Deux semaines après les explosions meurtrières de Tianjin qui ont fait 173 morts et disparus selon un dernier bilan, Pékin cherche à mettre l’accent sur les responsables locaux. 12 personnes ont été arrêtées, 11 autres font désormais l’objet d’une enquête officielle.
Des niveaux de cyanure jusqu’à 356 fois supérieurs au seuil de tolérance ont été relevés près du site des explosions survenues il y a une semaine à Tianjin, dans le nord de la Chine, avaient annoncé jeudi 20 août les autorités.
Plusieurs médias d’Etat ont annoncé le jeudi 27 août l’arrestation formelle de 12 personnes suite aux explosions meurtrières par la police chinoise dans la métropole portuaire de Tianjin.11 responsables publics ont également été placés sous enquête pour négligence.
Les dirigeants de l’entreprise Rui Hai International, propriétaire de l’entrepôt de produits chimiques d’où sont parties les déflagrations, avaient été interpellés peu après le désastre. Ils sont désormais formellement en état d’arrestation, a indiqué l’agence Chine nouvelle.
La semaine dernière, alors qu’ils se trouvaient déjà aux mains de la police, ils étaient apparus à la télévision d’Etat, « confessant » avoir utilisé leurs « connexions politiques » pour obtenir des autorisations et contourner les règles de sécurité.
11 responsables publics impliqués
De son côté, le Parquet populaire suprême chinois a annoncé sur son site internet que des enquêtes avaient été ouvertes à l’encontre de 11 responsables publics pour « abus de pouvoir » et « négligences ».
Ces enquêtes visent des officiels appartenant à plusieurs départements du gouvernement local (transports, douanes, sécurité du travail) mais aussi le président du groupe étatique gérant le port de Tianjin, a précisé le Parquet.
Bilan humain et matériel qui s’alourdit
Le bilan des explosions du 12 août, qui ont détruit une partie de la zone portuaire de Tianjin (nord-est de la Chine) et dévasté les quartiers résidentiels alentour, continue de s’alourdir. Il s’élève désormais à 139 morts, selon des chiffres officiels publiés mercredi soir, alors que 34 personnes restent portées disparues et plus de 500 sont toujours hospitalisées.
Les explosions et les incendies qui ont suivi ont suscité de vives inquiétudes quant à la dispersion de polluants hautement toxiques dans l’air et les eaux de la ville, peuplée de quelque 15 millions d’habitants et située à deux heures de route au sud-est de Pékin.
Matériaux toxiques détectés
L’entrepôt de produits chimiques d’où sont parties les explosions géantes contenait quelque 700 tonnes de cyanure de sodium hautement toxique, parmi des milliers de tonnes d’autres composants chimiques dangereux, selon les autorités.
Or, le site se trouvait à moins d’un kilomètre de zones d’habitation et d’axes routiers majeurs, ce qui est contraire aux normes en vigueur dans le pays.
Un cas rappelant le piètre bilan de la Chine en termes de sécurité industrielle, dans un pays où les réglementations sont régulièrement ignorées et contrôlées de façon laxiste, sur fond de corruption endémique.
Pékin se défausse de ses responsabilités
Depuis la catastrophe de la ville portuaire de Tianjin le 12 août, Pékin cherche à mettre l’accent sur les manquements de responsables locaux, s’efforçant de détourner la colère populaire et les dénonciations de défaillances plus générales au niveau national.
Pour sa part, le directeur de l’Administration nationale chargé de la sécurité au travail, visé par une enquête pour corruption, a finalement été limogé, ont indiqué mercredi des médias officiels.
A Tianjin, la teneur en cyanure est 356 fois supérieure à la normale.
Vue aérienne du site après la catastrophe. L’une des deux explosions a provoqué la formation d’un cratère d’une dizaine de mètres.
Une semaine après la catastrophe industrielle de la ville portuaire de Tianjin en Chine, les autorités ont rapporté ce jeudi 20 août que des niveaux de cyanure extrêmement élevés -356 fois supérieurs à la normale- avaient été relevés dans plusieurs points d’eau à proximité du site des explosions. Dans le même temps, les autorités continuent de déclarer que l’eau du robinet est potable.
Des niveaux de cyanure jusqu’à 356 fois supérieurs au seuil de tolérance ont été relevés près du site des explosions survenues il y a une semaine à Tianjin, dans le nord de la Chine, ont annoncé jeudi 20 août les autorités.
« Un niveau excessif de cyanure a été détecté dans huit points (d’eau) différents à l’intérieur de la zone d' »isolement délimitée autour du lieu des déflagrations », a indiqué le Bureau de protection environnementale de Tianjin. Tout en précisant :« le niveau le plus élevé correspondait à 356 fois le seuil de tolérance ».
Au total, des traces de cyanure ont été identifiées mercredi dans 25 points d’eau au sein de cette zone d’isolement.
Sur 16 autres points testés en-dehors de cette zone, du cyanure a été détecté à 6 reprises et à chaque fois en-deçà des limites tolérées.
700 tonnes de cyanure de sodium stockées dans l’entrepôt
L’entrepôt de produits chimiques d’où sont parties les explosions géantes dans la nuit du 12 août, sur la zone portuaire de Tianjin, contenait quelque 700 tonnes de cyanure de sodium, un composant hautement toxique, ont affirmé les autorités.
Les craintes d’une contamination de grande ampleur restaient vives, renforcées par les précipitations tombées en début de semaine et par l’éventuelle présence d’autres produits dangereux sur le site, où de nombreux conteneurs étaient endommagés.
Le cyanure de sodium, sous forme de poudre cristalline, libère sous certaines conditions du cyanure d’hydrogène, un gaz asphyxiant et mortel en cas d’exposition prolongée.
