C’est le 11 mars 2012 que la vie de
Latifa Ibn-Ziaten bascule. 

Son fils, sous-officier du 1er régiment parachutiste de Francazal, près de Toulouse, est assassiné par Mohammed Merah.

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Alors qu’elle aurait pu sombrer dans la douleur, elle crée la

« Fondation Imad Ibn-Ziaten pour la Jeunesse et pour la Paix »

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 et  arpente les écoles de France pour promouvoir le vivre-ensemble. Presque seule contre tous, Latifa, la discrète, tente, avec des mots simples, de colmater la brèche béante d’une partie  de la jeunesse d’origine arabo-musulmane séduite par la haine.

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Du 22 au 28 avril prochain, elle se rendra avec 17 jeunes franciliens en Israël et dans les territoires palestiniens.

Comment est née l’idée de ce voyage ?

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Latifa Ibn Ziaten : Il y a un an, je me suis rendue en Israël et à Ramallah.  En revenant, je me suis dit qu’il était important pour continuer mon combat – faire de tous les jeunes des ambassadeurs et des ambassadrices de Paix – d’en faire venir en Israël.  Ce voyage me permet de continuer mon combat contre la haine et pour la nécessité de vivre ensemble, et de renforcer, au-delà de nos religions différentes, la communauté des humains.

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Qu’avez-vous ressenti l’an dernier lors de votre précédent voyage?

L.I-Z : C’était particulier, l’ambiance était très lourde car les trois jeunes adolescents venaient d’être kidnappés (Ndlr : Gilad Shaar, Naftali Frenkel et Eyal Yifrah kidnappés et assassinés en juillet 2014 près de Hébron). J’ai découvert Jérusalem. Mes larmes coulaient sans interruption.  J’ai fait ma prière à Al-Aqsa, j’ai visité les lieux de cultes des trois religions, j’ai passé un shabbat formidable…. Nous allons refaire tout ca avec 17 jeunes parisiens.

Latifa-Ibn-Ziaten-en-Israël

Comment expliquez-vous que les jeunes français d’origine musulmane soient particulièrement sensibles au conflit alors que finalement c’est un conflit très lointain ?

L.I-Z : Je le constate tous les jours. Je reviens d’une conférence dans une classe et très vite certains élèves nous parlent des « Sionistes ». La haine de l’autre, la peur de l’autre, le manque d’éducation forment un béton que je veux casser. Les jeunes que je rencontre regardent les informations à la télévision sur des chaînes Al-Jazeera ou sur Internet. Les informations réelles et fausses se mélangent. Moi, je veux leur expliquer que ce conflit est politique. Il y a un conflit vieux de plus de soixante ans. Je ne suis pas là pour atténuer la réalité. Il ne faut pas se voiler la face. Mais il faut aussi que les jeunes constatent de leurs yeux qu’en marge du conflit, les gens vivent et travaillent ensemble.

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Avec toutes les familles des victimes, vous partagez une sorte de communion dans la douleur comme on l’a vu le 11 janvier dernier lors de votre interview sur le plateau de France 2 avec le père de Yoav Hattab, assassiné dans la prise d’otages de l’HyperCasher de la porte de Vincennes. Vous étiez présente à la Grande synagogue de la Victoire pour rendre hommage aux victimes. On a la sensation que votre combat, votre destin est lié à la communauté juive. En avez-vous conscience ?

L.I-Z : J’ai perdu un fils. C’est une souffrance immense. Je partage cette douleur avec Samuel Sandler ( Ndlr : père et grand-père de Jonathan, Gabriel et Arieh Sandler, assassinés par Mohamed Merah le 19 mars 2012 devant l’école juive Ozar Hatorah de Toulouse), et avec tous ceux qui vivent ce drame. Qu’on soit juif, musulman, la douleur est la même. Nous avons le même combat. Après la mort de mon fils, j’ai entendu des jeunes dire que Mohamed Merah était un martyr de l’Islam. Je ne pouvais pas accepter cela. Pour moi, c’est un assassin et mon combat est de faire comprendre ça à tous les jeunes qui sont tentés d’en faire un héros. Je suis née à Tétouan au Maroc, on a toujours vécu avec les Juifs. Ils étaient nos voisins, nos amis. On faisait les courses aux mêmes endroits avant les fêtes, c’est dans ce vivre-ensemble que j’ai grandi.

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Trois ans après la mort de votre fils, qu’est ce qui vous donne la force de continuer ce combat alors que la peur et le terrorisme gagnent du terrain ?

L.I-Z : Quand Mohammed Merah a demandé à mon fils de s’agenouiller avant de le tuer, Imad a refusé. Mon fils est mort debout. Il m’a laissée un message. Ce message je me dois de le respecter. Vous savez, je ne voyais pas ma vie ainsi mais aujourd’hui c’est mon combat. Je le mènerai jusqu’au bout.

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Bon comme un citron bien rond !