LE PLUS.
Selon « Le Point », Jean-François Copé aurait favorisé l’agence de communication fondée par deux de ses amis, Bygmalion, via l’organisation des meetings de Sarkozy en 2012. Coût pour l’UMP : 8 millions d’euros. Alors que, dans le même temps, NKM se vante de porter des bottes Hermès à 1700 euros, ces événements illustrent l’étrange rapport de l’UMP à l’argent, estime Bruno-Roger Petit.


Capture1
« L’affaire Copé« , décrète « le Point », qui accuse le président de l’UMP. Ce sera l’affaire de la semaine. Voire plus. De quoi éteindre les merles supputations autour du sort de Jean-Marc Ayrault, que les journalistes politiques rabâchaient, de plateau en studio, faute de grive à buzzer. Là, c’est du solide.

Capture91

L’accusation est implacable, et elle n’est pas nouvelle, « le Canard enchaîné » s’en était déjà fait l’écho : durant la campagne 2012, Jean-François Copé, alors secrétaire général de l’UMP, donc, numéro 1, aurait eu recours aux services de Event et cie, filiale d’une société de communication, Bygmalion, dirigée par l’un de ses proches.

Capture18

Selon les enquêteurs du « Point », ce petit monde « a profité de la période faste de la présidentielle pour charger la mule sur certaines prestations facturées à l’UMP hors appels d’offres. Lors des meetings, les frais de traiteur, de retransmission vidéo et d’éclairage atteignaient parfois le double des tarifs habituels ! » Le Canard, fin 2012, avait raconté que, découvrant cette « situation monopolistique », Franck Louvrier, communicant en chef de Nicolas Sarkozy, y avait mis fin.

 
Capture4

Et « le Point » d’aller encore plus loin, agitant le spectre du Qatar, qui serait tapi derrière le tandem Copé/Bygmalion :

Capture9

Capture5

« Derrière cette mystérieuse société se dissimule le holding familial d’Emmanuel Limido, un gestionnaire de fonds très lié au Qatar. Coïncidence : en 2006 et 2007, Jean-François Copé, alors ministre du Budget, avait donné son feu vert pour la vente au Qatar de deux joyaux immobiliers de l’État. Dans ces deux transactions, l’intermédiaire n’était autre que le fonds d’investissement dirigé par Emmanuel Limido. Ce dernier avait entre les deux transactions embauché le chef de cabinet de Jean-François Copé, Guy Alves, devenu depuis patron de Bygmalion. »

Capture14

L’amour immodéré de la droite pour l’argent

Dès ce jeudi matin, sur Europe 1, Bastien Millot, l’un des deux dirigeants de Bygmalion, s’est défendu de ces accusations, les réfutant, laissant entendre qu’il pourrait en appeler à la Justice, et rappelant, comme Jean-François Copé, que l’actuel président de l’UMP et l’hebdomadaire entretiennent des relations tendues depuis des années.

Capture16

Bastien Millot est un historique proche de Jean-François Copé, et il n’a jamais été nié que son passage à France télévisions, du temps de la très droitière présidence de Patrick de Carolis, avait été favorisée par cette proximité avec celui qui était alors ministre du Budget, soit l’autorité de tutelle de France télévisions. Tout se tient.

Capture17

Notons enfin que le nom de Bastien Millot est aussi évoqué avec insistance dans le cadre de l’instruction menée par le juge Van Ruymbeke sur certains contrats passés avec certaines sociétés durant les présidences Carolis et Pfimlin (enquête qui vaut à un proche de l’actuel président Pfimlin, Martin Ajdari d’avoir été entendu deux fois par le juge, le même Ajdari étant malgré tout candidat à la présidence de Radio France, allez comprendre)…

Capture19

Dès qu’il s’agit de suspicions autour d’histoires d’argent et/ou de facilités étranges, il est tout de même curieux, qu’à droite, les noms de Jean-François Copé et de certains de ses proches apparaissent souvent.

Capture2

L’amour immodéré de la droite pour l’argent, c’est quand même quelque chose… D’un bout à l’autre de la chaine, on peut observer cet étrange rapport, entre rapacité absolue et désinvolture totale…

Capture20

Largesses de Copé et fringues de luxe de NKM

images21

Prenons Nathalie Kosciusko-Morizet par exemple. La candidate de l’UMP à Paris a accordé à un magazine de mode l’une de ces interviewes surréalistes dont elle s’est fait une spécialité, et une fois de plus, c’est assez révélateur.

téléchargement

Après avoir confessé que s’habiller pour une campagne électorale, « c’est complexe » (grosse angoisse existentielle, encore). Après avoir avoué son penchant pour des marques de vêtements hors de prix, Céline ou Bruno Cucinelli (rien à moins de 1300 euros), NKM est interrogée sur ses bottes Hermès à 1700 euros, bottes dont l’existence avait été révélée dans le Point en 2012. Quand on lui demande si elle les porte toujours, elle rétorque : « Bien sûr, je ne vais pas les jeter. Vous êtes fou ? »

téléchargement (1)

Sans commentaires. À croire que NKM ne veut surtout pas gagner une voix dans les arrondissements encore peuplés de classes moyennes ou populaires à Paris, à commencer par celui où elle se présente, le 14e…

Capture8

Qu’il s’agisse des largesses de Copé envers des proches, ou du goût prononcé pour des fringues de luxe inaccessibles au commun des salariés et chômeurs de France, la droite est en accord avec elle-même. Crise ou pas crise, montée du chômage ou pas montée du chômage, incorrigible et légère, elle continue, d’un bout à l’autre de sa chaîne de responsables, d’afficher un amour de l’argent pour l’argent tout à la fois immodéré et irrépressible…

images

L’UMP est malade de l’argent. Malade incurable. Malade dangereuse. Au-delà des éventuelles suspicions de règlements de comptes internes, l’affaire Copé et l’anecdote NKM disent la même chose : cette relation décomplexée et affichée de l’UMP à l’argent facile, en un temps où la gauche au pouvoir est en disgrâce, où les classes populaires cherchent à voter pour qui leur ressemble, qui parle en leur nom, qui les défendra, cette relation est de nature à pousser, encore et encore, la tentation du vote Front national. C’est aussi simple que cela.

Capture15 images (2)

Bon comme un citron bien rond !