L’armée française a mené de premières frappes en Syrie.
Elles ont été annoncées officiellement par un communiqué de l’Elysée,
dimanche 27 septembre, sans précision des lieux et dates des opérations.

L'Elysée a annoncé dimanche avoir mené de premières frappes aériennes en Syrie contre l'Etat islamique, en coordination avec la coalition internationale.

Selon nos informations, des frappes ont eu lieu en Irak cette fin de semaine.

Les cibles concernées se situaient notamment à Rakka, la ville du centre du pays qui est considérée comme le fief de l’organisation Etat islamique.

Le président François Hollande avait annoncé le 7 septembre qu’après de premiers vols de reconnaissance en Syrie menés dès le lendemain, des frappes suivraient, justifiées par la légitime défense.

Le communiqué de l’Elysée diffusé dimanche précise :

« Nous l’avons fait sur la base de renseignements collectés au cours des opérations aériennes engagées depuis plus de deux semaines, dans le respect de notre autonomie d’action, en coordination avec nos partenaires de la coalition. »

L’armée frappera « tous ceux qui menacent la France », avait pour sa part indiqué le ministre Jean-Yves Le Drian  le 18 septembre. Mais si l’armée de l’air française est intégrée au commandement américain pour frapper en Irak, Paris insiste pour dire que les opérations en Syrie sont menées en autonomie.

« Nous sommes intégrés à la sécurisation du ciel syrien faite par les Américains, mais nous avons notre liberté d’appréciation, de nos cibles de renseignement et de nos actions », a précisé M. Le Drian.

Des centres d’entraînement visés.

Seront ainsi visés dans les semaines qui viennent les centres de commandement, les camps d’entraînement et la logistique de l’organisation terroriste, ce que les militaires nomment les « centres de gravité » de l’adversaire.
Selon la défense, il ne s’agira pas d’une « campagne de frappes massive », mais de coups ciblés.

Capture d'écran d'une vidéo diffusée par l'État islamique en février 2015 dans le camp d'entrainement de Racca en Syrie.

Le renseignement français, consolidé par une opération informatique du commandement cyber de l’état-major qui est remonté jusqu’au groupe, a identifié plusieurs cibles de l’EI à Rakka.
Ces premières frappes pourraient avoir visé un QG duquel seraient commandités de nombreux attentats visant l’Europe et la France en particulier.

Américains, russes, syriens : ciel encombré au-dessus de Rakka.

L’intervention d’avions français dans cette zone n’est pas sans risques. Les troupes de Bachar Al-Assad, depuis peu, frappent elles aussi de nouveau les combattants de l’EI.
En outre, la Russie a, ces derniers jours, renforcé ses moyens militaires en Syrie en soutien du régime, en y installant une trentaine de d’avions de reconnaissance et d’attaque au sol, des Sukhoi 24 et 30. Le ciel de Rakka est donc potentiellement encombré.

A Paris, les sources de la défense avaient dans un premier temps laissé entendre que l’armée de l’air n’interviendrait que dans des zones dans lesquelles les avions syriens ne volaient plus, ces derniers, et les défenses anti-aériennes qui vont avec, ne pénétrant plus dans les régions situées à l’est du 38e parallèle.
Or, à Deir Ei-Zor comme à Rakka, l’armée de Bachar continue de bombarder l’EI.

Cela confirme nos informations selon lesquelles la France s’est inscrite dans la coordination de fait, nouvelle, établie entre les forces en présence, américaines et syriennes au premier chef, contre Daech.
Les avions de chasse russes, mais aussi syriens, ne seront pas des cibles, à condition qu’ils ne commettent pas d’attaques contre les avions de la coalition anti-EI. M. Le Drian a assuré qu’il n’y avait « aucune » information réciproque avec les Russes et les Syriens.

Quelque 200 frappes françaises en Irak.

Quelque 800 militaires français sont déployés dans l’opération Chammal depuis 2014. En Irak, elle recouvre des opérations aériennes au sein de la coalition internationale dirigée par les forces américaines, mais aussi des missions de conseil de l’armée irakienne à Bagdad, et des missions d’assistance armée aux peshmergas kurdes.
Une soixantaine de spécialistes sont insérés dans les états-majors de la coalition, à Tempa (Floride), au Koweït, à Bagdad, et surtout au QG des opérations aériennes d’Al-Udeid au Qatar.
En Irak, la France a mené quelque 200 frappes, soit 5 % du total, depuis septembre 2014.

Sur la piste du fief de l’Etat islamique.

Capture d'une vidéo de propagande de l'Etat islamique diffusée en juillet 2014, montrant un prêche du leader de l'organisation, Abou Bakr Al-Baghdadi.

La région a été surnommée le « Tora Bora irakien », en référence à la zone montagneuse devenue la place-forte des Talibans pendant la bataille d’Afghanistan, lancée en réponse aux attaques perpétrées aux Etats-Unis le 11 septembre 2001.
Cette vaste zone désertique à cheval sur la frontière irako-syrienne, de plus de 400 kilomètres de long entre Al-Baaj dans le nord de l’Irak et Routba près de la frontière jordanienne, est le cœur névralgique du territoire de l’organisation Etat islamique (EI). Faite de vallées encaissées traversées de rivières et de collines parsemées de caves, elle offre aux djihadistes un refuge quasi inaccessible.

