Un problème en amène un autre pour Areva …
Suite aux retards enregistrés sur le réacteur EPR bâti par Siemens et le géant du nucléaire français, le producteur d’électricité finlandais TVO a annoncé mercredi qu’il renonçait à un projet de réacteur nucléaire lancé par le gouvernement en 2010.
Si TVO avait jusqu’au 30 juin prochain pour demander un permis de construire pour la construction d’un quatrième réacteur à la centrale d’Olkiluoto, site sur lequel le chantier de l’EPR est en cours depuis 2005, il a indiqué dans un communiqué qu’il n’utiliserait pas cette possibilité.
« Il n’y aura pas de demande de permis de construire pour OL4 pour le moment du fait du retard dans le démarrage de l’unité Olkiluoto 3 » a-t-il ainsi déclaré. Maigre espoir pour Areva : l’assemblée générale des actionnaires doit encore valider la décision.
Rappelons que l’EPR finlandais a accumulé les déboires, tant et si bien que le démarrage initialement prévu en 2009 ne devrait pas avoir lieu avant 2018, désormais. Areva et TVO, qui se rejettent la responsabilité de ce retard, sont engagés dans une procédure arbitrale devant la Chambre de commerce internationale de Paris.
« Si la Finlande gagne les procédures, Areva sera en faillite » a prévenu pour sa part cette semaine Pascal Canfin, ancien ministre du développement et député EELV. « Le groupe vient de perdre 5 milliards d’euros, il n’a absolument pas les moyens de payer les milliards d’euros de dédommagement lié au fait que le chantier accumule les retards », a-t-il indiqué.
Reste que cette déconfiture qui permet à la Russie d’avance ses pions en Finlande. Si, en juillet 2010, le Parlement finlandais a autorisé la construction de deux nouveaux réacteurs, en plus des quatre déjà en service et du cinquième en construction, en décembre 2014, le Parlement a en effet autorisé la construction d’une nouvelle centrale nucléaire par le russe Rosatom à Pyhäjoki dont la mise en service est prévue en 2024.
A la mi-avril, la Chine a quant à elle fait part de sérieux doutes quant à la sécurité des équipements nucléaires conçus par le groupe français alors que des anomalies ont été détectées dans la cuve de Flamanville. Pire encore, les Chinois ont parallèlement annoncé qu’ils ne souhaitaient plus charger de combustible dans les deux réacteurs EPR fabriqués par le groupe français sur le site de Taishan, tant qu’Areva n’aura pas levé les inquiétudes provoquées par les observations de l’Autorité de sûreté nucléaire sur l’EPR de Flamanville.
L’EPR d’Areva en Finlande bientôt à l’essai
Retards répétés, responsabilités diluées, contrôles déficients: l’interminable construction du réacteur nucléaire EPR en Finlande devrait bientôt toucher à sa fin en entrant dans sa phase d’essai.
Initialement prévue en 2009, la mise en service du réacteur EPR dans la centrale d’Olkiluoto (ouest), dont le chantier a débuté en 2005, est maintenant programmée pour 2018.
Les deux principaux protagonistes de cette affaire, Areva, qui le construit avec l’Allemand Siemens, et l’exploitant finlandais TVO, ont assuré, lors d’une visite de presse destinée à promouvoir leur entente, entamer en 2016 la phase d’essai, désireux de prouver que leur épopée prendrait bientôt fin.
Pourtant, les deux groupes se rejettent chacun la responsabilité des retards et ont porté leur différend devant un tribunal d’arbitrage. Areva réclame 3,4 milliards d’euros et TVO 2,6 milliards.
La Finlande fut le premier pays à tester l’EPR. La France a lancé la construction du sien à Flamanville (Manche, nord-ouest) en 2007, lui aussi touché par une multitude de problèmes mais qui devrait être en service en 2017, un an avant l’EPR finlandais.