Otage américaine tuée en Syrie:
Kayla Mueller,
l’idéaliste qui n’avait pas froid aux yeux.
Dans une lettre rendue publique par ses parents, Kayla Mueller affirmait être bien traitée par ses géôliers.
Elle était la dernière otage américaine détenue par les terroristes de l’organisation Etat islamique. Barack Obama a confirmé mardi la mort de Kayla Mueller, retenue en Syrie depuis août 2013. L’inquiétude était à son comble depuis vendredi après que l’organisation djihadiste a annoncé la mort de l’humanitaire dans des raids de la coalition. les djihadistes ont envoyé mardi à la famille de la jeune femme, originaire d’Arizona, une photo de son corps en guise de preuve. En revanche, la Maison Blanche dément le fait qu’elle a succombé dans des raids de la coalition.
Agée de 26 ans, Kayla Mueller a consacré les dernières années de sa vie à l’humanitaire. Une fois diplômée de l’université de Northern Arizona en 2009, elle n’a cessé de parcourir le monde pour aider les plus démunis. Elle vit et travaille entre 2009 et 2011 avec des groupes humanitaires dans le nord de l’Inde, puis en Israël où elle est bénévole au centre de développement pour les réfugiés africains, et dans les Territoires palestiniens. Après cette expérience, elle rentre près d’un an aux Etats-Unis, où elle travaille dans une clinique qui soigne des patients atteints du sida, tout en aidant bénévolement dans un refuge pour femmes, de nuit. Elle fait ensuite un bref passage par la France, en décembre 2011. Là, Kayla travaille comme fille au pair pour perfectionner son français dans le but de se rendre en Afrique.
Depuis 2012 au Moyen-Orient
En décembre 2012, elle se rend à la frontière turco-syrienne pour aider des familles déplacées au sein des ONG Support to Life et Danish Refugee Council. Elle aurait également été bénévole à Médecin sans frontières. Ce n’est qu’en août 2013 qu’elle passe la frontière. Selon les médias américains, elle serait partie avec son petit ami syrien. Originaire d’Alep, ce dernier prenait « des risques immenses pour aider les médias à informer sur les atrocités commises par le régime de Bachar al-Assad ».
Elle aurait été prise en otage moins de 24 heures plus tard, mais son enlèvement n’a été rendu public que la semaine dernière pour maximiser ses chances d’être libérées. Selon CBS News, sa libération était conditionnée au versement d’une rançon de 6,6 million de dollars. Kayla Mueller a notamment été détenue à Raqqa, le fief de l’EI en Syrie, dans le même bâtiment que plusieurs otages occidentaux, dont Nicolas Hénin.
La Maison Blanche a confirmé la mort de la jeune femme de 26 ans, retenue en otage depuis près d’un an et demi.
Dans une lettre rendue publique par ses parents, Kayla Mueller affirmait être bien traitée par ses géôliers.
« Sachez que je suis dans un endroit sûr »
De ses conditions de détention, on ne connaît que ce que la jeune femme a raconté à ses parents à travers des lettres transmises par des otages libérés. Dans sa dernière missive, rendue publique par ses parents mardi, elle décrit des conditions de détention supportables:
« Sachez que je suis dans un endroit sûr, je ne suis pas blessée et en bonne santé (j’ai même pris du poids) ; j’ai été traitée avec du respect et de la gentillesse ». Et de préciser: « Ce qui me fait le plus souffrir dans toute cette expérience, c’est seulement de savoir à quel point vous souffrez à cause de la situation dans laquelle je me suis mise ; je ne m’excuserai jamais assez et ne mérite pas votre pardon »
Elle y parlait également des négociations qui, se disait-elle, devaient avoir lieu pour sa libération.
Syrie: l’otage décédée Kayla Mueller a été violée par le calife de l’EI
Selon des témoignages concordants, l’otage Kayla Mueller a été régulièrement violée par le chef de l’organisation Etat islamique, Abou Bakr al-Baghdadi. Elle aurait aussi été torturée dès le début de sa détention.
Les parents de l’Américaine Kayla Mueller, morte début février alors qu’elle était aux mains du groupe Etat islamique (EI), ont révélé à la chaîne ABC que leur fille avait été violée par le chef du groupe djihadiste, Abou Bakr al-Baghdadi. « On nous a dit que Kayla a été torturée, qu’elle était la propriété de Baghdadi. Le gouvernement nous a dit cela en juin », ont déclaré Carl et Marsha Mueller. The Independent a recueilli le témoignage d’une jeune adolescente yézidie confirmant les faits.
Retenue dans la villa d’Abou Sayyaf
Kayla Mueller était retenue dans une villa où se trouvait Abou Sayyaf, un des chefs de l’EI tué dans un raid de la coalition antidjihadistes mi-mai. Al-Baghdadi la considérait comme sa « femme ». « Chaque fois qu’il venait, il emmenait Kayla », témoigne la jeune yézidie. Elle revenait en pleurant, confiant avoir été « mariée de force » à ses deux codétenues yézidies.
Al-Baghdadi abusait également de l’une d’entre elles.
La jeune humanitaire âgée de 25 ans avait été enlevée à Alep, dans le nord de la Syrie, en août 2013. Le groupe EI a affirmé qu’elle était décédée lors de bombardements menés par des avions de la coalition internationale. Washington avait contesté ces informations, sans détailler les circonstances de sa mort. Sa famille préfère croire que Kayla a été tuée par l’EI en représailles de l’exécution par la Jordanie de la djihadiste Sajida al-Rishawi.
Torturée dès le début de ses 18 mois de captivité
Le sénateur John McCain, originaire de l’Arizona comme la famille Mueller, a demandé au gouvernement Obama pourquoi Umm Sayyaf, la veuve d’Abou Sayyaf, n’était pas extradée aux Etats-Unis pour y être jugée. Capturée lors du raid ayant coûté la vie à son mari, Umm Sayyaf est aux mains des autorités irakiennes. Selon ABC News, c’est son interrogatoire et les témoignages des deux jeunes yézidies qui ont permis de connaître les abus dont elle été victime.