Le spectre d’une opération militaire russe plane au-dessus de l’Ukraine.
Après le feu vert obtenu samedi par Vladimir Poutine auprès de son Parlement pour une intervention en Crimée, au sud du pays, les Occidentaux tentent de faire pression contre Moscou.

lmlmlmL’Alliance atlantique a décidé de convoquer une réunion d’urgence des 28 ambassadeurs des pays membres de l’OTAN. Dès samedi, les Etats-Unis ont exigé de la Russie qu’elle replie ses forces déployées en Crimée, faute de quoi elle s’exposait à un isolement international et à un impact «profond» sur ses relations avec Washington. Ce dimanche, des représentants de l’UE se rendent à Kiev.La Crimée est-elle encore ukrainienne ? Difficile à dire tant la situation est explosive sur cette parcelle de terre posée sur la mer Noire, tiraillée entre l’Ukraine, son influent voisin russe et un désir croissant d’autonomie. Une terre où plane désormais la menace d’une nouvelle guerre.
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Une péninsule stratégique

En Ukraine, la république autonome de Crimée n’est pas seulement réputée pour ses stations balnéaires et ses vignobles.     Si les puissances voisines convoitent depuis des siècles cette terre historiquement très proche de la Russie, c’est en grande partie en raison de sa localisation hautement stratégique, avec son accès à la Méditerranée (détroits du Bosphore et des Dardanelles), puis à l’océan Indien (à travers le canal de Suez).
Si la Crimée appartient à l’Ukraine depuis 1954, la flotte russe y a installé son quartier général, sur la base navale de Sébastopol, afin d’y préserver ses intérêts sur cette « mer-carrefour ». L’accord sur le bail de la flotte russe a régulièrement fait l’objet de tractations entre l’Ukraine et le Kremlin. En 2010, le président ukrainien aujourd’hui déchu, Viktor Ianoukovitch, avait fini par signer un accord de prolongement du bail de la flotte russe de vingt-cinq ans (soit jusqu’en 2042) en échange d’une réduction de 30 % du tarif du gaz.

Poutine se pose en maître du jeu
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Vladimir Poutine est enfin sorti de son silence. Depuis la destitution par le Parlement ukrainien du président Viktor Ianoukovitch, le 22 février, l’homme fort du Kremlin ne s’était pas exprimé. Hier, il a donc obtenu du Parlement russe l’autorisation du recours aux forces armées en Ukraine.

Mais Poutine n’a pas encore formellement donné son feu vert à cette intervention militaire censée protéger les « citoyens russes ». « C’est le président qui prend la décision », a déclaré hier son porte-parole. Façon de montrer ses muscles et de mettre la pression sur les nouvelles autorités ukrainiennes (et proeuropéennes) ainsi que sur les chancelleries occidentales dont les nerfs sont à vif à l’idée d’une nouvelle guerre en Crimée. Alors que Poutine tente de retrouver la grandeur passée de l’URSS, il est inenvisageable pour lui de perdre cette péninsule qui lui est favorable.

Le risque de partition

La Crimée, peuplée majoritairement de russophones, est la région d’Ukraine qui s’oppose le plus radicalement aux nouvelles autorités en place à Kiev. Contrôlé par un commando armé pro-russe, le Parlement de cette république autonome a voté jeudi la tenue d’un référendum pour accorder davantage d’autonomie à cette région en proie à de fortes tensions séparatistes. Hier, le représentant du pouvoir en Crimée (qui n’est pas reconnu par les autorités ukrainiennes) a annoncé que cette consultation aurait lieu le 30 mars.

Les diplomates occidentaux sur les nerfsnnnnn

Avec le doigt posé sur le bouton qui déclencherait une guerre en Crimée, Poutine affole les chancelleries occidentales. « Envahir une partie de l’Ukraine, ce n’est pas légal », tempête une source officielle. Une menace prise très au sérieux à l’ouest de l’Oural. La chancelière allemande Angela Merkel va ainsi s’entretenir aujourd’hui par téléphone avec Vladimir Poutine. Hier, à New York, le Conseil de sécurité de l’ONU devait tenir de nouvelles consultations à huis clos sur ce sujet explosif.

Demain, les ministres des Affaires étrangères des 28 pays membres de l’Union européenne vont aussi se réunir en urgence à Bruxelles. « C’est très grave. La situation est extrêmement inquiétante. On va tout faire pour éviter l’escalade », espère un diplomate français de haut rang. « Les Russes ont pris une grosse claque et ils veulent reprendre la main, décrypte un officiel. Ils ne fonctionnent qu’au rapport de force, mais il faut qu’ils trouvent un modus vivendi avec la nouvelle Ukraine. »

Des relents de guerre froide

Le bras de fer entre l’Occident et la Russie semble être reparti de plus belle. Hier, le Sénat russe a fait part de son intention de demander à Poutine le rappel de l’ambassadeur de Russie aux Etats-Unis. « Si tel était le cas, on serait quelque part entre le pied de nez et le bras d’honneur », décrypte un diplomate européen. Motif ? Moscou considère que le président américain a franchi une « ligne rouge » et « humilié le peuple russe ».
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Vendredi, Obama a haussé le ton à l’égard du Kremlin. « Les Etats-Unis seront solidaires de la communauté internationale pour souligner qu’il y aura un coût à toute intervention militaire en Ukraine », a-t-il dit, dans une mise en garde à Moscou. Un dialogue qui rappelle l’époque du rideau de fer.
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La frégate Hetman-Sahaydachniy

Défection du navire amiral de la flotte ukrainienne

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Selon la chaîne d’information continue russe RT, la frégate Hetman-Sahaydachniy, le navire amiral de la flotte ukrainienne aurait fait défection samedi 1er mars, en refusant de suivre les ordres du gouvernement de Kiev, et aurait hissé le drapeau russe après une patrouille dans le golfe d’Aden. Igor Morozov, un membre du comité du Conseil de la Fédération sur la défense et les affaires étrangères, qui est actuellement en Crimée, a lui aussi indiqué dans le quotidien Izvestia que la frégate avait rejoint le « camp russe ».
Sevastopol_Frigate_Hetman_Sahaydachniy_IMG_3970_1725Deux frégates anti-sous-marines russes ont pris position aux larges des côtes de Crimée, en violation de l’accord régissant le bail dont bénéficie la Russie pour sa flotte installée dans la base navale de Sébastopol, indiquait samedi soir une source militaire ukrainienne citée par l’agence Interfax. Ces deux navires de guerre, précise la même source, font partie de la flotte de la Baltique et ont été signalés dans la baie de Sébastopol.
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EN DIRECT. Ukraine : «La Russie menace la paix et la sécurité en Europe», selon l’Otan
lokiju

 

Bon comme un citron bien rond !