Au cours des trois dernières semaines, de nombreuses informations parues dans des médias non arabes ont indiqué que la Russie, principal allié du régime syrien avec l’Iran, a décidé d’accroître son implication militaire en Syrie et de participer aux combats aux côtés des forces du régime du président syrien Bashar Al-Assad. Certains médias ont également affirmé que ce plan était déjà mis en œuvre sur le terrain. Des sources médiatiques arabes, pro et anti-Assad, ont également fait état d’une implication militaire russe en Syrie.
Ces informations se focalisent sur plusieurs sujets principaux : la création d’une nouvelle base militaire russe près de Jableh, sur la côte syrienne ; le renforcement des troupes russes, avec entre autres l’intervention de pilotes de combat et la participation de pilotes russes à des frappes aériennes contre des cibles d’opposition et de l’État islamique (EI) en Syrie ; et le transfert d’armement avancé, dont des avions de combat.
Selon des rapports du 12 septembre, la Russie aurait même annoncé son intention de mener des manœuvres militaires au large de la côte syrienne du 14 au 17 septembre, dont des lancements de missiles.
En fait, dès mars 2015, Assad avait appelé la Russie à accroître sa présence militaire dans le pays. Il avait affirmé aux médias russes : « Une présence russe dans divers lieux du monde, y compris au Moyen-Orient et dans le port de Tartous, est vitale pour recréer un équilibre que le monde avait perdu après la chute de l’Union soviétique. En ce qui nous concerne, plus cette présence s’accroîtra dans notre région, mieux cela vaudra pour la stabilité régionale, puisque la Russie joue un rôle crucial dans la stabilité mondiale. Nous saluons toute expansion de la présence russe au Moyen-Orient, en particulier sur la côte syrienne et ses ports, mais ceci dépend évidemment d’un plan des dirigeants politiques et militaires syriens visant à placer des forces dans diverses zones… »
Les relations militaires entre la Russie et la Syrie ne datent pas d’hier : elles ont commencé à l’époque de l’Union soviétique et se sont poursuivies après sa chute. Au cours de la guerre actuelle en Syrie, qui fait rage depuis 2011, les deux côtés ont reconnu leurs relations militaires et statué que la Russie arme le régime syrien selon les accords signés avant le déclenchement de la guerre.
L’exemple le plus marquant d’une présence militaire russe en Syrie est la base militaire russe située dans la ville côtière de Tartous, qui sert aux navires de la marine russe opérant en mer Méditerranée. Un autre exemple, moins flagrant, est la présence d’experts militaires russes dans différentes bases militaires à travers la Syrie. Des preuves de cette présence ont été découvertes à la base de Tel Al-Hara à Quneitra, au sud de la Syrie, tombée aux mains des forces d’opposition en octobre 2014. Des documents trouvés là-bas indiquent qu’il s’agissait d’une installation de renseignements conjointe russo-syrienne. Des informations ont également fait état de soldats russes participant à la guerre aux côtés des forces d’Assad, mais les autorités russes ont affirmé qu’il s’agissait de mercenaires recrutés par une entreprise russe, dont la licence a par la suite été révoquée.
En réaction aux informations récentes faisant état d’un renforcement de l’implication militaire russe en Syrie, le président russe Vladimir Poutine a affirmé que son pays accorde au régime syrien un « soutien élargi incluant des équipements, une formation militaire et des armes. Nous étudions plusieurs options, mais ce sujet [l’implication militaire] n’est pas encore à l’ordre du jour ». Le ministre russe des Affaires étrangères a réagi dans la même veine : quelques jours après que le Secrétaire d’État américain John Kerry a confié à son homologue russe Sergueï Lavrov, lors d’un entretien téléphonique, qu’il était préoccupé par les informations sur une présence militaire russe accrue en Syrie, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères russe a déclaré que Lavrov avait répondu à Kerry que « la Russie n’avait jamais caché le fait qu’elle transférait de l’équipement militaire au régime syrien pour lui permettre de combattre le terrorisme » et que « la Russie continuerait de fournir une assistance au régime syrien ».
