Israël s’indigne contre l’initiative attribuée à la France censée proposer à l’ONU une présence internationale sur l’ultra-sensible esplanade des Mosquées à Jérusalem.
Alors que l’escalade des violences se poursuit en Israël et dans les Territoires, le Conseil de sécurité de l’ONU a commencé vendredi à discuter d’un projet français de déclaration condamnant les violences en cours entre Palestiniens et Israéliens et appelant au maintien du « statu quo » sur l’ultra-sensible l’esplanade des Mosquées.
Troisième lieu saint de l’islam, également révérée par les juifs, l’esplanade des Mosquées est régie par des règles (dites le « statu quo ») qui autorisent les juifs à s’y rendre à certaines heures mais leur interdit d’y prier. Les musulmans peuvent y prier à toute heure mais sont régulièrement soumis aux restrictions de la part des Israéliens qui en contrôlent l’accès.
Les Palestiniens accusent Israël de vouloir modifier le « statu quo », ce dont le Premier ministre Benjamin Netanyahou s’est toujours défendu. La question passe pour un facteur primordial des tensions actuelles.
« Israël est le garant des lieux saints »
Israël s’est indigné dimanche contre l’idée d’une présence internationale sur esplanade des Mosquées à Jérusalem, allant jusqu’à accuser Paris de « récompenser le terrorisme ». « Israël rejette la proposition française au Conseil de sécurité (de l’ONU) car elle n’inclut aucun rappel de l’incitation à la violence et au terrorisme de la part des Palestiniens, et elle appelle à l’internationalisation du mont du Temple », nom donné par Israël à l’esplanade des Mosquées, a dit le Premier ministre israélien. « Israël, et Israël seul, est le garant des lieux saints sur le mont du Temple », a-t-il ajouté.
« Il est essentiel que la réaction du Conseil de sécurité contribue à l’apaisement, en appelant au calme et à la retenue de l’ensemble des parties ainsi qu’au respect du statu quo sur l’esplanade des Mosquées », a dit dimanche le porte-parole des Affaires étrangères françaises, Romain Nadal.
L’idée d’une présence internationale sur l’esplanade « peut faire partie des idées » avancées dans la discussion, dit une source diplomatique occidentale.
« Israël veillera à la protection des lieux saints, et protégera le statu quo. Israël, ce n’est pas le problème sur le mont du Temple, c’est la solution », a dit Benjamin Netanyahou en citant la destruction de mosquées par des extrémistes musulmans à travers la région ainsi que l’incendie par des Palestiniens, vendredi, d’un lieu révéré par les juifs en Cisjordanie occupée.
Un soutien américain?
Le ministre du Tourisme Yariv Levin, membre du Likoud, le parti de droite du Premier ministre, a affirmé à la radio publique qu’Israël « avait obtenu le soutien des Américains pour bloquer l’initiative française. Nous n’accepterons pas une remise en cause de la souveraineté d’Israël sur Jérusalem réunifiée ».
L’esplanade des Mosquées se trouve à Jérusalem-Est, la partie palestinienne de la Ville sainte qu’Israël occupe depuis 1967 malgré les condamnations des Nations unies. Les Palestiniens veulent en faire la capitale de leur futur Etat.
Face à la vague de violence, Jérusalem se barricade.
Face aux violences entre Israéliens et Palestiniens, désormais quotidiennes à Jérusalem, la ville a déployé d’importants moyens policiers et militaires, et mis en place des check-points autour des quartiers palestiniens.
Une ville en état de siège. Les forces israéliennes ont été déployées massivement jeudi à Jérusalem, en proie à une vague d’attentats, tandis que des postes de contrôle ont été mis en place autour de Jérusalem-Est, dont la plupart des attaquants sont originaires.
300 soldats en renfort dès dimanche.
Les policiers et les garde-frontières, fusils en bandoulière, ont été postés sur les places publiques, aux carrefours et sur les grands axes de la ville, déambulant là où on ne les voyait pas auparavant. Trois cents soldats viendront en renfort aux policiers à Jérusalem dimanche, a dit l’armée.
L’un des derniers déploiements importants de soldats dans les villes israéliennes remonte à 2002, au cours de la deuxième Intifada, en même temps qu’une vaste opération militaire israélienne en Cisjordanie occupée.

L’appel à l’armée est supposé contribuer à endiguer les violences qui réveillent le spectre de l’Intifada, et rassurer une population en état d’alarme désormais permanent.
Check-points israéliens
Plus tôt dans la semaine, le gouvernement israélien a annoncé une série de mesures pour endiguer la vague de violence qui touche le pays depuis le 1er octobre. Il a notamment autorisé le bouclage des quartiers palestiniens de Jérusalem-Est, partie palestinienne de Jérusalem annexée et occupée par Israël, d’où vient la très grande majorité des auteurs d’attentats.
La mise en place de check-points est une mesure susceptible d’ajouter au ressentiment des Palestiniens dont elle complique la vie et les déplacements, par exemple ceux des enfants qui se rendent à l’école. Les forces israéliennes ont disposé des blocs de béton pour filtrer le passage aux entrées d’un autre quartier agité, Essaouiya. Les habitants doivent montrer patte blanche pour espérer passer.
video : Quinze jours de violences
Israël a également annoncé que les règles de port d’armes vont être assouplies, que les corps des auteurs d’attentats ne seront plus restitués à leur famille, et que 19 Palestiniens vont être déchus de leur titre de résidence à Jérusalem-Est.
