La tension monte en Crimée, enjeu entre la Russie et l’Ukraine
De brefs affrontements ont opposé des manifestants pro-russes et des partisans des nouvelles autorités ukrainiennes.
Alors qu’à Kiev le nouveau pouvoir ukrainien tente de s’organiser, quelques jours après la chute et la fuite de Viktor Ianoukovitch, les tensions sont venues de l’est, mercredi 26 février. De l’autre côté de la frontière, le président russe, Vladimir Poutine, a accentué la pression sur l’Ukraine en ordonnant la tenue de manœuvres militaires. A Simferopol, en Crimée, seule région ukrainienne où les Russes de souche sont majoritaires, des heurts ont éclaté lors de manifestations de partisans et d’opposants du nouveau régime.
L’armée russe « en état d’alerte », la flotte renforcée en Crimée

Après avoir violemment critiqué les nouvelles autorités au pouvoir en Ukraine, la Russie est allée plus loin dans sa rupture avec son voisin et partenaire historique, mercredi, en se plaçant sur le terrain militaire. Vladimir Poutine a ordonné, mercredi, une inspection surprise des troupes des districts militaires de l’Ouest, non loin de la frontière. « Les forces du district militaire ouest ont été placées en état d’alerte », a déclaré, Sergueï Choïgou, ministre de la défense, sans mentionner la situation en Ukraine, à l’agence de presse Interfax. Il s’agit de « vérifier la capacité des troupes à agir dans des situations de crise menaçant la sécurité militaire du pays ».
Moscou prend aussi des mesures pour assurer la sécurité des installations et des armements de sa flotte de la mer Noire basée en Crimée, a annoncé Sergueï Choïgou. « Nous étudions attentivement ce qui se passe en Crimée et autour de la flotte de la mer Noire », a souligné le ministre, cité par les agences de presse russes.
Russes et Occidentaux ont en effet tous mis en garde sur des risques de partition du pays entre l’Est russophone et l’Ouest plutôt nationaliste et proeuropéen. Le président ukranien par intérim, Olexandre Tourtchinov, a reconnu des « signes dangereux de séparatisme », notamment en Crimée.
Kerry rappelle la Russie à l’ordre

Face à ces nouvelles tensions, le secrétaire d’Etat américain a interpellé la Russie en l’exhortant à respecter l’intégrité territoriale ukrainienne. Il a déclaré sur la chaîne MSNBC :
« Nous disons clairement que tous les pays doivent respecter l’intégrité territoriale, la souveraineté de l’Ukraine. La Russie a dit qu’elle le ferait et nous pensons qu’il est important que la Russie tienne promesse. Nous ne devons pas nous engager dans une confrontation comme au temps de la Guerre froide ».
A Simferopol, devant le Parlement régional de Crimée, partisans et adversaires des nouvelles autorités ukrainiennes ont manifesté mercredi. Plus de cinq mille personnes, majoritairement issues de l’ethnie tatare, se sont rassemblées pour exprimer leur soutien aux manifestants anti-Ianoukovitch, face à quelques centaines de manifestants favorables à un rapprochement avec la Russie. « La Crimée est russe », ont scandé des manifestants dans un camp, en réponse au rassemblement concurrent où l’on pouvait entendre : « Ukraine ! Ukraine ! »
De brefs affrontements ont éclaté dans l’après-midi, alors que le chef du parlement local excluait tout débat sur une éventuelle sécession. Les pro-Russie réclament en effet la tenue d’un référendum sur le statut de la Crimée, où les tensions séparatistes se sont accrues depuis la destitution de Viktor Ianoukovitch.

En marge de ces manifestations, le corps d’un homme a été retrouvé. Selon les premières informations diffusées par le ministère de la santé de Crimée, il ne portait pas de signe de violence et serait mort « d’une crise cardiaque ».


