Le drapeau russe hissé sur le Parlement de Crimée en Ukraine

Des dizaines d’hommes armés se sont emparés, jeudi 27 février à l’aube, des bâtiments du gouvernement régional et du Parlement de Crimée, à Simferopol, selon Anatoli Mohilyov le premier ministre de la région ukrainienne. « Ils n’ont pour l’instant formulé aucune revendication », indique pour sa part le dirigeant tatar Refat Tchoubarov sur sa page Facebook. Selon un journaliste de l’agence Interfax des drapeaux russes ont été hissés. L’agence AP indique que le site du Conseil suprême de Crimée – le Parlement de la république autonome de Crimée – est inaccessible, qu’un slogan indiquant que la « Crimée est russe » a été affiché et que les journalistes présents ont reçu une grenade incapacitante pour toute réponse à leurs questions.

MISE EN GARDE DU PRÉSIDENT PAR INTÉRIM
Olexandre Tourtchinov, le président ukrainien par intérim, a mis en garde la flotte russe contre toute « agression militaire ». « Je m’adresse aux dirigeant militaires de la flotte de la mer Noire : tous les militaires doivent rester sur le territoire prévu par les accords. Tout mouvement de troupe armé sera considéré comme une agression militaire », a-t-il déclaré au Parlement. La Crimée, péninsule russophone du sud de l’Ukraine, continue d’héberger la flotte russe de la mer Noire dans ses quartiers historiques, la ville portuaire de Sébastopol.
Arsen Avakov, le ministre de l’intérieur ukrainien par intérim, a fait savoir que les forces spéciales de la police avaient été mises en alerte. Une centaine de policiers se sont rassemblés devant le bâtiment, dont les portes semblent avoir été bloquées à l’aide de caisses en bois. Cette mesure est destinée à éviter « un bain de sang parmi la population civile » et « l’évolution de la situation en affrontements armés », a indiqué M. Avakov sur sa page Facebook. « Les provocateurs sont en marche », a-t-il ajouté, estimant qu’il fallait garder « la tête froide ». Aucune autre activité inhabituelle n’était visible dans les rues alentour.

PRESSION RUSSE
Le ton, à Moscou, est résolument combattif. Des avions de chasse russes ont été placés en état d’alerte à la frontière occidentale de la Fédération, rapporte l’agence de presse Intefax, citant le ministère de la défense. « Des patrouilles aériennes sont effectuées constamment par nos avions de chasse dans les régions frontalières. Dès le moment où elles ont reçu le signal de se placer en état d’alerte, les forces aériennes de la région militaire occidentale sont parties (…) pour les bases », dit le ministère dans le communiqué relayé par l’agence.
« La Russie promet de défendre les droits de ses ressortissants et se montrera intransigeante face à d’éventuelles violations », a déclaré le ministère des affaires étrangères, se disant s’inquiet de « violations à grande échelle » des droits de l’homme en Ukraine et d’actes de vandalisme.

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Plusieurs milliers de partisans et d’adversaires du nouveau pouvoir ukrainien avaient manifesté mercredi devant le Parlement régional de Crimée, région principalement russophone où devait se tenir un débat sur la destitution du président Viktor Ianoukovitch. Les deux camps étaient séparés par un cordon de police mis en place devant la Chambre, réunie en séance extraordinaire à la demande des élus pro-russes.
Vladimir Poutine a renforcé la pression sur l’Ukraine en ordonnant mercredi la tenue de manœuvres militaires. La Crimée, cédée à l’Ukraine en 1954 par Nikita Khrouchtchev, est la seule région d’Ukraine où les Russes de souche sont majoritaires. La flotte russe de la mer Noire est par ailleurs basée à Sébastopol.



