi), qu’ils tutoient le plus souvent », dénonce la jeune femme. Quelques jours avant, la justice a rejeté sa demande de purger le reste de sa peine de deux ans de camp lorsque son fils, aujourd’hui âgé de cinq ans, serait plus âgé, une disposition prévue par la loi russe.
- 1er février 2013 : Nadejda Tolokonnikova transférée dans une prison médicalisée
Détenue dans la région de Mordovie, Nadejda Tolokonnikova « est hospitalisée à sa demande et à la demande de son avocat pour des examens médicaux dans un hôpital pour détenus ». Ekaterina Samoutsevitch, la Pussy Riot libérée en octobre, précise que son transfert a eu lieu il y a quelques jours. Elle explique que la jeune femme est exténuée par ses heures de travail en prison, où elle réalise des travaux de couture.
- 7 février 2013 : les Pussy Riot saisissent la Cour européenne des droits de l’homme.

Les trois plaignantes considèrent que plusieurs dispositions de la Convention européenne garantissant la liberté personnelle, la liberté d’expression, le droit au procès équitable et interdisant les tortures ont été violées lors de leur procès.
21 février 2013 : deux femmes cagoulées sont arrêtées dans la cathédrale de Moscou
Irina Katsouba et Elena Volkova, deux professeures de l’université de Moscou, sont interpellées dans la matinée dans la cathédrale, alors qu’elles avaient revêtu des cagoules et tentaient de déposer des fleurs devant l’iconostase pour commémorer la « prière punk » récitée un an auparavant par les Pussy Riot.
- 26 avril 2013 : pas de libération conditionnelle pour Nadejda Tolokonnikova.
« J’ai passé assez de temps en camp, j’en ai assez de l’étudier », déclare la condamnée lors de l’audience au terme de laquelle sa requête est rejetée. Selon la législation russe, toute personne condamnée peut bénéficier d’une libération conditionnelle après avoir purgé la moitié de sa peine, ce qui est le cas de Nadejda Tolokonnikova, qui avait déjà effectué six mois de détention provisoire avant sa condamnation confirmée en appel en octobre 2012.
- 22 mai 2013 : Maria Alekhina commence une grève de la faim

La jeune femme fait savoir qu’elle se met en grève de la faim, après s’être vu refuser d’assister à une audience sur sa demande de libération anticipée.
Le lendemain, sa demande de libération anticipée est rejetée.
- 16 juillet 2013 : nouveau clip des Pussy Riot.

- Deux semaines après la promulgation par Vladimir Poutine de nouvelles lois liberticides punissant tout acte de « propagande » homosexuelle devant mineur et réprimant les « offenses aux sentiments religieux », les Pussy Riot sortent leur nouveau clip pour dénoncer l’autoritarisme du régime.
- 26 juillet 2013 : la demande de libération anticipée de Nadejda Tolokonnikova de nouveau refusée.
La justice rejette en appel la demande de libération anticipée de Nadejda Tolokonnikova, qui avait déjà été refusée en première instance en avril.
- 23 septembre 2013 : Nadejda Tolokonnikova décrit son « quotidien d’esclave »
La jeune femme publie une lettre ouverte dans The Guardian, elle y dénonce ses conditions de détention et prévient qu’elle se met à son tour en grève de la faim.
« Ma brigade travaille dans l’atelier seize à dix-sept heures par jour. De 7 h 30 du matin jusqu’à minuit et demi. Au mieux, nous dormons quatre heures par nuit. Nous avons une journée de repos tous les mois et demi », écrit-elle.
Son récit lui vaut d’être placée à l’isolement quelques jours plus tard.
- 29 septembre 2013 : Nadejda Tolokonnikova transférée à l’hôpital.
En grève de la faim depuis sept jours, Nadejda Tolokonnikova est transférée à l’hôpital n° 21, dans le village de Barachevo, en Mordovie. Le lendemain, son époux affirme que l’administration pénitentiaire interdit tout droit de visite à sa femme.
- 5 novembre 2013 : Nadejda Tolokonnikova transférée vers un camp de travail en Sibérie.
La Pussy Riot s’était dite menacée de mort dans son ancien camp. Son nouveau lieu de détention « se trouve dans la région de Krasnoïarsk, dans la localité de Nijni Ingach (…), à 4 400 km de Moscou », en Sibérie orientale, indique son mari, Piotr Verzilov. « C’est une punition pour le retentissement de sa lettre » publiée en septembre, estime-t-il.
- 18 décembre 2013 : une loi d’amnistie votée par les députés.

