Aubervilliers, hier.
Mohssen, 26 ans, sans-papiers venu de Tunisie, a participé au sauvetage d’une dizaine d’habitants, selon les victimes de l’incendie de l’immeuble de la rue des Postes dont la plupart dorment sous la tente au pied du bâtiment.
Lundi, deux jours après le terrible incendit d’Aubervilliers,
nous avons rencontré Mohssen, un jeune Tunisien sans-papier qui a sauvé tous ses voisins. En lisant cet article dans le Parisien de mardi, le Préfet de Seine-Saint-Denis a annoncé qu’il allait demander à ses services d’étudier son dossier afin de régulariser sa situation.
« Sans lui, mes soeurs seraient mortes, c’est sûr. » La voix encore tremblante,
Walid, locataire au 6 e étage de la bâtisse partie en fumée samedi soir à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), reconnaît la bravoure et le mérite de celui qui est maintenant le héros dans le quartier. « Il a sauvé presque la moitié de l’immeuble », avance même Souhila.
Lundi, deux jours après le terrible incendie, le même récit revient avec insistance : un jeune résident, n’écoutant que son courage, a affronté la fumée et les flammes pour sortir des habitants du brasier. « Il a bien fait le soldat », approuve Abdoul Wahite.
Le mystérieux héros se fait pourtant très discret. Un enfant de l’immeuble finit par courir le chercher. Bras gauche bandé, deux doigts cassés et une partie du visage brûlé, Mohssen, 26 ans, émerge au milieu des tentes qui hébergent la plupart des sinistrés. « J’ai fait ce que j’avais à faire », explique-t-il simplement. Avant de revenir sur cette folle nuit qui a fait de lui un survivant, et un héros. « Je rentrais du travail vers 19 heures, explique ce mécanicien auto. J’ai pris une douche, j’allais me reposer quand j’ai senti l’odeur de plastique brûlé. » Mohssen, qui sous-loue un studio au 6 e et dernier étage de cette copropriété dégradée et surpeuplée, a juste le temps de s’habiller et de descendre, un pull sur le nez, jusqu’au 3 e étage. « J’ai senti une grosse chaleur. En me penchant, j’ai vu une nuée de flammes : les 1 er et 2 e étages étaient déjà calcinés ! J’ai juste eu le temps de me protéger le visage avec le bras. »
Tout est allé très vite ensuite. D’après les pompiers, le feu, qui a pris dans le local poussettes du rez-de-chaussée, n’a mis que dix minutes à gagner le dernier étage, par la cage d’escalier. « Les portes et les fenêtres étaient fermées, le feu cherchait l’air, il est monté très vite », confirme Mohssen, qui s’apprête alors à remonter pour fuir la fumée. Mais il comprend que les habitants des étages inférieurs risquent d’être piégés, et il décide de redescendre. « J’ai frappé à toutes les portes, en criant de sortir. Je disais aux personnes de ne pas descendre, que c’était trop dangereux. Au 2 e étage, j’ai cassé une fenêtre, mais il faisait trop chaud pour sortir ». Mohssen remonte alors les étages avec une grande partie des résidents présents dans les lieux ce samedi soir.
Arrivé au 6 e étage, il entend deux jeunes filles hurler derrière leur porte. « Elles étaient coincées, seules dans l’appartement. J’ai ouvert la porte à coups de pied. Je leur ai dit qu’on n’allait pas mourir. »
Les habitants tentent de gagner le toit. « Il y avait une trappe, mais elle était verrouillée par un cadenas… On s’est enfuis par l’appartement des jeunes filles. Heureusement, on a pu ouvrir la fenêtre qui donnait sur l’échafaudage. » Ces dizaines d’habitants vont réussir à quitter l’immeuble en flammes, pour la plupart avant même l’arrivée des pompiers. « Sans l’échafaudage, on était morts », confie Mohssen, qui a aussi reçu le concours d’autres jeunes du quartier, venus sortir les sinistrés.
