KIEV s’est transformée jeudi 20 février en champ de bataille, avec des affrontements extrêmement violents entre policiers et manifestants barricadés sur la place de l’Indépendance. Joint par téléphone dans l’après-midi, le chef du service médical de Maïdan, le docteur Oleg Moussiï, a assuré au Monde qu’« environ cent manifestants [étaie]nt morts depuis ce matin » lors des affrontements avec la police. Cinq cents autres auraient été blessés selon lui. Les autorités municipales avancent un bilan moins lourd, de soixante-sept morts. Dans l’après-midi, la présidence ukranienne, qui conseille aux habitants de rester chez eux, a affirmé que « des dizaines de policiers » avaient également été tués.

Prière place de l’Indépendance, le 20 février.

Drapé dans un drapeau de l’Ukraine, un manifestant regarde la place du centre de Kiev du haut d’une barricade.

Les manifestants ont répondu avec des armes à feu aux tirs des forces de l’ordre.

Des équipes de secours évacuent un manifestant blessé au cours des affrontements.

Embusqué en haut d’une barricade, un insurgé scrute le terrain.

Les manifestants reconstituent les barricades qui ont brûlé pendant la nuit.

Vue générale de la place de l’Indépendance pendant les affrontements.

Des policiers protègent les abords des bâtiments gouvernementaux.

Les projectiles incendiaires ont mis le feu aux vêtements d’un manifestants.

Les cocktails Molotov font partie des principales armes dont se servent les insurgés.

Les secouristes évacuent un des très nombreux blessés.

Face aux tirs des snipers, les insurgés tentent de se protéger derrière des boucliers de fortune.

Des cadavres, parmi les très nombreuses victimes qu’a faites cette nouvelle journée de violences.

Un manifestant montre des douilles de balles qu’auraient utilisées les forces de police.

Du fil barbelé est déployé autour des barricades.

Préparation de cocktails molotov.

Portrait d’un des manifestants chargés du ravitaillement en nourriture.
Massage cardiaque sur un homme mortellement blessé pendant les affrontements.

Portrait d’un insurgé.

Une femme pleure alors que les corps des victimes sont rassemblés près d’un restaurant aux abords de la place de l’Indépendance.

Du sang sur le sol de la place de l’Indépendance.

Un prêtre auprès des victimes, dans la morgue improvisée de l’hôtel Ukraine, immense bâtiment dominant Maïdan.

Un hôpital de fortune a également été installé dans le hall de l’hôtel Ukraine.

Un corps sur la place de l’Indépendance.
Le ministère des affaires étrangères allemand twitte la photo de la signature de l’accord entre la présidence ukrainienne et l’opposition.
vendredi 21 février 2014 16h16
#Ukraine: After difficult negotiations President+Opposition sign agreement.#Steinmeier + @sikorskiradek co-sign.pic.twitter.com/XnXzyhEqny

Bert:

La Rada peut-elle décider souverainement de changer la Constitution? Ou faut-il un référendum, ou une signature du Président? ou autre?

vendredi 21 février 2014 16h23
@Bert : Effectivement, un simple vote des députés a suffi pour modifier la Constitution. Pour être plus précis, la Rada a voté l’annulation des modifications constitutionnelles de 2010 (qui avaient elles été décidées par la Cour constitutionnelle, sans passer par le Parlement, ni par un référendum).
vendredi 21 février 2014 16h23
Ben:

Une nouvelle constitution d’accord, mais les manifestants souhaitent la démission de Ianoukovitch également, qu’en est-il?

vendredi 21 février 2014 16h25
@ Ben : Aucune démission du président n’est prévue. C’est ce qui peut expliquer qu’une partie des manifestants ne voudra pas quitter la place de l’Indépendance, malgré l’accord gouvernement-opposition.
vendredi 21 février 2014 16h25
@julien:

il est nécessaire d’avoir une majorité des deux tiers pour pouvoir modifier la constitution à la RADA

vendredi 21 février 2014 16h26
Visiteur:

Les accords passés avec la Russie sont-ils encore négotiables et peuvent-ils être annulés après cet heureux dénouement?

vendredi 21 février 2014 16h32
@Visiteur : Les accords financiers signés avec la Russie sont « révisables » : seule une partie de l’aide promise a été versée (3 milliards sur 15 milliards) – rappelons aussi qu’il ne s’agit que d’un crédit – et les rabais accordés sur les prix du gaz sont prévus pour être renégociés tous les trois mois. Après si le futur gouvernement d’union nationale décide de signer un accord avec l’Union européenne, on peut imaginer que l’accord avec la Russie sera caduc mais tout ceci est hypothétique.
vendredi 21 février 2014 16h32
Le premier ministre David Cameron salue l’accord conclu, qui constitue selon lui « une chance réelle de mettre fin à l’effusion de sang  et d’interrompre la plongée en plein cauchemar de l’Ukraine  et de son peuple ».
vendredi 21 février 2014 16h47
Sur la place de l’Indépendance se tient actuellement une cérémonie en hommage aux manifestants tués ces derniers jours.
vendredi 21 février 2014 16h49
Thousands of protesters packed into Independence Sq. Many in tears as body of dead protester paraded. #Kievpic.twitter.com/IwUDK7MmJw

