À l’occasion d’un séminaire de préparation du sommet de l’Otan de Newport, en septembre, son secrétaire général a pris position sur la crise ukrainienne et a insisté sur les réformes nécessaires pour adapter l’organisation aux nouvelles situations de sécurité.
«J’appelle la Russie à reculer. Toute intervention dans l’est de l’Ukraine représenterait une escalade sérieuse»: le secrétaire général de l’Otan, qui quitte son poste dans quelques mois, a vigoureusement appelé Moscou à la «désescalade», mardi, trois semaines après l’annexion de la Crimée. «Si la Russieintervenait davantage en Ukraine, ce serait une erreur historique», s’est alarmé Anders Fogh Rasmussen lors d’un séminaire dans le cadre de la préparation du sommet de l’Otan qui se tiendra à Newport, au pays de Galles, début septembre. Ses priorités ont d’ores et déjà été chamboulées par la crise ukrainienne: au retrait d’Afghanistan, prévu fin 2014, s’est substitué un autre dossier, «le plus grand défi posé à la sécurité de l’Europe en une génération», comme l’a résumé le patron de l’Otan. La crise actuelle pousse en tout cas l’organisation à accélérer sa «transformation», au cœur du séminaire de mardi, qui désigne l’adaptation de l’Alliance aux nouveaux défis de sécurité.
À la lumière de ces événements, M. Rasmussen a souhaité la mise en place d’un «plan d’action pour améliorer la préparation» des forces des 28 membres. Ces efforts passent notamment par une meilleure interopérabilité et un renforcement des capacités dans plusieurs domaines, «le renseignement, la défense antimissile, le contrôle et le transport aérien». Ce défi doit conduire les pays membres, notamment les Européens, à«cesser de couper dans leurs budgets de défense et à inverser la tendance», a martelé M. Rasmussen. «Ces dernières années, certains de nos alliés européens ont réduit leurs dépenses en matière de défense de 40 %, alors que d’autres, comme la Russie, les augmentaient de 40 %», a-t-il poursuivi. Certes, a-t-il convenu, «la sécurité a un coût, mais le coût de l’insécurité est beaucoup plus élevé».
Autre impératif souligné par le «sec-gen», le «renforcement du lien transatlantique» et notamment une «meilleure coopération entre l’Otan et l’Union européenne». Un vieux projet plus que jamais entouré d’incertitudes.

Aux perpétuels balbutiements de la défense européenne s’ajoutent maintenant les questions sur la façon dont les États-Unis pourraient se réengager sur le terrain stratégique européen. Présents et actifs durant les manifestations de la place Maïdan, à Kiev, les Européens se sont révélés impuissants dès lors que la Russie est entrée en scène. Dans cette crise, «nos principaux leviers sont politiques et économiques», a déclaré Jean-Yves Le Drian, présent à l’ouverture du séminaire.«L’Otan n’en demeure pas moins un acteur essentiel de cette crise», a ajouté le ministre de la Défense.

Lui aussi parmi les intervenants, l’ancien ministre Hubert Védrine, auteur il y a deux ans d’un rapport sur la France et l’Otan, a quelque peu «décoiffé» son auditoire. Si, en annexant la Crimée, Poutine vient de faire à l’Otan le «cadeau» d’un nouvel ennemi, cela ne doit pas dispenser l’Alliance d’une réflexion de fond, a développé en substance l’ancien chef de la diplomatie.

Selon lui, les pays membres devraient ainsi dresser un bilan approfondi de leur engagement en Afghanistan. Ils devraient aussi réfléchir aux liens entre la dissuasion et la défense, aux terrains d’intervention de Alliance et aux incidentes entre ses efforts de mutualisation et le projet européen.

