Depuis des mois, le fisc soupçonne l’ex-président du Front national de détenir un compte caché en Suisse, utilisant son majordome comme prête-nom. Les Panama Papers apportent des précisions au dossier.
Avec les Panama Papers apparaissent non seulement les montages offshore de proches de Marine Le Pen, mais émerge également une nouvelle fois le compte « caché » que détiendrait Jean-Marie Le Pen. Souvenez-vous : il y a un an, Mediapart révélait que l’ancien président du FN disposait de 2,2 millions d’euros en Suisse.
L’intéressé nie en être le bénéficiaire. Pourtant, lui et son épouse n’en sont pas moins visés par une plainte du fisc pour fraude fiscale aggravée, et à l’automne 2015, les bureaux de Jean-Marie Le Pen sont même perquisitionnés.
Gérald Gérin, le prête-nom ?
Se trouve également dans le collimateur du fisc l’ex-majordome de Jean-Marie Le Pen, Gérald Gérin, qui aurait servi de prête-nom dans ce dossier.
« Le majordome [Gérald Gérin] est devenu en 2008 l’ayant droit d’un trust basé aux îles Vierges britanniques […], Balerton Marketing Limited », révélait ainsi Mediapart en avril dernier.
Or après avoir étudié les fichiers de la firme panaméenne Mossack Fonseca, « Le Monde » livre ce mardi 5 avril « quelques documents clés » sur la société offshore Balerton : son acte de naissance, le 15 novembre 2000, sur l’île de Tortola ; le nom de son représentant légal, l’avocat suisse Marc Bonnant, et la mention d’un compte en banque à Guernesey.
Billets, titres et lingots.
« Le magot de Balerton se divise en billets (97.000 euros), en titres (pour l’équivalent de 854.000 euros), en lingots (26) et autres pièces d’or », écrit le quotidien, selon lequel les magistrats ont toute raison de croire en « un lien entre les époux Le Pen et les avoirs détenus par Balerton Marketing Ltd ».
Le premier bénéficiaire de cette société-écran n’était autre que le frère de Jany Le Pen, Georges Paschos. A sa mort, en 2008, c’est Gérald Gérin qui en devient le bénéficiaire. Des parts qui « lui ont été cédées gratuitement », a indiqué ce dernier au « Monde »… sans préciser toutefois la raison d’une telle générosité de la part du beau-frère de son employeur.
Les séjours des Le Pen en Suisse.
Les enquêteurs financiers sont troublés par les séjours en Suisse du couple Le Pen « aux dates clés de la vie de Balerton », lit-on aussi dans le quotidien du soir.
« Jeanine Le Pen s’est rendue à Genève le 7 novembre 2008, soit un mois après le décès de son frère ; et Jean-Marie Le Pen y est allé de son côté les 7 et 8 mars 2014. Soit quelques jours à peine avant que le compte en banque de Balerton soit transféré de Guernesey (HSBC) aux Bahamas (Compagnie bancaire helvétique). »
L’ancien président du Front national, interrogé par « Le Monde », admet se rendre en Suisse tous les ans, mais « il assure que c’était pour se rendre au centre d’amincissement tenu par l’un de ses amis, Christian Cambuzat, décédé en 2010 »…