Kirghiz:

Poutine a-t-il réagi face à ce premier recul de la part de Ianoukovitch?

vendredi 21 février 2014 16h53
@Kirghiz : Non, il n’y a pas eu de réaction de la Russie pour l’instant. Le médiateur envoyé par Moscou, Vladimir Lukin, est reparti de Kiev vendredi sans signer l’accord, selon l’agence Interfax.
vendredi 21 février 2014 16h53
Comme vous êtes plusieurs à le signaler dans vos commentaires, effectivement, l’Ukraine a obtenu cet après-midi, son premier titre olympique aux Jeux de Sotchi, en biathlon (relais féminin), en pleine crise politique. Il s’agit de la 2e médaille d’or de l’histoire pour l’Ukraine aux JO d’hiver.
vendredi 21 février 2014 16h58
Le Parlement ukrainien a voté pour une libération de Ioulia Timochenko à une majorité de 310 votes.
vendredi 21 février 2014 17h32
L’ancienne première ministre, ex-chef du parti Batkivchtchina, a été condamnée en octobre 2011 à sept ans d’emprisonnement pour abus de pouvoir dans la signature de contats gaziers, et se trouve actuellement hospitalisée sous surveillance à Kharkiv.
vendredi 21 février 2014 17h35
Pour que la libération de Ioulia Timochenko soit effective, il faut encore que la décision soit signée par le président du Parlement, par le président Ianoukovitch et qu’elle paraisse au Journal officiel.
vendredi 21 février 2014 17h38
La libération de Ioulia Timochenko a été votée par 54 députés du Parti des régions, le parti du président Viktor Ianoukovitch.
vendredi 21 février 2014 17h41
Anonyme:

la libération de Ioulia Timochenko n’était pourtant pas prévue dans l’accord non ?

vendredi 21 février 2014 17h48
@Anonyme : Non, effectivement, l’accord gouvernement – opposition ne fait aucune mention du sort de Ioulia Timochenko. C’est Arseni Iatseniouk, le leader du parti Batkivchtchina et proche de l’ex-première ministre, qui a demandé au Parlement de se prononcer sur Timochenko.
vendredi 21 février 2014 17h48
La Maison Blanche a salué l’accord trouvé en Ukraine, et souligne que « la priorité doivent être mise dans les actions concrètes pour mettre en œuvre cet accord, ce que nous surveillerons de près ». Washington précise aussi que « les responsables des violences et des dommages » doivent répondre de leurs actes.
vendredi 21 février 2014 17h50
Visiteur:

Ianoukovitch va-t-il signer cette décision ?

vendredi 21 février 2014 17h53
@Visiteur : Rien n’est sûr. Il s’est toujours montré très hostile à cette perspective et n’a jamais fait aucune concession sur le sort de Ioulia Timochenko. Seul son isolement grandissant pourrait le contraindre à signer et entériner ce vote au Parlement.
vendredi 21 février 2014 17h53
La Rada a également voté le départ du ministre de l’intérieur Zakharchenko par 332 voix.
vendredi 21 février 2014 17h55
Mécanique Appliquée:

Est ce que la constitution permet au parlement de voter des libérations et de limoger des ministres?

vendredi 21 février 2014 18h14
@ Mécanique appliquée : Pour être précis, le Parlement n’a pas statué directement sur Ioulia Timochenko, mais sur l’article du code pénal au titre duquel elle avait été condamnée en 2011. L’annulation de cet article ouvre la voie à la libération de l’ancienne première ministre.
vendredi 21 février 2014 18h14
Visiteur:

Toujours concernant la Rada, j’imagine que le président a des soutiens en son sein. Pourquoi la majorité est-elle si écrasante lors de ces derniers votes? Peut on penser que le gouvernement lâche le président?