Mohssen, lui, sera conduit à l’hôpital Delafontaine, à Saint-Denis, pour soigner ses blessures. Il en repartira seul, pieds nus, à 4 heures du matin. Depuis le drame, ce sans-papiers venu de Tunsie il y a sept mois n’a pas encore pu fermer l’oeil…
Le héros sans papiers de l’incendie d’Aubervilliers pourrait voir sa situation régularisée
Le préfet de Seine-Saint-Denis va faire un geste pour remercier ce jeune Tunisien qui a aidé ses voisins à fuir l’immeuble ravagé par un incendie samedi dernier. Un drame qui a fait trois victimes.
Son héroïsme ne laisse pas les autorités indifférentes. Le préfet de Seine-Saint-Denis a annoncé qu’il allait demander à ses services d’étudier le dossier de Mohssen, le sans-papiers tunisien de 26 ans qui a sauvé plusieurs de ses voisins de l’incendie de l’immeuble d’Aubervilliers, samedi soir. Selon le cabinet du préfet joint par l’Express, la procédure de régularisation pourrait ainsi être accélérée pour le jeune homme ainsi que pour d’autres habitants «qui ont fait acte d’une formidable bravoure». «Ils devraient être reçus rapidement. On étudiera leur situation, s’ils ont une famille ou non. Je ne peux pas encore dire précisément quels types de papiers ils obtiendront», ajoute la source interrogée par l’hebdomadaire.
Samedi soir, un incendie s’est déclaré dans un local technique de cet immeuble avant de se propager jusqu’au dernier étage, puis finalement à la toiture de ce bâtiment en briques datant des années 1920. Trois personnes, dont une femme enceinte, ont trouvé la mort, trois autres ont été grièvement blessées.
«J’ai fait ce qu’il fallait faire»
D’origine criminelle, l’incendie a été causé par un enfant de 12 ans qui a reconnu lundi avoir «mis le feu à une poussette avec des allumettes». Mis en examen pour «destruction volontaire par incendie ayant entraîné la mort» et des blessures, il a fait l’objet d’une mesure de placement dans un foyer de l’Aide sociale à l’enfance en Seine-Saint-Denis. Son plus jeune frère âgé de 10 ans, qui l’accompagnait, a été placé sous le statut de témoin assisté, et réside provisoirement dans un autre foyer d’accueil.
Ces frères, qui ne vivent pas dans l’immeuble incendié et n’étaient pas connus des services de police, selon le parquet de Bobigny, ont moins de 13 ans et ils ne pourront pas aller en prison.
Deux personnes sont mortes dans ce violent incendie survenu samedi soir. Les motivations du jeune garçon ne sont pas encore connues.
L’incendie meurtrier de samedi soir à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis, a été déclenché par un jeune garçon de 12 ans, a annoncé lundi soir le parquet de Bobigny. L’enfant a reconnu avoir mis le feu dans l’immeuble à une poussette avec des allumettes. Cet incendie a fait deux morts, dont une femme enceinte et quatre blessés graves.
Dès dimanche, la justice privilégiait la piste criminelle. Il appartient désormais aux enquêteurs de déterminer pourquoi ce jeune garçon a mis le feu, samedi, dans le local à poussettes. Son petit frère de 10 ans a confirmé ces aveux mais est resté «évasif sur son propre rôle», lors d’auditions menées par la brigade criminelle de la police judiciaire de Paris.
Déjà un incendie mercredi
Mercredi, déjà, un incendie de poussette s’était déclaré dans le même immeuble. Les deux enfants, présents au moment des faits et regardant le feu, avaient surpris les habitants qui tentaient d’éteindre les flammes. C’est cet incident qui a mené à l’audition de ces deux frères par les policiers.
Parti de ce même local, samedi vers 20 heures, le feu n’avait cette fois pas pu être éteint. Les flammes avaient atteint le haut de l’immeuble en une dizaine de minutes. Les deux victimes, deux femmes de 30 et 40 ans, ont sauté par la fenêtre pour y échapper. Sept personnes ont réussi à sortir elles-mêmes en empruntant des échelles installées par les pompiers.
Le garçon de 12 ans a été mis en examen lundi soir pour «destruction volontaire par incendie ayant entraîné la mort». Il a fait l’objet d’une mesure de placement, tout comme son frère, âgé de 10 ans. Ce dernier a été placé sous le statut de témoin assisté.
Aubervillier: le heros dort toujours dans la rue




