La Russie a annoncé avoir détruit un poste de commandement et un bunker de l’Etat islamique près de Raqa, le fief de l’organisation, et d’autres postes dans la province d’Idleb… alors que l’EI n’a pas de positions dans cette zone.
Alors que les renseignements britanniques estiment que moins de 5% des frappes aériennes russes ciblent les combattants de l’Etat islamique, le ministère de la Défense russe a annoncé ce samedi avoir détruit un poste de commandement de l’EI près de Raqa, dans le nord-est de la Syrie.
Un bunker souterrain aurait également été détruit au cours de l’opération.
« Au cours des dernières 24 heures, les avions SU-34 et SU-24M ont effectué plus de 20 sorties aériennes au-dessus de neuf installations de l’Etat islamique », précise le ministère.
Des explosifs étaient stockés dans le poste de commandement et le bunker souterrain visés par les forces russes, estime Moscou, compte tenu de la « puissante explosion » observée, preuve que les terroristes y entreposaient « une importante quantité de munitions ».
Des explosions « entendues jusque dans la ville »
« Plusieurs frappes russes ont visé des positions de l’EI à l’ouest deRaqa et les explosions ont été entendues jusque dans la ville », indique Rami Abdel Rahmane, directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), sans plus de détails sur les objectifs visés.
Le gouvernement russe a par ailleurs indiqué avoir détruit un entrepôt où des munitions étaient stockées dans les montagnes près de la ville de Jisr al-Choughour, dans la province d’Idleb, au nord-ouest de la Syrie. Un camp d’entraînement du groupe Etat islamique, toujours dans la province d’Idleb, près de Maaret al-Noomane, a également été visé.
Des munitions et équipements auraient été, là encore, détruits, affirme Moscou.

Mais l’Observatoire syrien des droits de l’Homme estime que l’Etat islamique n’est pas présent dans la province d’Idleb. De quoi alimenter les interrogations nombreuses autour de l’intervention russe en Syrie.
Au cours d’une conférence de presse, vendredi, Barack Obama a jugé que la stratégie adoptée par la Russie, qui cible tous les opposants au régime de Bachar el-Assad, était synonyme d’une « catastrophe assurée ».
Une position également défendue par François Hollande. A la sortie de la rencontre quadripartite entre l’Allemagne, la France, l’Ukraine et la Russie, vendredi, le chef de l’Etat a affirmé avoir rappelé à Vladimir Poutine que « les frappes doivent viser Daech et uniquement Daech ».
L’armée russe a fait plus de 20 sorties en 24 heures.
L’armée russe dit avoir effectué plus de 20 sorties en 24 heures.
«Au cours des dernières 24 heures, les avions SU-34 et SU-24M ont effectué plus de 20 sorties aériennes sur neuf installations de l’Etat islamique», a précisé le ministère. Un poste de commandement à Raqa et un bunker souterrain où des explosifs étaient stockés ont été détruits, selon la même source.
De son côté, le président turc Recep Tayyip Erdogan a appelé samedi son homologue russe Vladimir Poutine à reconsidérer les frappes menées en Syrie.
65 personnes tuées par les frappes
Dans une interview à la chaîne qatarie en arabe Al-Jazeer, Recep Tayyip Erdogan a exprimé sa colère. Il a affirmé que Moscou avait assuré à Ankara que ces frappes viseraient le groupe Etat islamique alors qu’elles étaient en fait dirigées contre les rebelles syriens modérés.
Recep Tayyip Erdogan redoute que son pays, qui partage une frontière de 911 kilomètres avec la Syrie et accueille près de deux millions de réfugiés syriens, paye le prix des actions de Moscou. Il a ajouté que, selon les informations de la Turquie, 65 personnes auraient été tuées dans les frappes russes en Syrie. «Ils ferment les yeux sur le fait que des civils ont été tués», a-t-il affirmé.