Vladimir Poutine est à l’origine de ce projet de loi soumis au Parlement. Lequel ne cite aucun nom, mais précise que l’amnistie s’appliquera à des personnes condamnées à des faits mineurs, tel le « hooliganisme », ou inculpées de charges mineures. La loi devrait concerner environ vingt-cinq mille personnes.
- 20 décembre 2013 : Mikhaïl Khodorkovski grâcié par Poutine
Le président russe signe le décret permettant la libération de l’ancien oligarque, détenu dans un camp depuis dix ans.
- 23 décembre 2013 : Maria Alekhina et Nadejda Tolokonnikova sont libérées
La libération des deux jeunes femmes se déroule en deux temps. Maria Alekhina est la première à être libérée. Elle dénonce dès sa sortie « l’opération de communication » de Vladimir Poutine. Quelques heures plus tard, c’est au tour de Nadejda Tolokonnikova de sortir du camp où elle était incarcérée.
Cagoules et collants bariolés, robes colorées, guitares électriques et poings levés. Les images des Pussy Riot, collectif féministe et écologiste russe punk qui a multiplié les actions anti-Poutine depuis l’automne 2011, ont fait le tour du Web. Le mouvement rappelle d’autres initiatives contestataires insolites nées à la faveur de l’élection présidentielle russe, le 4 mars 2012. Il a pourtant connu un écho inédit après que trois de ses membres ont été inculpées pour « hooliganisme et incitation à la haine religieuse » et condamnées le 17 août 2012 chacune à deux ans de camp. Nadejda Tolokonnikova et Maria Aliokhina, qui purgent leur peine jusqu’en mars 2014, devraient être libérées à la faveur d’une loi d’amnistie générale votée le 18 décembre par le Parlement russe.
Le 21 février 2012, cinq membres du collectif avaient pénétré masqués dans la cathédrale moscovite du Christ-Sauveur, haut lieu du renouveau orthodoxe en Russie, pour y déclamer, en musique et devant l’autel, un Te Deum revisité à la sauce punk demandant à la Vierge Marie de chasser Poutine (« Vierge Marie, mère de Dieu, chasse Poutine, chasse Poutine, chasse Poutine »).
Les Pussy Riot n’en étaient pas à leur coup d’essai. En octobre 2011, les jeunes femmes avaient déjà mené une série d’actions dans le métro de Moscou et sur les toits des trolleybus de la capitale pour protester contre le machisme de la société russe. En décembre, elles s’étaient produites sur le toit d’un bâtiment proche du commissariat où était détenu, entre autres, le blogueur et opposant Alexeï Navalny. Et le 20 janvier 2012, huit d’entre elles avaient entonné sur la place Rouge une chanson intitulée « Poutine a fait dans son froc », en référence aux récentes manifestations de l’opposition.
Au terme de leur performance dans la cathédrale du Christ-Sauveur, les jeunes femmes avaient réussi à prendre la fuite. Quelques jours plus tard, la police interpellait plusieurs membres présumés du groupe. Nadejda Tolokonnikova, 22 ans, Ekaterina Samoutsevitch, 29 ans, et Maria Alekhina, 24 ans, ont été condamnées à deux ans de camp, le 17 août 2012, par un tribunal de Moscou, pour « vandalisme » et « incitation à la haine religieuse », à l’issue d’un procès qui a acquis une résonance internationale. Deux autres membres du groupe punk des Pussy Riot ont fui la Russie afin d’échapper à des poursuites judiciaires. Dès sa condamnation, le journal britannique The Guardian mettait en ligne le dernier single du groupe, intitulé
« Putin Lights Up The Fire ».
Les trois jeunes femmes sont des figures connues de l’activisme politique en Russie : Nadjeda Tolokonnikova est une militante de la cause homosexuelle et membre, comme Ekaterina Saloutsevitch, du collectif d’artistes Voïna tandis que Maria Alekhina est l’une des principales militantes écologistes en Russie.
L’affaire a fait grand bruit en Russie et suscité un débat inédit sur les liens entre Eglise et pouvoir, dénoncés par la prière punk des Pussy Riot (« Le patriarche Goundiaïev [Kirill] croit en Poutine / Ce serait mieux, salope, qu’il croie en Dieu »). Si une partie de l’Eglise orthodoxe russe a crié au sacrilège et au blasphème, exigeant que les jeunes femmes soient punies, d’autres, à l’image du diacre Andreï Kouraev, ont appelé à la clémence et au pardon, jugeant la peine démesurée au regard des faits.