La télévision d’Etat CCTV a de son côté fait état d’un niveau moyen de cyanure 40 fois supérieur à la normale dans la poche d’eau qui remplissait le vaste cratère creusé dans le sol par les explosions.
La catastrophe a fait au moins 114 morts, dévastant une section de la zone portuaire et des sites industriels ainsi que des complexes résidentiels environnants.
Les autorités se veulent rassurantes, les ONG inquiètes
Les autorités municipales se voulaient néanmoins rassurantes: « Toute l’eau polluée est contenue à l’intérieur de la zone d’isolement« , a affirmé à la presse Tian Weiyong, un officiel chargé de l’environnement. « Et nous n’allons pas la pomper avant qu’elle ne soit nettoyée« , a-t-il ajouté, sans autres détails.
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Les équipes de secours ont édifié des barrages de terre et de sable encadrant un périmètre de 100.000 m2 autour du lieu des déflagrations pour éviter toute fuite de composants toxiques, ont rappelé les autorités municipales.
Elles continuent d’assurer que l’air et l’eau ailleurs dans la ville étaient « sans danger » pour les 15 millions d’habitants de Tianjin.
Riverains sceptiques, annonce des sanctions…
Mais beaucoup de résidents riverains demeurent sceptiques et inquiets, et l’ONG environnementale Greenpeace a appelé à la prudence, réclamant la poursuite des tests.
Dans le même temps, le président chinois Xi Jinping a appelé jeudi à ce que les responsables des explosions répondent de leurs actes. Dix responsables de l’entreprise à qui appartenait l’entrepôt incriminé ont déjà été arrêtés.
Tianjin : le site renfermait plusieurs tonnes de cyanure.
Le volume de cyanure atteindrait plusieurs centaines de tonnes.

L’armée chinoise a annoncé dimanche que des centaines de tonnes de cyanure hautement toxique avaient été entreposées sur le site des puissantes déflagrations survenues mercredi dans la métropole portuaire de Tianjin, dans l’est de la Chine.
Le général Shi Luze, chef d’état-major de la région militaire de Pékin, a déclaré lors d’une conférence de presse que du cyanure avait été identifié en deux endroits du site où se sont produites les explosions.
« D’après les estimations préliminaires, le volume atteignait plusieurs centaines de tonnes« , a-t-il dit.
Un composant chimique très toxique
Il s’agit de la première confirmation officielle de la présence de ce composant chimique extrêmement dangereux dans l’entrepôt d’où sont parties mercredi les deux énormes explosions, faisant craindre la contamination. Le général Shi n’a pas précisé de quel type de cyanure il s’agissait mais les médias chinois avait parlé auparavant de la présence de 700 tonnes de cyanure de sodium, un composant chimique très toxique en cas d’inhalation, d’ingestion ou de contact avec la peau.
En conséquence, les autorités chinoises ont organisé l’évacuation de la zone proche du site des trois explosions qui ont eu lieu jeudi 12 août. La catastrophe a fait 112 morts, selon un nouveau bilan communiqué dimanche par les autorités, et blessé plus de 700.
Tianjin : la catastrophe industrielle coûterait 1,5 milliard de dollars
« Chaque blessé couvert par le plan gouvernemental peut réclamer une compensation comprise entre 20.000 et 35.000 yuans (entre 2.800 et 4.900 euros environ) tandis qu’une compensation de 50.000 yuans (7.000 euros) sera versée en cas de décès » précise l’agence de notation.

Les explosions de Tianjin survenues mercredi dernier risquent d’entraîner de lourdes pertes pour les assureurs chinois, estimées entre un milliard et 1,5 milliard de dollars (900 millions et 1,3 milliard d’euros), indique l’agence de notation Fitch mardi 18 août. Une estimation similaire à celle des analystes de Crédit Suisse, hier.
« Le taux de pénétration élevé de l’assurance dans cette zone pourrait faire de l’explosion la catastrophe la plus coûteuse de ces dernières années pour le secteur chinois », selon l’agence.
Les assureurs en dommages et habitation particulièrement touchés
Fitch prévoit que le nombre de demandes de dédommagement continue à augmenter, dans les semaines à venir et estime qu’elles sont susceptibles d’affecter les performances financières de certains acteurs régionaux, notamment les assureurs dommages et habitation.
« Il est toutefois trop tôt pour déterminer l’impact exact que l’accident aura sur la solidité financière du secteur chinois de l’assurance dans son ensemble », selon Fitch, qui ajoute qu’une partie des réclamations pourrait être dédommagée par les réassureurs.
PICC Property and Casualty Company, Ping An Property and Casualty Insurance Company of China, China Pacific Property Insurance, China Continent Property and Casualty Insurance, Sunshine Property and Casualty Insurance et Taiping General Insurance, les assureurs les plus actifs dans la région, représentent plus de 77% de l’assurance non-vie,selon l’agence.
Les assurances santé et l’assurance-vie également concernées
Ces explosions sont survenues dans une zone industrielle de Tianjin, dans l’est de la Chine, sur un site contenant des produits chimiques, provoquant la mort de plus de 100 personnes, officiellement. Côté matériel, selon les médias chinois, plus de 8.000 véhicules ont été détruits par l’explosion.
Pour Fitch , les demandes de dédommagement liées à l’assurance santé et à l’assurance-vie risquent également d’être importantes. Les victimes sont couvertes par un plan gouvernemental mis en place pour l’accident, en plus de leur couverture individuelle.
« Chaque blessé couvert par le plan gouvernemental peut réclamer une compensation comprise entre 20.000 et 35.000 yuans (entre 2.800 et 4.900 euros environ) tandis qu’une compensation de 50.000 yuans (7.000 euros) sera versée en cas de décès »