Un sondage réalisé au lendemain du cessez-le-feu crédite sans surprise le mouvement islamiste d’un vif regain de popularité, tandis que le Fatah du président Mahmoud Abbas enregistre un fort recul.

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La première étude d’opinion conduite depuis la fin de la guerre à Gaza auprès de la population palestinienne montre, sans surprise, une très forte progression du Hamas dans les intentions de vote, couplée à un net recul du Fatah et du président Mahmoud Abbas. Le mouvement islamiste, que les sondages plaçaient en mauvaise posture à la veille du conflit, s’imposerait haut la main si des élections générales devaient se tenir aujourd’hui. Ismaël Haniyeh, qui dirige le Hamas dans l’enclave palestinienne, remporterait largement la présidentielle quel que soit son adversaire.

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«Les résultats de ce sondage mettent en évidence une évolution spectaculaire de l’opinion publique. Il va sans dire que la guerre constitue le principal facteur à l’origine de ces changements», analyse le Centre palestinien pour la recherche politique et les études d’opinion (CPRPEO), qui a conduit cette enquête auprès de 1270 adultes, entre le 26 et le 30 août, en Cisjordanie comme dans la bande de Gaza. Le Hamas, qui contrôle le réduit côtier, est largement crédité des coups portés à Israël durant cette confrontation. La posture modérée de Mahmoud Abbas semble, par contraste, avoir été jugée inefficace.

Renversement de situation

Si des élections législatives étaient organisées aujourd’hui, 46% des votants voteraient pour le Hamas, 31% pour le Fatah et 7% pour d’autres factions. Un clair renversement de situation dans la mesure où le mouvement islamiste était, il y a deux mois, distancé par son rival nationaliste (32% contre 40% des intentions de vote).

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Ce retour en grâce du Hamas, fragilisé depuis un an par l’isolement croissant de l’enclave palestinienne et l’aggravation des pénuries imposées à ses habitants, n’est pas sans précédent. À l’issue des opérations «Plomb durci» (2008-2009) et «Pilier de défense» (2012), le mouvement avait enregistré un semblable regain de popularité en se présentant comme la principale faction capable d’incarner la «résistance» à Israël. Mais l’histoire montre que ces sursauts sont aisément réversibles. «Comme lors des précédentes crises, il est possible que les changements décrits par notre étude se révèlent temporaires et qu’on retrouve bientôt les équilibres qui prévalaient avant la guerre», relativise le CPRPEO.

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Si 79% des Palestiniens interrogés jugent que le Hamas a remporté la guerre contre l’État hébreu, le mouvement islamiste est probablement attendu au tournant des négociations qui doivent s’engager à la fin du mois sur la levée du siège imposé à la bande de Gaza. Rien ne garantit qu’Israël acceptera d’engager les concessions réclamées. Or, un retour au statu quo qui prévalait avant le conflit sera probablement mal vécu par la population, qui a payé un lourd tribut sous les bombardements israéliens. Plus de 2000 Palestiniens, dont une large majorité de civils, selon l’ONU, ont péri au cours des cinquante jours de guerre.

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Malgré ces réserves, le sondage réalisé aux premiers jours du cessez-le-feu permanent montre que le Hamas a partiellement réussi à sortir de l’impasse politique dans laquelle il était enfermé depuis le retour au pouvoir des généraux égyptiens. Selon le CPRPEO, le mouvement qui contrôle la bande de Gaza enregistre un sursaut sans précédent depuis sa victoire aux élections législatives de 2006. Une majorité de Palestiniens soutient son recours à la lutte armée, y compris en Cisjordanie, ce qui constitue un clair désaveu pour la stratégie de négociation défendue par le président Mahmoud Abbas.

La reconstruction de Gaza en débat au Caire.

Un mois et demi après le cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, les grands donateurs qui se réunissent dimanche semblent las de financer la remise en état de l’enclave après chaque campagne militaire.

L’attente est à la mesure des dévastations infligées par les bombardements israéliens. Un mois et demi après le cessez-le-feu, la communauté internationale se réunit ce dimanche au Caire afin de parrainer la reconstruction de la bande de Gaza. L’Autorité palestinienne, chargée de piloter le processus, dit avoir besoin de 4 milliards de dollars (environ 3,2 milliards d’euros) sur trois ans. Mais la moisson s’annonce laborieuse, tant les grands donateurs semblent las de financer la remise en état de l’enclave après chaque campagne militaire.

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Conscients de ces réticences, les principaux acteurs de la reconstruction vont tenter de tracer des perspectives d’avenir. Au-delà de l’urgence, qui consiste à rebâtir les 18.000 maisons et les 26 écoles totalement détruites, chacun sent en effet que le développement de ce territoire surpeuplé est une condition nécessaire au rétablissement durable du calme. Sur 1,6 milliard d’aides réclamées par l’agence des Nations unies en charge des réfugiés palestiniens (Unwra), le tiers sera ainsi consacré au développement de l’enclave à long terme. «L’avenir de Gaza ne peut plus être défini par l’instabilité et la pauvreté que génèrent le blocus, observe Pierre Krähenbühl, le chef de cette structure. Il est temps que la communauté internationale dépasse le stade de la seule action humanitaire pour s’attaquer aux causes réelles de la crise.»

Surveiller l’usage des matériaux de construction.

Sur le terrain, les bonnes intentions risquent cependant de buter sur l’absence de solution politique. Malgré l’engagement pris par les deux parties de mener rapidement des négociations sur la levée du blocus, l’unique point de passage reste pour l’heure hermétiquement fermé aux matériaux de construction et les travaux n’ont pas débuté.

Cherchant à obtenir une amélioration à court terme, le coordinateur de l’ONU pour le processus de paix, Robert Serry, a certes convaincu le gouvernement israélien et l’Autorité palestinienne de ratifier un «mécanisme de reconstruction» censé entrer en vigueur prochainement. Mais ce dispositif, qui permettra à l’État hébreu de surveiller l’usage des matériaux de construction entrant à Gaza, fait l’objet de nombreuses critiques. Les stratèges israéliens craignent que le ciment, le béton et les barres d’acier soient détournés à des fins militaires.
Ils ont obtenu un droit de veto sur chaque chantier ainsi qu’un accès illimité à une base de données qui répertoriera l’ensemble des acteurs – propriétaires, commerçants ou industriels – impliqués dans le processus.
«Ce mécanisme revient à institutionnaliser la domination israélienne et va compliquer à l’extrême l’importation de matériaux alors qu’il est au contraire urgent de la simplifier», déplore le représentant d’une des principales ONG internationales, qui prédit: «S’il est appliqué, il ne faudra pas trois ans, mais plusieurs décennies pour reconstruire Gaza». Ajmad Shawa, responsable d’une fédération de 65 ONG gazaouies, s’interroge pour sa part: «Comment l’ONU, gardienne de la légalité internationale, peut-elle cautionner un mécanisme qui perpétue le siège illégal de Gaza et place les besoins sécuritaires d’Israël au-dessus de la reconstruction?»

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