Un avis qui a été largement partagé par l’opinion publique qui, si elle désapprouve la provocation des Pussy Riot, estime dans sa majorité la réaction des autorités excessive. Beaucoup reprochent au patriarche de l’Eglise orthodoxe, Kirill, au centre de plusieurs polémiques, sa dureté envers les Pussy Riot. Le patriarche a qualifié leur performance de « blasphématoire », fustigeant ceux qui soutiennent leur action et la présentent comme « une plaisanterie amusante ».
PRÉSENTÉES COMME DES SORCIÈRES.
« En mettant l’accent sur le caractère blasphématoire de leur action, on en tait l’aspect politique », soulignait Inna Doulkina, rédactrice en chef du Courrier de Russie, journal franco-russe publié à Moscou.
Ainsi de l’émission d’Arkadi Mamontov sur Rossya 1, la première chaîne d’Etat russe, qui, le 25 avril 2012, a diffusé un film documentaire sur les Pussy Riot intitulé Les provocateurs, dans lequel l’action des jeunes femmes était décrite comme soigneusement préméditée dans le but d’offenser les sentiments des croyants et de déstabiliser la société. « On les présentait carrément comme des sorcières », ajoute Inna Doulkina. Mais à la question de la moralité du happening des Pussy Riot se heurte celle de la dimension artistique et engagée de leur action. Pour l’artiste contemporain Oleg Koulik, interrogé par le même journal, ce qu’ont fait les jeunes femmes dans la cathédrale du Christ-Sauveur est bien de l’art et c’est précisément la raison pour laquelle Eglise et pouvoir ont réagi aussi violemment : « Pourquoi se retrouvent-elles en prison ? Parce que le pouvoir ne pouvait pas admettre qu’on critique l’Eglise, la seule institution qui, dans le cas d’une révolution, se lèvera pour sa défense. Le pouvoir a réagi de façon d’autant plus raide que l’action de Pussy Riot était douce, pratiquement inoffensive. Qu’est-ce qu’elles ont fait, ces jeunes femmes ? Elles n’ont pas haché les icônes, elles n’ont tabassé personne, elles ont juste dansé et chanté. Et c’est exactement ce que ni le pouvoir ni l’Eglise n’ont pu supporter. Si seulement Pussy Riot avait commis une véritable agression, cela aurait voulu dire qu’elles respectaient leur ennemi et le prenaient au sérieux.»
Si les oripeaux bariolés dont les Pussy Riot entourent leurs performances ont pu parfois occulter le sens premier de leur action, « ce sont avant tout des intellectuelles », estime Christine Pokotilova, qui anime la version française du site Freepussyriot. Dans une lettre envoyée depuis la prison n° 6, Nadejda Tolokonnikova écrit : « Nous ne sommes pas des messies. Mais qui sait, peut-être Pussy Riot est-il le signe de l’imminence d’un temps nouveau dans l’histoire spirituelle de l’humanité, le siècle de la liberté, comme prédit par les philosophes chrétiens russes ? »
MOBILISATION INTERNATIONALE.
Olga Kokorina, de l’association Russie-Libertés créée en janvier 2012, et la traductrice des lettres des détenues en français, partage l’analyse de Christine Pokotilova : « Les Pussy Riot représentent aussi une forme d’activisme civil. Elles ont choisi la musique punk, mais ce qui est le plus important, c’est leur message politique. »
L’inscription des Pussy Riot dans la mouvance punk, en référence notamment au mouvement Riot grrrl né aux Etats-Unis au début des années 1990, et l’importante médiatisation dont a bénéficié la vague de contestation anti-Poutine en Russie, a largement contribué à internationaliser le mouvement.
De nombreux comités de soutien aux jeunes femmes ont fleuri en Europe, aux Etats-Unis ou encore en Israël, et des témoignages d’encouragement sont arrivés du monde entier. Kathleen Hanna, la fondatrice du groupe américain Bikini Kill, a assuré les Pussy Riot de son soutien. Amnesty International a mis en ligne une pétition demandant la libération des jeunes femmes, que l’ONG qualifie de « prisonnières de conscience », et le site d’Europe Ecologie-Les Verts a également publié un communiqué appelant à la mobilisation pour la libération des jeunes femmes.
Tolokonnikova et Alekhina, toutes deux mères de famille, respectivement d’une fille de 4 ans et d’un garçon de 5 ans, ont été emprisonnées dans des des camps éloignés de Moscou, à la réputation difficile, dans les régions de Perm et de Mordovie. Tous les recours ont jusqu’à présent été rejetés par la justice russe, les jeunes femmes ayant refusé de reconnaître leur culpabilité. Dans une lettre transmise à la presse, Nadejda Tolokonnikova a dénoncé les conditions au camp de travail, pouvant rappeler des témoignages sur le goulag soviétique.












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