La réaction du régime syrien aux informations sur une implication militaire russe accrue en Syrie n’était pas uniforme. Dans une interview sur la chaîne télévisée du Hezbollah Al-Manar, le ministre syrien de l’Information, Omran Al-Zoubi, a dénié ces informations et affirmé qu’il n’existait aucune force russe ou activité militaire russe terrestre, navale ou aérienne sur le territoire syrien. De son côté, le vice-ministre des Affaires étrangères syrien Faysal Al-Maqdad a confirmé l’existence d’une présence militaire russe, précisant toutefois qu’elle était constituée uniquement de conseillers.
D’un autre côté, il semble que les médias syriens et libanais proches du régime syrien aient promptement confirmé ces informations, y ajoutant même des détails. Ainsi, par exemple, selon un article du quotidien libanais Al-Akhbar, proche du régime syrien, « l’Armée Rouge se bat en Syrie » et des milliers de soldats russes d’élite sont déployés dans le pays.
Cet effort médiatique pourrait s’expliquer par le désir du régime d’Assad d’envoyer un message, tant à ses partisans qu’à ses opposants, selon lequel il reçoit un soutien de la Russie. Cela fait suite à plusieurs informations récentes indiquant que la Russie se serait rapprochée de l’Arabie saoudite, chef de file de l’opposition au régime syrien, et que l’attitude russe envers le régime et envers Assad a changé. Notons que cette tendance à publier des informations positives dans les médias pro-Assad concernant des renforts russes infirme la ligne récemment adoptée par le régime et ses alliés médiatiques, de déni et de minimisation de la participation de l’Iran et du Hezbollah aux combats en Syrie.
Contrairement à la tendance des médias pro-Assad, au début, les médias de l’opposition syriens et les médias arabes anti-Assad se sont montrés ostensiblement laconiques concernant l’implication russe, dans un contraste flagrant de leur vaste couverture de l’implication de l’Iran et du Hezbollah aux côtés du régime syrien. Ceci pourrait s’expliquer par la volonté de l’opposition syrienne et de ses partisans d’éviter d’irriter la Russie, qu’ils voient toujours comme un facteur clé pour résoudre la crise syrienne, en particulier au regard des informations faisant état d’une plus grande flexibilité russe vis-à-vis du régime syrien actuel et de l’hésitation de l’administration américaine actuelle.
La première réaction officielle de l’opposition syrienne à l’intervention militaire russe en Syrie est parue le 10 septembre 2015, environ trois semaines après la publication d’informations sur une implication militaire russe accrue en Syrie. Mustafa Farhat, porte-parole du chef d’état-major de l’Armée syrienne libre (ASL), a averti du danger d’une intervention russe en Syrie et menacé que « l’ASL et les insurgés syriens transformeront la Syrie en tombeau pour les Russes ». Farhat a également appelé la Turquie, les États du Golfe et la communauté internationale à bloquer la Russie.
Des sources de l’opposition ont affirmé au quotidien saoudien basé à Londres Al-Sharq Al-Awsat que l’objectif de la Russie était « de créer un canton (mini-État) sur la côte syrienne, qui lui serait loyal, s’étendrait du port de Tartous à Lataquié et inclurait les villes de Banyas et de Jableh, à l’instar de la région du Donbass en Ukraine [contrôlée par les séparatistes pro-russes] ».
Le MiG-31 est propulsé par deux moteurs Solovyev D-30F6, chacun avec une poussée de 15 500 kgf, qui permettent une montée à une vitesse ascensionnelle de 208 m/s. Le temps mis pour atteindre un plafond de 10 000 m depuis le décollage de la piste est de deux à trois minutes. Pratiquement, si le MiG-31 n’émet pas dans le spectre électromagnétique, il a toutes les chances d’entrer dans le régime supersonique, recevant du sol par le biais d’une ligne de données les coordonnées de l’avion AWACS, puis occuper la position optimale pour l’abattre. Le MiG-31 est armé de missiles BVR ( beyond-visual range ) R-33, R-37 et Novator KS-172S-1, d’une portée de 300-420 km, spécialement conçus pour abattre les AWACS.
Le profil de vol de ces missiles a été conçu de telle sorte qu’il y a d’abord une montée initiale à une altitude de croisière de 30 000 mètres, où ils accélèrent à la vitesse de Mach 4. Ce profil empêche son interception lors de son parcours vers sa cible, et permet un rapport de consommation carburant/km réduit de moitié par rapport à un vol à 8-14 000 m. L’attaque de l’avion AWACS se fait d’en haut, où il existe un angle mort de son antenne radar.