Le terrible panorama en photos des destructions à Alep.
La Grande Mosquée d’Alep, le 13 décembre 2013.
Les sites historiques d’Alep et les logements de l’est de la ville sont dramatiquement endommagés après quatre années de guerre.
Le sort de la bataille d’Alep est scellé. Après des semaines de reconquête, Bachar al-Assad est sur le point d’écraser définitivement les rebelles. Le « boucher de Damas » retrouvera une ville défigurée. Des souks à sa Grande Mosquée, l’ancienne capitale économique de la Syrie portera pour longtemps, sinon pour toujours, les cicatrices du conflit qui l’a ravagée pendant plus de quatre ans.
La vieille ville.
La vieille ville, née au 2e millénaire avant Jésus-Christ et classée au patrimoine mondial de l’Unesco, s’est retrouvée au cœur de l’affrontement entre le régime et l’insurrection. Depuis le point de vue en hauteur qu’offre la Citadelle, le panorama est bouleversé : de nombreux bâtiments ont été rasés, les autres sont dévastés. Illustration avec les images ci-dessous, prises en 2008 et 2016.
La Grande Mosquée.
Créée au VIIIe siècle, la Grande Mosquée – ou mosquée des Omeyyades – a perdu son minaret seldjoukide en avril 2013 (voir la comparaison ci-dessous). Les soldats loyalistes et les rebelles s’étaient alors mutuellement accusés de l’avoir détruit. Des photos prises le 13 décembre 2016 montrent que l’ensemble du bâtiment, en particulier sa cour intérieure, est aujourd’hui gravement endommagé par les combats.
Le souk.
Poumon touristique, riche de 4.000 échoppes qui reflétaient la longue histoire commerciale d’une ville au croisement des civilisations, le souk d’Alep n’est plus. Il est devenu le théâtre de combats dès le début du conflit, voyant une grande partie de ses boutiques souterraines finir en cendres au mois de septembre 2012. Si les deux images ci-dessous n’ont pas été prises au même endroit, elles nous font mesurer l’ampleur des dégâts.
La Citadelle.
Malgré sa position en hauteur, la Citadelle d’Alep n’a pas été épargnée par la guerre. Des parties de son mur d’enceinte se sont effondrées, un incendie a frappé l’entrée et la porte en bois de celle-ci gît aujourd’hui par terre, relate l’AFP. Ci-dessous, des photos de l’endroit prises ces derniers jours, alors que le régime syrien était de nouveau maître des lieux.
L’hôtel Carlton.
En contrebas de la Citadelle, l’hôtel Carlton d’Alep figure sur la liste de l’Unesco énumérant les bâtiments remarquables de la ville qui ont été frappés par les destructions. Ici, une photo de l’établissement lorsqu’il était encore intact :
L’hôtel a été « pulvérisé » le 8 mai 2014 par une gigantesque explosion déclenchée par les rebelles, tuant des soldats gouvernementaux qui s’y étaient établis. L’événement a été capturé par un photographe :
Une photo prise le même jour montre que la construction a presque complètement disparu, seule une aile du bâtiment tenant encore debout après l’explosion :
Un restaurant d’Alep nommé Olympia, qui a publié une vaste série de comparatifs sur son compte Facebook, montre l’intérieur de l’hôtel avant et après sa destruction :
via Olympia Restaurant
Églises et mosquées.
Les lieux de culte d’Alep, musulmans comme chrétiens, n’ont pas échappé aux bombardements et aux attentats à la bombe.
La madrasa (école coranique) al-Adiliyya :
AFP
La cathédrale maronite Saint-Élie :
via
La madrasa al-Sultania :
L’église Saint-Siméon-le-Stylite, à 30 km d’Alep :
La mosquée Omar ibn al-Khattâb :
Les quartiers d’Alep-Est.
Au-delà des sites historiques, c’est tout Alep-Est, le bastion rebelle depuis le début du conflit, qui a été foudroyé par les bombardements menés par les aviations russe et syrienne. Comme en témoignent les images ci-dessous, des quartiers entiers sont aujourd’hui métamorphosés en paysages de mort. En voici un échantillon.
