Depuis jeudi, une rumeur ressuscite le «Lyubov-Orlova», navire perdu en mer en 2013, et le propulse avec sa cargaison de rongeurs sur les côtes britanniques.«C’est un navire fantôme. Personne ne tient la barre. Mais, à son bord, sûrement des centaines de rats devenus cannibales. Personne ne sait où il est. Il pourrait bien faire route vers les côtes du Royaume-Uni, prêt à s’écraser et à répandre ses passagers affamés» : depuis jeudi, comme le Nouvel Obs, des dizaines de sites autour du monde ont emboîté le pas à leurs confrères britanniques (le Sun, The Independent, the Mirror, etc.), reprenant la même histoire abracadabrante. Le Lyubov-Orlova, paquebot promis à la ferraille parti à la dérive dans l’Atlantique il y a un an, foncerait vers les côtes britanniques.
Le paquebot de 90 mètres, baptisé en hommage à une star de cinéma des années 30, quitte l’île canadienne de Terre-Neuve le 23 janvier 2013, en pleine tempête. Le lendemain, le câble qui le relie au remorqueur devant le livrer à des ferrailleurs en République dominicaine se rompt, abandonnant à la mer le bateau sans occupants, infesté de rats et très dégradé par deux années passées à rouiller dans le port de Saint-Jean.
Le 30 janvier, comme l’épave se rapproche dangereusement d’une plateforme pétrolière, un bateau de sauvetage la récupère, et la confie à un remorqueur de Transport Canada. Vingt minutes après, l’autorité maritime canadienne annonce que leur câble s’est lui aussi rompu, et laisse le Lyubov-Orlova à l’abandon dans les eaux internationales.
Balise de détresse
Le sort de l’épave émeut l’association Robin des bois, qui alerte sur les dangers de pollution et d’accident, en vain. Le bateau alimente alors l’imagination, un blog, une page Facebook Where is Luybov Orlova, un compte Twitter…
Le 23 février, la National Geospatial-Intelligence Agency (NGA) retrouve sa trace grâce à une balise de détresse déclenchée automatiquement, certainement par de l’eau embarquée dans l’épave. Les services américains le suivent pendant trois jours, alors qu’il dérive vers le nord-est, à 800 km de son point de départ. Il se trouve encore à 2 400 km des côtes irlandaises, et il y a peu de risque qu’il les rejoigne un jour.
Le 12 mars 2013, le Lyubov-Orlova donne signe de vie une dernière fois depuis le milieu de l’Atlantique Nord : il est reparti vers le sud-ouest, dérivant beaucoup plus lentement, ce qui annonce un naufrage imminent.
Près d’un an après, il a suffi que le Sun reprenne une déclaration de Pim de Rhoodes, un chasseur belge de navires fantômes évoquant la possibilité que le Luybov soit désormais à quelques encablures des côtes britanniques, pour que la presse en ligne s’affole. Le Telegraph, Europe 1, France TV info : la folle rumeur de ce paquebot infesté de rongeurs a contaminé la Toile. Le blog Where is Lyubov Orlova ? s’est contenté de publier un post laconique vendredi matin, précisant que, «contrairement à toute l’attention portée par les médias, la NGA n’a donné aucune nouvelle» du navire.
« We must stay vigilant »: Ghost ship adrift for a year and crewed by CANNIBAL rats ‘heading for Britain’
The hulk of cruise ship Lyubov Orlova has been adrift in the North Atlantic since 2012 with nothing on board but hungry vermin
Drifting ghost ship crewed by CANNIBAL rats ‘sinks in Atlantic Ocean’