La Russie et la Turquie s’opposent sur la Syrie depuis le début du conflit en 2011, Ankara demandant le départ de Bachar el-Assad qui bénéficie du soutien indéfectible de Moscou.
les frappes russes vont s’intensifier et durer « trois à quatre mois »
Interrogé par Europe 1 ce vendredi matin, le président de la Commission des Affaires étrangères de la Douma assure que la priorité de Moscou est de viser les djihadistes de Daech.
D’un côté, Moscou affirme vouloir frapper en priorité Daech en Syrie. De l’autre, Laurent Fabius assure que les russes n’ont pas encore attaqué les djihadistes. Et la situation pourrait durer. La campagne de frappes aériennes russes en Syrie va durer « trois à quatre mois » et s’intensifier, a déclaré ce vendredi le président de la Commission des Affaires étrangères de la Douma (chambre basse du Parlement russe), Alexeï Pouchkov. « Il y a toujours un risque d’enlisement mais à Moscou on parle de trois à quatre mois d’opérations », a-t-il déclaré à la radio française Europe 1. Interrogé sur une intensification à venir des frappes, il a répondu : « Absolument ».
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Ce vendredi, l’armée russe a annoncé avoir frappé pour la première fois la ville de Raqa, le fief du groupe Etat islamique, lors de bombardements qui ont également visés les provinces d’Alep et d’Idleb. Selon le ministère russe de la Défense, des bombardiers tactiques Soukhoï-34 ont frappé notamment un « poste de commandement qui était camouflé à Kasrat Faraj, au sud-ouest de Raqa ». D’après l’Observatoire syrien des droits de l’homme, douze djihadistes auraient péri dans cette opération.
« La coalition a fait semblant de bombarder Daech »
Au moins sept civils, dont deux enfants, ont péri dans des frappes russes qui ont visé jeudi la province d’Idleb dans le nord-ouest de la Syrie, rapporte ce vendredi l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Les premières frappes russes en Syrie avaient fait 28 morts mercredi selon l’Observatoire, qui compile le bilan de morts depuis le début du conflit syrien il y a quatre ans et demi.

Alexeï Pouchkov a ajouté que les frappes de la coalition internationale conduite par les Etats-Unis n’étaient pas assez efficaces et qu’il fallait passer à une autre étape dans la lutte contre Daech en Syrie. « Je pense que c’est l’intensité qui est importante. La coalition américaine a fait semblant de bombarder Daech pendant une année, il n’y a pas de résultat. Si vous le faites d’une manière plus efficace, je pense que les résultats vont se faire connaître », a estimé le responsable parlementaire. « Seulement 20% des opérations (de la coalition internationale) ont eu des résultats. Dans 80% (des cas), ils n’ont même pas bombardé », a affirmé M. Pouchkov.
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« Régler les affaires avec Daech »
Le responsable parlementaire a également réfuté les accusations occidentales selon lesquelles les chasseurs ruses ne frappent pas prioritairement ou pas seulement Daech. « Le but principal ce sont les groupes de Daech qui sont le plus proche de Damas », a précisé Alexeï Pouchkov, alors que les Occidentaux soulignent que la Russie frappe loin des bases du groupe Etat islamique, situées dans l’est de la Syrie. « Il faut régler les affaires avec Daech, faire éliminer (ce groupe) ou le neutraliser et après on va voir (ce qu’il en est du) sort de la Syrie », a insisté le responsable parlementaire.
Une conférence internationale associant le président Bachar el-Assad et l’Iran serait alors une « idée raisonnable », a ajouté Alexeï Pouchkov. « Pendant quatre ans, le gouvernement de Assad a tenu le coup et aujourd’hui c’est la seule force militaire sur le terrain qui combat Daech », a-t-il dit. « Nous ne pensons pas que Assad soit le seul coupable » du chaos syrien et de son cortège de morts depuis quatre ans, a-t-il ajouté.
« Les pays du Moyen-Orient et partiellement les pays de l’Occident qui ont soutenu l’insurrection armée sont aussi responsables de cette situation ».