A moins d’un mois des élections européennes, le Front national entend mobiliser ses troupes.
La présidente du Front national lors de son meeting du 1er mai 2014
Après une moisson municipale satisfaisante, le FN espère désormais une récolte tout aussi bonne pour les européennes du 25 mai. A trois semaines du scrutin, le traditionnel défilé du 1er mai s’annonce pour le parti de Marine Le Pen comme une opportunité idéale pour faire fructifier son discours et ses ambitions.
Dans un contexte de désaveu de l’exécutif et de chômage massif, les sondages placent le FN premier ou second, à un niveau situé entre 20 et 25% des intentions de vote, ce qui lui permettrait d’envoyer à Strasbourg une vingtaine d’eurodéputés.
Il faut comparer ce niveau actuel du FN à ses 6,34% et ses 3 eurodéputés (Jean-Marie et Marine Le Pen, Bruno Gollnisch), acquis aux européennes de 2009.
Rappel battu sur les sites des fédérations FN
« Faites votre devoir de patriote. C’est un rendez-vous crucial, beaucoup plus qu’il n’y paraît. C’est le moment de s’interroger sur l’Union européenne » et « de dire stop ! » a-t-elle exhorté ses partisans dans un discours de trois quarts d’heure prononcé sous une pluie battante.
Pour les frontistes aussi, l’enjeu immédiat consiste à mobiliser les électeurs, alors que seuls 35% des Français sont « tout à fait certains d’aller voter », selon un sondage CSA publié jeudi.
Dès lors, l’objectif est de faire de ce traditionnel défilé du Front national une journée « historique », selon le mot de son secrétaire général Steeve Briois, le nouveau maire FN de Hénin-Beaumont, dans le Pas-de-Calais.
« Au moins une centaine » de cars rejoignent ainsi Paris pour le défilé du 1er mai, a précisé son adjoint Nicolas Bay. Le rappel est battu sur les sites internet des fédérations FN: ce 1er mai « doit être un succès d’affluence et de ferveur militante » (Lille métropole). Il faut « faire une véritable démonstration de force » (Vaucluse).
« Non à Bruxelles, oui à la France »
Dans le cortège, qui s’élancera jeudi à 10 heures dans les rues de Paris, les nouveaux maires FN seront en bonne place, derrière la présidente et les huit autres membres du bureau exécutif, et devant les candidats aux élections européennes, a précisé le directeur de la communication du FN, Alain Vizier.
A midi, lors de son traditionnel discours transformé en « grand meeting national » pour les européennes sur la place de l’Opéra, Marine Le Pen devrait décliner ses axes de campagne déjà connus: « Non à Bruxelles, oui à la France », avec le « protectionnisme intelligent », l’arrêt de l’immigration, le retour à une monnaie nationale, une « politique agricole française », etc.
« Il ne faut pas se tromper. Certains d’entre nous font une funeste erreur, ils pensent qu’en boudant les urnes le 25 mai, ils diront leur mépris pour cette UE qu’ils n’aiment pas […] mais c’est tout l’inverse. Ceux qui n’iront pas voter laisseront aux partisans de cette UE la possibilité de continuer leur oeuvre funeste », a-t-elle assuré.
« La seule solution sera la dissolution »
Cognant contre l’UE et l' »UMPS », Marine Le Pen a donné à ces élections européennes un enjeu tout aussi national qu’européen: « Si le peuple français nous place en tête, le président de la République ne pourra pas ignorer le rejet de la construction européenne qui se sera exprimé ».
« Les instances de l’Union européenne seront obligées d’interrompre leur course folle. La seule solution sera la dissolution de l’Assemblée nationale, de nouvelles élections législatives, et donc le moyen de changer radicalement la politique nationale », a-t-elle espéré.
Les sondages placent le FN au coude-à-coude avec l’UMP, loin devant le PS, et Marine Le Pen répète sans arrêt son intention d’arriver première au soir du 25 mai pour pouvoir proclamer que son parti est « le premier parti de France ».
La députée européenne candidate à sa réélection dans la circonscription du Nord-Ouest a déploré à plusieurs reprises que « le peuple français ne contrôle plus rien »: « Nous devons rendre des comptes à l’UE, demander des permissions pour tout, comme si nous étions un peuple enfant. Mais ces permissions, nous avons beau ramper, nous ne les obtenons jamais ».
Le FN entend plus que jamais être le 25 mai au soir le « premier parti de France ». Il arrive à ce défilé « en position favorable, grâce à la dynamique positive issue des municipales. Le scrutin européen lui donne l’occasion de développer leur argument selon lequel l’UMP et le PS partagent les postulats fondamentaux sur l’UE », décrypte Jean-Yves Camus, chercheur à l’Iris et spécialiste de l’extrême droite.
Le traditionnel défilé du Front national du 1er mai, que le parti entend transformer en démonstration de force à un peu plus de trois semaines des élections européennes, s’est élancé jeudi de la place du Palais Royal à Paris vers 10h30. Des invitées surprise se sont conviées à la fête. Deux Femen qui ont aussitôt été écartées par les forces de l’ordre.
