Douze employés de Médecins sans frontières (MSF) et sept patients, dont trois enfants, ont été tués dans le bombardement d’un centre de l’ONG à Kunduz.

Le centre de Médecins sans frontières a été touché par une frappe de l'OTAN dans la nuit du 3 octobre, à Kunduz en Afghanistan.

Au moins douze employés de Médecins sans frontières (MSF) et sept patients, dont trois enfants, ont été tués dans le bombardement d’un centre de l’ONG à Kunduz, principale ville du nord-est de l’Afghanistan, survenu dans la nuit du samedi 3 octobre. Trente-sept personnes ont aussi été blessées, dont 19 employés de l’ONG.

Si les Etats-Unis n’ont pas reconnu être responsables du bombardement de l’hôpital, selon MSF, « tout indique » que c’est la coalition qui l’a mené« Cette attaque odieuse. constitue une violation grave du droit humanitaire international », a déclaré Meinie Nicolai, présidente de MSF.

  • 105 patients et 80 membres du personnel présents lors du raid.

Aftermath of the attack on MSF's Kunduz hospital

Le porte-parole de la mission de l’Alliance atlantique en Afghanistan, le colonel Brian Tribus, a confirmé dans la matinée que les forces armées américaines avaient mené une attaque aérienne sur la localité à 2 h 15 locales. Il a reconnu que la frappe avait « peut-être provoqué un dommage collatéral sur un bâtiment médical situé non loin » de la cible visée.

Fire at MSF's Kunduz hositpal

Dans un communiqué, MSF précise avoir clairement signalé la position de l’établissement. De plus, l’hôpital a continué à être bombardé « pendant plus de trente minutes » après qu’elle a averti les forces alliées que son centre avait été touché par un raid dans la nuit. À cet instant, 105 patients et 80 membres du personnel, des Afghans et des étrangers, y étaient présents, selon l’ONG.

Surgery in the aftermath of the Kunduz hospital attack

Dans un communiqué publié plus tard samedi, MSF assure que « tout indique » que le bombardement a été mené par la coalition internationale et réclame une enquête indépendante. D’après MSF, l’hôpital a été pris pour cible pendant plus d’une heure entre 2 h 08 et 3 h 15 du matin avec des frappes menées à intervalles de 15 minutes. Chaque raid visait de manière précise le bâtiment principal alors que les autres bâtiments ont été laissés quasiment intacts. La présidente de l’association humanitaire a indiqué :

« Nous ne pouvons pas accepter que cette horrible perte de vies puisse simplement être résumée à un “dommage collatéral”.»

  • Le Pentagone ouvre une « enquête exhaustive »

Fire at MSF's Kunduz hositpal

Alors que l’ONG a immédiatement demandé des comptes aux représentants de l’OTAN à Kaboul, exigeant de connaître les conditions dans lesquelles un tel événement a pu se produire, le chef du Pentagone a affirmé, dans l’après-midi, qu’une « enquête exhaustive » menée en coordination avec le gouvernement afghan était en cours.

Ashton Carter n’a en revanche pas confirmé si le raid avait été mené par des forces américaines. Le secrétaire à la défense américain a aussi souligné dans un communiqué que celles-ci opéraient à proximité du lieu, « tout comme les talibans ».

  • Talibans présents dans l’hôpital ?

Selon des officiels afghans, des hélicoptères de combat ont fait feu sur des talibans cachés dans l’hôpital. Le ministère de la défense afghan a affirmé que des « terroristes » armés ont pénétré dans l’hôpital et utilisé « le bâtiment et les personnes à l’intérieur comme boucliers » alors qu’ils tiraient sur les forces de sécurité.

Cette version a été démentie par un porte-parole des talibans selon qui aucun combattant n’était présent sur place. MSF n’a pas confirmé ou non si des insurgés étaient présents dans ses murs lors du bombardement.

  • Un possible « crime de guerre », selon l’ONU

Le Haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad Al Hussein, a estimé que si cette frappe est reconnue comme délibérée, elle pourrait « constituer un crime de guerre ».

« Les stratèges militaires internationaux et afghans ont une obligation de respecter et protéger les populations civiles à tout moment, et les établissements médicaux et leur personnel font l’objet d’une protection spéciale. Ces obligations s’appliquent quelle que soit la force aérienne impliquée, et indépendamment de l’emplacement. »

Le centre de soins de MSF a apporté une aide cruciale à la population civile depuis lundi et la prise de Kunduz par les talibans, puis la contre-offensive des forces de sécurité afghanes.
C’est le seul hôpital dans cette région du nord du pays capable de traiter des grands blessés.

  • Kunduz, ville stratégique et théâtre d’âpres combats

La ville de Kunduz est depuis le début de la semaine le théâtre d’affrontements entre les talibans et les forces de sécurité afghanes, épaulées par leurs alliés. Capitale provinciale, cinquième ville du pays, avec environ 300 000 habitants, elle est un nœud stratégique permettant de relier la capitale, Kaboul, au Tadjikistan voisin.

Première ville clé à passer sous contrôle des talibans depuis une quinzaine d’années, Kunduz fut aussi le dernier bastion insurgé de taille à tomber après l’intervention américaine, au lendemain des attentats du 11 septembre 2001.
Les troupes afghanes n’ont pu engager la reprise de la ville, jeudi 1er octobre, qu’avec le soutien aérien des Américains qui n’avaient effectué jusque-là que cinq frappes, selon les déclarations de l’OTAN à Kaboul.

Le centre de soins de MSF a apporté une aide cruciale à la population civile depuis lundi et la prise de Kunduz par les talibans, puis la contre-offensive des forces de sécurité afghanes.
C’est le seul hôpital dans cette région du nord de l’Afghanistan capable de traiter des grands blessés.

«MSF a traité 394 blessés depuis lundi», a expliqué Dr Bart Janssens, directeur des opérations de l’ONG. «Nous sommes profondément choqués par cette attaque», a-t-il ajouté.

La Croix Rouge s’active

Dans une interview à RT, Neha Thakkar, responsable des médias du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a indiqué que l’organisation avait déjà entamé des conversations avec  différentes parties du conflit.  Mais aussi avec son homologue de MSF afin d’examiner la situation.

D’après la représentante du CICR, cet incident est très inquiétant puisqu’il «représente une violation de la loi humanitaire internationale ce qui aura un effet sur la capacité de MSF et du CICR d’atteindre les gens ayant vraiment besoin de soins médicaux en Afghanistan».

Thakkar a également souligné que les discussions concernant l’évacuation du personnel sont en cours. Mais elle n’est pas au courant de la décision exacte. «Lorsqu’on veut fournir l’attention médicale aux gens affectés par le conflit et si, dans le même temps, les installations hospitalières sont ciblées, cela rend notre travail impossible», a-t-elle expliqué ajoutant que l’organisation cherche la meilleure solution pour assurer la sécurité de son personnel et le bien-être du peuple afghan.

Lire aussi : Afghanistan : Kunduz, une bataille stratégique

En Afghanistan, les bombardements de l’Alliance atlantique font l’objet d’une forte controverse quant à leur utilité et aux « dommages collatéraux » qu’elles engendrent. En juillet, 10 soldats afghans avaient ainsi été tués par erreur dans un raid américain contre le barrage qu’ils tenaient dans la province orientale de Logar.

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