À l’est de l’Ukraine, les forces prorusses bombent le torse

La police ukrainienne a délogé les militants pro-russes qui occupaient le siège de l’administration régionale à Kharkov mais le mouvement en faveur d’un rattachement des régions de l’est de l’Ukraine à la Russie se poursuit à Donetsk et Louhansk.
Ukraine : Moscou prête à engager des consultations pour résoudre la crise.
Dans une volonté de régler la crise, la Russie s’est dite mardi prête à engager des pourparlers sur l’Ukraine tels que proposés par les Américains avec les Européens, sous condition de la présence des représentants des régions russophones du sud-est du pays

« Nous sommes prêts à envisager un format dans lequel seraient représentés les Européens, les Etats-Unis, la Russie et la partie ukrainienne », a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, interrogé sur la possibilité de tenir une telle rencontre dans les dix jours, évoquée la veille par le département d’Etat américain, à l’issue d’un entretien entre le ministre russe et son homologue John Kerry.

Le ministre russe a exclu de cautionner une rencontre qui « ignorerait la contestation dans le sud et l’est de l’Ukraine ».
« Nous souhaitons que le sud et l’est de l’Ukraine soient représentés », a-t-il souligné.
« Depuis que le nouveau gouvernement ukrainien a pris le pouvoir à Kiev après le renversement du président Ianoukovitch, Kiev n’a rien fait pour satisfaire les demandes juridiques des régions russophones du pays », a expliqué le chef de la diplomatie russe.

La tension demeure palpable en Ukraine, notamment dans l’est russophone où des séparatistes pro-russes, favorables à un rattachement à la Russie, contrôlent depuis dimanche des bâtiments de l’administration locale, alors que Moscou souhaite régler la crise par des négociations internationales en présence de représentants de ces régions.

La tension était brusquement montée dimanche dans l’est de l’Ukraine. Outre Kharkiv, des manifestants pro-russes avaient pris le contrôle des bâtiments administratifs à Lougansk et Donetsk, proclamant une « république souveraine ». Ces derniers ont décidé d’organiser un référendum sur leur souveraineté régionale avant le 11 mai. Pour sa part, Moscou a appelé mardi les autorités ukrainiennes à cesser des préparatifs en vue d’une intervention dans l’Est, « qui risque de déclencher une guerre civile », affirmant que « 150 hommes d’une société de sécurité privée américaine participent à l’opération, ainsi que des militants d’un groupe nationaliste » qu’elle qualifie de « fasciste ».

Kiev a démenti ces allégations et le secrétaire d’Etat américain John Kerry a répliqué en accusant la Russie d’avoir envoyé « des provocateurs et des agents » créer « le chaos » dans l’est de l’Ukraine.

Les autorités ukrainiennes provisoires en place depuis le renversement fin février du président Victor Ianoukovitch accusent Moscou de vouloir déstabiliser l’Ukraine, a travers ces incidents (est), dans le but de « démembrer » leur pays ou au moins torpiller l’élection présidentielle prévue le 25 mai.

Dans une volonté de régler la crise, la Russie s’est dite mardi prête à engager des pourparlers sur l’Ukraine tels que proposés par les Américains avec les Européens, sous condition de la présence des représentants des régions russophones du sud-est du pays.
« Nous sommes prêts à envisager un format dans lequel seraient représentés les Européens, les Etats-Unis, la Russie et la partie ukrainienne », a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, interrogé sur la possibilité de tenir une telle rencontre dans les dix jours, évoquée la veille par le département d’Etat américain, à l’issue d’un entretien entre le ministre russe et son homologue John Kerry. Le ministre russe a exclu de cautionner une rencontre qui « ignorerait la contestation dans le sud et l’est de l’Ukraine ». « Nous souhaitons que le sud et l’est de l’Ukraine soient représentés », a-t-il souligné.
« Depuis que le nouveau gouvernement ukrainien a pris le pouvoir à Kiev après le renversement du président Ianoukovitch, Kiev n’a rien fait pour satisfaire les demandes juridiques des régions russophones du pays », a expliqué le chef de la diplomatie russe.

