Après la décision prise mardi par Washington de renforcer son engagement dans la région sur fond de tensions avec la Russie sur l’Ukraine, une compagnie de quelque 130 soldats américains est arrivée mercredi en Pologne.
«Nous sommes ici pour rassurer nos alliés, nous sommes ici pour montrer notre engagement envers l’Otan», explique Michael Weisman, porte-parole de la 173e brigade aéroportée sur le tarmac de la base aérienne polonaise de Swidwin (nord-ouest) où les soldats sont arrivés à bord de deux avions de transport Hercules américains.
Le ministre polonais de la Défense Tomasz Siemoniak a salué l’arrivée des soldats lors d’une cérémonie qui s’est déroulée sous un ciel menaçant. «Nous travaillons tous les jours pour la défense de notre pays mais, dans un monde qui change et qui est rempli de dangers, nous avons besoin d’alliés sûrs comme les Etats-Unis et l’Otan», a déclaré le ministre.
Outre la compagnie arrivée mercredi en Pologne, environ 450 autres soldats américains sont attendus dans les prochains jours en Estonie, en Lettonie et en Lituanie pour des exercices qui auront lieu au cour des prochains mois, au moins jusqu’à la fin de l’année.
Le porte-parole du Pentagone a précisé mardi qu’il s’agissait d’opérations «bilatérales» de la part des Etats-Unis et non d’exercices de l’Otan, notant cependant qu’il n’y avait eu aucune réticence exprimée de la part d’autres membres de l’Alliance. Ce premier déploiement doit durer un mois, à l’issue duquel les troupes seront remplacées par d’autres forces de l’US Army.
«L’idée n’est pas de faire de l’entraînement un spectacle. Nous allons faire un très bon et très dur entraînement de l’infanterie avec la sixième brigade aéroportée polonaise», a assuré le porte-parole de la brigade américaine.
La Russie répondra si ses intérêts sont attaqués en Ukraine, de la même manière qu’ils l’avaient été en Géorgie en 2008, ce qui avait mené à une intervention armée, a affirmé mercredi le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.
«Si nos intérêts, nos intérêts légitimes, les intérêts des Russes étaient attaqués directement, comme par exemple ils l’avaient été en Ossétie du Sud (territoire séparatiste en Géorgie, NDLR), je ne vois pas d’autre manière que de répondre, dans le respect du droit international», a expliqué M. Lavrov à la chaîne télévisée RT.
«Une attaque contre les citoyens russes est une attaque contre la Russie», a-t-il ajouté.
En 2008, une guerre éclair avait opposé la Russie à la Géorgie, à l’issue de laquelle Moscou a reconnu l’indépendance de deux territoires séparatistes pro-russes dans ce petit pays du Caucase, l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie.
Ces déclarations font suite à l’annonce par les autorités de Kiev de la reprise de l’opération «antiterroriste» contre les séparatistes de l’Est de l’Ukraine, quelques heures seulement après le départ du vice-président américain Joe Biden, en visite officielle. A cette occasion, le chef de la diplomatie russe a estimé que les décisions du pouvoir ukrainien étaient «dirigées» par les États-Unis.
«L’opération avait été déclenchée immédiatement après la visite à Kiev de John Brennan (patron de la CIA, NDLR) (et) il est clair qu’ils ont choisi le moment de la visite du vice-président américain pour annoncer (sa) reprise», a déclaré M. Lavrov.
«Je n’ai aucune raison de ne pas croire que les Américains dirigent ce spectacle de la manière la plus directe», a-t-il ajouté.
Sergueï Lavrov a également fermement démenti la présence de troupes russes dans l’Est de l’Ukraine, comme l’en accusent Kiev et les Occidentaux.
«Je voudrais souligner que les troupes russes se trouvent sur le territoire russe», a-t-il déclaré, ajoutant que cela avait été vérifié par des inspections internationales impliquant l’Ukraine, l’Europe et les États-Unis.
«Aucune personne ayant pris part à ces inspections (…) n’a jamais apporté une seule preuve que la Russie serait impliquée dans quelque activité militaire dangereuse», a lancé M. Lavrov.
Selon l’Otan, la Russie aurait massé jusqu’à 40.000 troupes à la frontière ukrainienne. Le président russe Vladimir Poutine avait déclaré la semaine dernière qu’il «espérait fortement» ne pas avoir à envoyer l’armée en Ukraine.