L’Italie, en première ligne face au chaos libyen, cherche à mobiliser l’ONU et les Européens pour tenter de ramener un peu de stabilité en Libye, où Daech gagne du terrain et menace même d’envoyer des milliers de migrants vers l’Europe.
Le gouvernement italien a clairement manifesté son inquiétude ce week-end face à l’avancée de l’organisation de l’Etat islamique (EI) en Libye, réclamant une mobilisation internationale forte pour contenir cette menace. L’Egypte a semblé apporter un début de réponse en bombardant lundi des positions en Libye de l’EI en représailles après l’assassinat de 21 chrétiens égyptiens par ces djihadistes.
Mais en face, Daech continue la surenchère. « Si vous engagez des forces armées en Libye, nous vous envoyons 500 000 migrants ». C’est le message relayé par les terroristes au gouvernement italien, si l’on en croit des écoutes téléphoniques publiées par le quotidien Il Messagero. « Une arme psychologique » écrit le journal. « Les terroristes suggèrent de laisser dériver des centaines de bateaux chargés de migrants (…) L’objectif serait de créer un nouveau drame (décès en mer, port bloqué) provoquant un impact dévastateur sur l’opinion publique ».
L’Italie veut un cadre de l’ONU.
« La Libye, c’est de l’autre côté de la Méditerranée, c’est très proche de nous, d’où la nécessité d’être très vigilants et d’être alliés avec les pays de la coalition, comme l’est l’Egypte », a déclaré le week-end dernier sur RMC le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian.
Si l’Italie est prête à s’engager militairement, elle ne le fera que dans le cadre de l’ONU et d’une opération de maintien de la paix, a rappelé lundi le chef du gouvernement Matteo Renzi. Or les conditions ne semblent guère réunies. « Il n’y a tout simplement pas de paix à maintenir », juge Ettore Greco, directeur de l’Institut des Affaires internationales de Rome. « Ce n’est pas le moment d’une intervention militaire » en Libye, a confirmé lundi Matteo Renzi, interrogé sur la télévision TG5. « Il faut faire preuve de « sagesse, de prudence », a-t-il ajouté en appelant à éviter « l’hystérie ».
Des dizaines de milliers de migrants en attente de départ.
Ce week-end, l’Italie était apparue résolument va-t-en guerre. Le ministre des Affaires étrangères, Paolo Gentiloni, a affirmé qu’elle était « prête à combattre » et celle de la Défense, Roberta Pinotti, a précisé que le pays prendrait la tête d’une coalition armée et enverrait au moins 5000 hommes sur le terrain. Rome cherche surtout à relancer les efforts diplomatiques pour stabiliser la Libye, à moins de 350 km de ses côtes, afin aussi d’éviter un « exode massif », selon l’expression du ministre italien de l’Intérieur Angelino Alfano, interrogé lundi dans La Repubblica.
Plus de 2000 migrants partis des côtes libyennes ont encore été secourus ce week-end et selon les organisations internationales spécialisées, des dizaines de milliers d’autres attendent de partir. Une menace que Daech a bien comprise.
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