Quartier d’Al-Kalasseh, le 13 décembre 2016 :
Quartier de Bustan al-Qasr, le 13 décembre. En arrière-plan, des bus ont été empilés pour servir de barricade :
Près de la Grande Mosquée, le 13 décembre. Des soldats loyalistes inspectent un char renversé :
Quartier de Sheikh Saeed, le 12 décembre :
Quartier de Bab al-Nasr, le 15 novembre :
Bachar al-Assad écrase Alep dans le sang.
La rébellion à Alep vit ses derniers instants. Après des semaines de pilonnage intensif, les troupes de Bachar al-Assad contrôlent désormais l’immense majorité de la ville, et des témoins dénoncent des massacres. Ici, des soldats loyalistes roulent à côté de civils qui ont fui les combats et arrivent dans le quartier de Fardos, désormais contrôlé par le régime, le 13 décembre 2016.
La colonne des civils arrivant dans le quartier de Fardos. Dans les zones encore contrôlées par les rebelles, « c’est l’enfer », résume l’organisation des secouristes des Casques Blancs.
Une femme et deux enfants à Fardos. Selon l’ONU, les forces pro-régime qui se sont emparées d’Alep-Est y ont exécuté au moins 82 civils ces deux dernier jours, dont 11 femmes et 13 enfants.
Un char du régime dans le quartier d’al-Salihin repris aux insurgés, le 12 décembre.
Dans le quartier de Mashad, l’une des ultimes poche contrôlées par la rébellion, un combattant de l’Armée syrienne libre vise l’aviation ennemie, le 12 décembre.
Une famille fuit le quartier de Sukkari, le 12 décembre.
Des soldats du régime dans le quartier de Sheik Saeed, le 12 décembre. « De nombreuses allégations d’exactions commises par les forces favorables au régime de Bachar al-Assad nous parviennent », a condamné mardi 13 décembre le ministre des Affaires étrangères français Jean-Marc Ayrault.
Le quartier de Bustan al-Qasr, perdu par les rebelles, le 12 décembre. Jean-Marc Ayrault a dénoncé des « exécutions sommaires, notamment de femmes et d’enfants », des « personnes brûlées vives dans leurs maisons », ainsi que la « poursuite du ciblage systématique des hôpitaux, de leur personnel et de leurs patients. »
Dans le quartier de Sheikh Saeed repris aux rebelles, le 12 décembre.
Des combattants loyalistes dans le quartier de Sheik Saeed, entièrement dévasté, le 12 décembre.
Un soldat du régime porte une femme blessée par un sniper rebelle alors qu’elle fuyait, dans le quartier d’Al-Salihin, le 12 décembre.
Dans le quartier de Mogambo contrôlé par le gouvernement, au nord d’Alep, des Syriens fêtent la progression des troupes de Bachar al-Assad, le 12 décembre.
Le quartier de Sheik Saeed, le 12 décembre. Plus de 310.000 personnes, dont 90.000 civils, ont été tuées en Syrie depuis le début du conflit en mars 2011, a annoncé mardi l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH)
« Je reparlerai avec Poutine »
Un accord russo-turc avait été annoncé mardi soir pour l’évacuation de milliers de rebelles et de civils d’Alep. Sa mise en œuvre n’ayant jamais commencé, la Turquie a accusé mercredi le régime syrien et les groupes armés qui lui sont affiliés de l’empêcher.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé mercredi qu’il allait appeler son homologue russe Vladimir Poutine pour tenter de sauver le cessez-le-feu dans la ville syrienne d’Alep. « Je reparlerai avec M. Poutine ce soir », a-t-il annoncé dans un discours télévisé. Il a par ailleurs fustigé les Nations unies pour leur échec à créer une zone de sécurité en Syrie pour abriter les réfugiés, et affirmé que la Turquie accueillerait, si nécessaire, ceux qui fuient Alep :
« Hé, les Nations unies ! Où êtes-vous ? »
Au cours d’un forum diplomatique à Moscou, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov avait un peu plus tôt estimé à « deux-trois jours » la « résistance » des derniers combattants rebelles d’Alep. Il a poursuivi :
Tout en assurant que les civils évacués « reçoivent une aide humanitaire ». « L’important est maintenant de mettre fin à la tragédie d’Alep« , a encore estimé Sergueï Lavrov.