C’est dans cette zone stratégique, qui comprend les provinces autoproclamées de Ninive, Dijla, Ifrit et Al-Jazira en Irak, Abou Kamal et Deir ez-Zor en Syrie, et plus particulièrement dans la province irakienne de « Furhat », autour d’Al-Baaj, que le haut commandement de l’EI s’est établi.

« Depuis le début de l’expansion de Daech [acronyme arabe de l’EI], la province de Furhat est son fief réel . C’est la province la plus importante pour lui car la région est bien protégée », indique l’analyste irakien, Hicham Al-Hachémi, spécialiste de l’EI.

« Abou Bakr Al-Baghdadi et le haut commandement y vivent dans des endroits isolés, peu connus de tous », nous a indiqué M. Al-Hachémi, lors d’un passage à Paris. L’analyste irakien implanté à Bagdad se veut même plus précis et affirme que le calife autoproclamé de l’EI se trouve à Al-Baaj.
Le chef de l’EI y serait en convalescence, selon l’expert, qui assure que ce dernier a été blessé dans une frappe de la coalition internationale, en mars 2015.

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Une région incontrôlable.

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Le Pentagone, s’il avait confirmé au printemps une frappe sur Al-Baaj, a pourtant nié avoir ciblé une personnalité importante de l’EI. « Il est très difficile de retracer leurs trajets car ils sont protégés par plusieurs couches de sécurité et n’utilisent pas de moyens de communication modernes ».

« Leurs femmes leur servent même de messagers », poursuit M. Hachémi. Al-Baghdadi aurait deux épouses.
« Pendant sa convalescence, il est secondé par l’émir de l’EI pour la Syrie et l’Irak, Abou Alaa Al-Afari, originaire de Tal Afar » , ajoute-t-il.

Seuls les avions de la coalition balaient cette zone située à des centaines de kilomètres des lignes de front.
« Depuis 2004 jusqu’à aujourd’hui, aucune puissance militaire n’a réussi à contrôler cette région »
, indique M. Al-Hachémi. Après l’invasion américaine de l’Irak en 2003 pour chasser le dictateur Saddam Hussein et la montée de l’insurrection d’Al-Qaida en Irak,

« les Etats-Unis ont essayé de la contrôler et y ont perdu beaucoup de leurs soldats. Les tribus qui habitent cette région ont une longue histoire de contrebande, surtout d’armes, mais aussi de bétail, de vivres… Ce sont des combattants féroces que même le régime de Saddam Hussein a échoué à contrôler », poursuit-il.

Quand l’EI est apparu dans la région, le 5 janvier 2014, ses combattants n’ont eu à tirer aucune balle.
« Les gens les ont accueillis à bras ouverts. Les combattants ont épousé les femmes de la région et vivent parmi la population de façon tout à fait normale », indique M. Al-Hachémi. Lors d’un séjour effectué dans cette région en 2009, il avait observé au sein de la population des pratiques déjà proches de celles prônées par l’organisation djihadiste : le niqab pour les femmes, la barbe et le kamis pour les hommes, l’attribution des noms Oussama (du nom de Ben Laden, l’ancien chef d’Al-Qaida) ou Moussab (du nom d’Al-Zarkaoui, l’ancien chef d’Al-Qaida en Irak) aux nouveau-nés.

Camps d’entraînement.

La majorité de la population refuse de travailler pour le gouvernement et considère les chiites comme hérétiques.

« Les jeunes des tribus locales se sont convertis au salafisme dans les années 1990. Sous l’influence d’associations saoudiennes, les cheikhs et imams se forment depuis en Arabie saoudite. Ils sont donc presque tous wahhabites », explique M. Al-Hachémi.

Dans les années 2000, Al-Qaida en Irak y avait établi ses camps d’entraînements militaires et des centres islamiques. Aujourd’hui, la région abrite les centres de commandement de l’EI, et de nombreux stocks d’armes et de munitions.
Des maisons d’hôte ont été établies pour recevoir les combattants étrangers. La province accueille surtout, selon l’expert, les centres de commandement des bataillons spéciaux, placés sous les ordres directs d’Al-Baghdadi.

Ces cinq bataillons, composés respectivement de 350 à 500 hommes, sont divisés par nationalité et spécialité. L’unité combattante des Libyens est considérée comme la plus loyale.
L’unité regroupant des ressortissants du Golfe et du Maghreb s’occupe de la protection des commandants. Les Européens de l’est et les Asiatiques assurent principalement la collecte du butin de guerre, des impôts et le transport des armes.
Des Syriens sont chargés de la protection du fief de Rakka, en Syrie. La brigade de libération de Mossoul, composée à 80 % d’Irakiens, est le fer de lance de l’organisation. Elle combat aujourd’hui dans la province d’Hassaké, en Syrie.

Depuis le début des frappes de la coalition en Irak puis en Syrie, en août 2014, 19 des 43 grands chefs de l’EI ont été tués, selon M. Al-Hachémi, qui poursuit : « Ils sont remplacés mais Daech ne dispose pas d’un important vivier de chefs historiques, avec une histoire djihadiste comparable aux chefs d’Al-Qaida. »
L’EI regroupe aujourd’hui 100 à 125 000 combattants en Syrie et en Irak, dont 13 à 15 000 étrangers.
« Jusqu’à février 2015, entre cinq et dix nouvelles recrues étrangères rejoignaient chaque jour le mouvement », indique-t-il. Les djihadistes français seraient au nombre de 800, principalement basés en Syrie et occupés à des tâches administratives, financières, médiatiques et au recrutement.

  1. Ping: 27 September, 2015 14:17 | Boycott

Bon comme un citron bien rond !

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