Alors que l’armée syrienne en est à encercler le sixième poste d’observation turc dans le nord syrien, le site militaire russe Avia.pro a fait état d’un premier combat aérien entre l’armée de l’air russe et la Turquie. Selon le site, la Russie a fait décoller des chasseurs Su-35 à partir de sa base aérienne à Lattaquié alors que les F-16 turcs s’apprêtaient à lancer des missiles en direction des positions de l’armée syrienne.
Selon les médias, citant des sources militaires en Syrie, des chasseurs russes Su-35 ont quitté la base aérienne de Hmeimim à Lattaquié après que des F-16 turcs eurent tenté de s’approcher de l’espace aérien syrien pour frapper des positions russes et syriennes dans les régions d’Alep et d’Idlib. Les pilotes turcs n’ont pas initialement répondu au signal de l’équipage russe à bord du Su-35 de s’éloigner immédiatement du ciel syrien, ce qui a entraîné l’activation des systèmes d’armes – les avions de combat russes ayant été prêts à attaquer les F-16 turcs.
On sait que le 3 février, la partie turque a lancé une frappe aérienne avec des avions de chasse F-16 sur 46 cibles en Syrie. Il est rapporté que le but de l’opération était de riposter à une supposée attaque contre l’armée turque dans la région d’Idlib, mais cette fois Ankara n’a pas eu le temps d’aller jusqu’au bout et il s’est heurté à une riposte bien ferme. Le face-à-face Su-35 russe/F-16 turc a duré plusieurs minutes avant que les pilotes turcs ne reculent et quittent l’espace aérien syrien, a affirmé le journal militaire chinois Sohu, cité par Avia.pro.
Il y a quelques heures, le réseau d’information syrien Rojava Network, citant des données de l’agence de presse Step News Agency, a rapporté que le commandement militaire turc avait déployé des terroristes et des mercenaires afin de préparer le début d’une opération militaire à grande échelle contre l’armée syrienne à Idlib et Alep, impliquant directement l’armée turque. Selon cette information, la Turquie pourrait déclencher une guerre contre la Syrie dans les prochaines 24 à 72 heures.
« Selon une source de l’agence Step News, la Turquie a ordonné aux dirigeants des factions du Front de libération nationale de se préparer » à déclencher une large offensive s’étendant d’Idlib à Alep, offensive qui impliquerait les forces turques. La semaine dernière, la Turquie a envoyé à plusieurs reprises des convois militaires à Idlib, au moins 1200 unités dont environ 200 à 300 chars, de l’artillerie automotrice , des véhicules blindés, de multiples systèmes de lancement de fusées, etc., ce qui indique une volonté de déclencher un conflit militaire à grande échelle. Mais ni l’armée syrienne ni la Résistance et encore mois la Russie n’ont l’intention d’autoriser une action militaire turco-US-Otan à Idlib, les forces alliées étant prépositionnées tout comme des chasseurs aériens syriens et russes ainsi que des unités de la DCA afin d’intercepter des avions de combat turcs dans le ciel au-dessus d’Idlib.
« Sans soutien aérien, l’armée turque constitue une cible facile pour l’armée syrienne. En dépit de huit ans de guerre, l’armée syrienne a une puissante artillerie, et un système de missiles tactiques, d’ATGM et de MLRS pour que la Turquie subisse dès les premières heures d’un conflit ouvert des pertes très lourdes», notent les analystes.
Erdogan a déjà subi d’énormes pertes en Syrie
En dépit des déclarations non élogieuses d’Erdogan prononcées mercredi dernier à l’adresse de l’armée syrienne et de ses alliés, à savoir l’Iran et la Russie, les troupes syriennes ont réussi jusqu’à ce jour à anéantir toutes les équipées terroristes pro-Ankara rencontrées sur leur route.
Selon les dernières données, l’artillerie syrienne a détruit au moins six chars turcs M60, 12 véhicules blindés de transport de troupes et 3 installations du Système de fusée à lancement multiple (MLRS) que les troupes turques et les terroristes pro-turcs avaient tenté d’utiliser contre l’armée syrienne. Depuis le début de l’invasion turque, des rapports non-officiels font part de la mort de 32 soldats turcs.
Les experts affirment que l’armée syrienne a pleinement le droit de frapper les Turcs et leurs mercenaires, d’autant plus que les premiers sont illégalement entrés sur le territoire syrien et que les seconds y sèment la terreur.
« Assad ne plaît pas à la Turquie et il est clair que celle-ci ne quittera pas Idlib et qu’elle continuera au contraire de parrainer des terroristes. L’intervention de la Russie a quand même compliqué la donne sur les cartes, mais pas autant que celle des États-Unis et de la Turquie qui semblent projeter de restaurer les frontières (de l’empire d’Ottoman), celles d’avant le traité de Lausanne de 1923 qui a fait perdre à la Turquie de vastes territoires. Si Erdogan passe des paroles aux actes, c’est-à-dire s’il concrétise ses menaces, il devra alors en répondre. L’armée syrienne, avec le soutien des forces aérospatiales russes, a parfaitement le droit de frapper les envahisseurs turcs sur son territoire. Et dans cet affrontement direct, si cela se produit, Erdogan perdra », a déclaré dans une interview à la publication Military Review, le président de l’organisation « Officiers de Russie », le général de division Sergey Lipovoy.
Les experts disent que la Turquie joue pour le moment la retenue avec Moscou car une guerre ouverte contre l’armée syrienne forcera la Russie à se rallier à Assad et la Turquie perdra alors des milliers de ses soldats aux premiers jours de la guerre.
Moscou met en garde contre les propos provocateurs des responsables turcs.

Le ministère russe des Affaires étrangères a estimé inacceptable l’utilisation abusive par la Turquie des événements qui se produisent à Idlib, appelant les autorités turques à éviter les déclarations provocatrices.
Le secrétaire général du « Parti d’action nationaliste », Devlet Bahçeli, a accusé Moscou d’avoir « tué et blessé » des militaires turcs lors de l’offensive de l’armée syrienne à Idlib. En réponse, le gouvernement russe a conseillé aux responsables turcs d’éviter les déclarations provocatrices.
Jeudi, le ministère russe des Affaires étrangères a déclaré dans un communiqué, publié sur le site de la chaîne RT:
« Nous croyons que l’abus d’incidents tragiques visant à obtenir des privilèges politiques [en Turquie] est inacceptable. »
Le ministère russe des Affaires étrangères a par ailleurs appelé les députés et les responsables turcs à éviter fortement de telles « déclarations provocatrices qui n’aident en rien les négociations constructives entre les deux pays sur le dossier syrien ».
La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a à son égard précisé :
« Il ne faut pas oublier que toutes les zones de désescalades, créées en Syrie sont constituées pour une période temporaire et cela ne doit en aucun cas porter atteinte à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de la Syrie ou arrêter la lutte contre les terroristes connus des Nations Unies. »
« La priorité absolue de la Russie est de diminuer le niveau de violence sur le terrain et d’essayer de trouver une solution globale pour mettre fin au problème d’Idlib », a souligné Zakharova.
Mercredi, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a accusé l’Iran et la Russie de soutenir l’armée syrienne dans ce qu’il a qualifié d’offensive contre les civils à Idlib et il a pour cela menacé Damas et ses alliés.
Auparavant, le ministère russe de la Défense avait dénoncé aussi Ankara pour son désengagement envers l’accord de Sotchi en considérant le gouvernement turc comme étant responsable de la crise actuelle dans cette province syrienne.