vendredi 21 février 2014 18h18
@Visiteur : Un grand nombre de députés du Parti des régions, le parti au pouvoir, semblent s’être retournés contre le président. L’agence Interfax Ukraine parle de 28 députés qui auraient quitté la formation du Parti des régions. Viktor Ianoukovitch semble effectivement de plus en plus isolé.
vendredi 21 février 2014 18h18
L’atmosphère à la Rada, d’habitude aux ordres, est stupéfiante. Il n’y a plus de majorité et d’opposition.
Le médiateur envoyé par la Russie à Kiev ces derniers jours a enfin réagi à l’accord signé aujourd’hui entre le pouvoir et l’opposition. De retour à Moscou, l’envoyé du Kremlin Vladimir Loukine a confirmé qu’il n’avait pas signé le document, expliquant que « des questions demeuraient ». « Nous avons discuté, nous avons clairifié nos positions. Nous allons continuer les consultations. A ce titre, c’est évidemment un progrès. »
Le président de la commission des affaires étrangères de la Douma, Alexeï Pouchkov, a jugé l’accord positif s’il met fin à la violence, mais il a ajouté :  « Je ne crois pas que cela règle les problèmes fondamentaux auxquels est  confrontée l’Ukraine: économie, relations ethniques et capacité de gouverner. L’opposition est plutôt disparate et l’opposition va commencer à se quereller. »
vendredi 21 février 2014 18h27
Il ne reste à #Ianoukovitch, à cette heure, qu’un mandat formel. Son équipe est engloutie, sa majorité exposée. Débandade.
Le ministère des affaires étrangères russe précise dans un communiqué que le fait que son émissaire n’ait pas signé l’accord gouvernement – opposition « ne signifie pas que la Russie ne souhaite pas un compromis ».
vendredi 21 février 2014 18h32
Donlope:

Peut-on parler de victoire de la diplomatie européenne(pour une fois !) avec cet accord ?

vendredi 21 février 2014 19h08
@Donlope : Parler de victoire est prématuré. Il faut voir si la rue accepte l’accord signé. C’est seulement là qu’on jugera de l’efficacité de la diplomatie européenne. Mais il y a eu clairement un tournant ces trois derniers jours, avec une prise de conscience en Europe qu’il fallait jouer un rôle actif comme médiateur sur le terrain. Après, le problème de l’Union européenne est qu’elle n’a pas de perspective claire à offrir à l’Ukraine (adhésion ou aide financière).
vendredi 21 février 2014 19h09
@ Donlope : Par ailleurs, on ne connaît pas encore les éléments qui ont pesé le plus dans la conclusion de cet accord, mais la dimension tragique qu’ont pris les affrontements ces trois derniers jours et l’isolement grandissant dans lequel s’est trouvé Viktor Ianoukovitch sont des facteurs très importants pour expliquer cet accord.
vendredi 21 février 2014 19h14
La libération de Ioulia Timochenko est incertaine. Lorsque la Rada, le parlement ukrainien, vote une loi, cette dernière est transmise au président, qui doit donner son accord pour qu’elle rentre en application. Il peut la renvoyer devant le parlement avec d’éventuelles suggestions de modification. La Rada vote à nouveau. Si elle valide à nouveau la loi avec au moins deux tiers des votes, le président ne peut pas s’opposer à l’application de la loi.Avec 310 voix, ce sont plus des deux tiers des parlementaires qui se sont prononcés pour la libération de l’ancienne premier ministre. Mais le climat est tellement particulier que rien ne garantit que dans la période de quinze jours dont dispose le président pour se prononcer sur la loi et la renvoyer devant le parlement, le vent ne tourne pas à nouveau à la Rada.
vendredi 21 février 2014 19h18

Accord en Ukraine : la Russie n’a pas signé

La Russie n’a pas signé l’accord de sortie de crise conclu à Kiev sous médiation européenne, mais cela ne signifie pas qu’elle ne soutient pas un compromis, a déclaré vendredi le ministère russe des Affaires étrangères. L’accord de sortie de crise a été signé « sous médiation des diplomaties allemande, polonaise et française », souligne le ministère dans un communiqué. « À la demande des autorités ukrainiennes et de l’Union européenne, le délégué russe aux droits de l’homme Vladimir Loukine s’est joint (au processus) à un certain stade des négociations », ajoute Moscou.

« À ce stade, le texte de l’accord était déjà presque prêt », souligne encore le ministère. « Le fait que Vladimir Loukine ne l’ait pas signé comme l’ont fait les trois ministres européens ne signifie pas que la Russie ne souhaite pas la recherche d’un compromis », ajoute la diplomatie russe. « Nous serons à l’inverse toujours prêts à aider les Ukrainiens s’ils le demandent, à faire retourner la situation à la normale », assure le ministère.

La Russie souligne cependant que « des processus aussi importants qu’une réforme de la Constitution doivent se faire en impliquant l’ensemble des forces politiques et des régions, et un tel projet de réforme doit être soumis à un référendum ». Enfin, la Russie souligne la nécessité pour l’opposition ukrainienne de « se désolidariser sans équivoque des extrémistes et d’empêcher fermement leurs actes illégaux ».

 

Bon comme un citron bien rond !