Le départ du cortège, conduit par Marine et Jean-Marie le Pen, présidente et président d’honneur du parti, a été retardé par l’action de deux Femen (militantes féministes) qui se sont placées devant les manifestants, avant d’être écartées par les forces de l’ordre. d’elles avait le slogan« épidémie fasciste » sur sa poitrine nue, tandis que l’autre criait « stop à l’union fasciste ».
Le cortège, qui rassemble militants et sympathisants du parti d’extrême droite venus souvent à l’aide de bus affrétés par les fédérations locales, se dirige vers la place de l’Opéra, où la présidente du FN Marine Le Pen doit faire un discours à midi.
Dans le carré de tête, défilent la plupart des nouveaux maires FN et les principaux responsables du parti, sous une banderole « la France avance ». On entend dans le cortège la Marseillaise, des « On est chez nous » ou des « Marine présidente ». Il y a quelques fumigènes, beaucoup de drapeaux français, des drapeaux « FN » ornés d’une flamme, un grand drapeau Vendée ou des drapeaux « Oui à la France ».
Le FN célèbre Jeanne d’Arc, sainte de l’Eglise catholique et symbole de fierté au FN pour avoir mené les troupes françaises à la victoire contre les armées anglaises au XVe siècle.
Il n’y a pas que la majorité qui est divisée, le front syndical aussi. Pour la deuxième année consécutive, les représentants de salariés célèbrent le 1er mai sous des bannières différentes. La CGT et FO défilent ensemble jeudi à Paris contre la politique du gouvernement Valls. La CFDT et l’Unsa se rassemblent eux sous le signe de l’Europe.La tentative d’union esquissée mi-avril par le secrétaire général de la CGT Thierry Lepaon a été repoussée sans équivoque par le numéro un de la CFDT Laurent Berger. «On n’a pas d’objectifs communs à partager», lui a-t-il répondu, même s’il a réfuté toute «guerre syndicale» ce jeudi matin. Le leader de la CGT,qui s’est opposé au pacte de responsabilité contrairement à la CFDT, a ainsi admis que «le 1er mai serait peut-être un rendez-vous manqué».
Ce 1er mai est également marqué par le rassemblement du Front national, qui aurait réuni près de 20 000 personnes selon le FN contre 5300 selon la police. Marine Le Pen, dont le parti est placé au coude-à-coude avec l’UMP dans les sondages pour les élections européennes, espère arriver en tête de ce scrutin du 25 mai. Lors d’un long discours qui aura duré 45 minutes, elle a tiré à boulets rouges sur le gouvernement et l’Union Européenne.
L’occasion, quoi qu’il en soit, de voir physiquement des militants habituellement plus discrets. Cravates tricolores, fumigènes et pancartes aux slogans coups de poing, le FN se fait remarquer. Sur place, militants et journalistes partagent sur les réseaux sociaux les images du défilé.
» Un début de défilé perturbé par les Femen
Un petit groupe de Femen s’est invité au départ du défilé. Rapidement écartées par le service d’ordre et par les forces de sécurité, comme en témoigne notre journaliste sur place, Tristan Quinault Maupoil.
» Les personnalités présentes
En tête du cortège, Marine Le Pen est entourée de l’état-major du parti. Son père, mais aussi Gilbert Collard, Bruno Gollnisch, Marion Maréchal-Le Pen et, nouveauté cette année, les écharpes tricolores des nouveaux élus du parti devant une banderole «la France avance». Jean Roucas, humoriste et soutien du FN est également présent.
Une présidente du FN, très entourée par les journalistes également.
» Le dépôt de gerbe à Jeanne d’Arc
C’est maintenant une tradition pour Marine Le Pen.
Avant le défilé, la président du FN, accompagné de Jean-Marie Le Pen, dépose une gerbe devant la statue de Jeanne d’Arc, place des Pyramides, puis procède à un moment de recueillement. Derrière, les militants entonnent une Marseillaise.
» Les pancartes
Ce défilé est également l’occasion d’observer les slogans portés par les militants. La Marseillaise résonne, ainsi que des «On est chez nous» ou «Marine présidente». En marge du défilé, certaines pancartes sont plus radicales que les mots prononcés par les dirigeants du parti.
» Les militants
Au milieu des drapeaux français et des fumigènes, certains frontistes dévoilent des tenues très … militantes.
» Insolite
Parmi la scènographie, le FN a prévu … une machine à faire des coeurs, comme le remarque Vivien Vergnaud, journaliste au Journal du dimanche.
» Choc de la scènographie
Alors que le FN défile principalement pour affirmer son refus à Bruxelles, avec une grande bache qui porte ce message derrière la scène du discours, un drapeau européen flotte au dessus de l’Opéra. Et donc de la foule.
» 20.000 participants
Le Front national assure que 20.000 personnes sont venus à ce rassemblement. Les images sur les réseaux sociaux donnent des tonalités très différentes, en fonction des angles.