Jérusalem et la Cisjordanie sont secouées depuis le 1er octobre par des heurts entre jeunes lanceurs de pierres et soldats israéliens, des agressions entre Palestiniens et colons et des attaques à l’arme blanche. Les violences ont fait sept morts côté israélien et une trentaine de morts côté palestinien, dont plusieurs auteurs d’attentats..
Ce vendredi, deux Palestiniens ont été abattus, l’un dans la bande de Gaza, lors de heurts près de la frontière avec Israël, l’autre près de la colonie de Kiryat Arba, alors qu’il s’était déguisé en photographe de presse pour approcher des soldats israéliens.
Tel Aviv et d’autres villes israéliennes écartent les employés arabes des écoles locales.
A la suite des multiples attaques terroristes inattendues commises par des arabes israéliens, certaines villes ont écarté toute proximité d’arabes israéliens avec les écoles juives.
Les villes de Tel Aviv, Ness Tziona et Givatayim ce dimanche ont rejoint la liste des villes israéliennes qui ont décidé d’interdire aux employés arabes de pénétrer dans les écoles durant les heures de cours pour des raisons de sécurité.
Selon Radio Israël, les maires de Rehovot et Hod Hasharon la semaine dernière ont interdit aux employés arabes affectés à l’entretien et au nettoyage de faire leur service durant les heures de cours pour répondre à des contraintes de sécurité et à la pression d’organisations de parents d’élèves. Une lettre adressée aux parents à Rehovot, indiquait que selon les instructions du maire Rahamim Malul, les employés arabes sont interdits d’entrer dans les établissements éducatifs. Une lettre envoyée aux parents à Hod Hasharon disait que la municipalité ne permettrait pas aux employés de la maintenance d’être présents dans les établissements scolaires pendants les heures de cours.
La municipalité de Rehovot a déclaré qu’elle prenait soin de la sécurité de ses résidents. La municipalité de Hod Hasharon a publié une déclaration du maire Hai Adiv, ordonnant du fait de la situation, que les mesures de sécurité soient renforcées dans la ville et ses environs, y compris dans les institutions scolaires. Radio Israël a rapporté que les écoles de Jérusalem avaient pris les mêmes mesures.
Dans l’Ecole Démocratique de Hod Hasharon il y a eu une grève de deux heures dimanche matin, par solidarité avec les travailleurs arabes suivie d’une discussion avec les étudiants.
A la suite de ces prises de position, MK Dov Hanin (Liste Arabe Commune) a exigé que le Comité Intérieur de la Knesset tienne une séance d’urgence. Selon MK Hanin, sous prétexte d’anxiété certains font la promotion de mesures dangereuses de ségrégation raciale. MK Issawi Frej (Meretz) a dit que le système éducatif, au lieu d’agir pour calmer la situation était le fer de lance de la discrimination et de l’exclusion.
En novembre dernier, le maire d’Ashkelon, Itamar Shimoni a été confronté à une vaste critique nationale après sa décision – à la suite des attaques sporadiques contre des juifs dans la ville,- d’interdire aux employés arabes d’effectuer des travaux de construction dans les jardins d’enfants durant les heures de scolarité. A l’époque, le ministre de l’intérieur avait ordonné au maire de retirer son ordonnance.
Le 13 octobre 2015, l’Onu a critiqué « l’usage apparemment excessif de la force » employé par Israël à l’égard des palestiniens, depuis le déclenchement des attaques au couteau.
Le porte-parole Stéphane Dujarric du secrétaire général de l’Onu Ban Ki-moon, a ainsi avancé que cet usage de la force « est troublant et doit être réexaminé sérieusement ». Il (sic). En d’autres termes, l’Onu tient Israël pour responsable du climat de violence actuel, bien que le jour même, trois nouveaux israéliens ont été sauvagement assassinés par des palestiniens dans deux attentats à Jérusalem. Manifestement, l’Onu minimise le rôle des agresseurs palestiniens et oublie les conditions de mise en oeuvre de la légitime défense en Droit international.
En droit pénal international, la légitime défense est un fait justificatif qui exonère la riposte, en cas d’agression de personnes, dès lors que certaines conditions sont remplies. Tout d’abord, la personne qui invoque la légitime défense doit faire elle-même l’objet d’une agression ou défendre un tiers. Ainsi, la première condition suppose l’existence d’un danger réel et imminent. Les attaques au couteau font naturellement partie des agressions qui autorisent le recours à la légitime défense.
En outre, la riposte doit intervenir dans le temps de l’attaque portée, non après (sinon il ne s’agit pas d’un acte de légitime défense mais d’un acte de vengeance). Enfin il doit y avoir une proportion entre les moyens de défense employés et la gravité de l’atteinte portée. Sur ce point, il n’est pas fait de comparaison entre un couteau et une arme à feu pour se défendre, mais entre les moyens de défense employés au regard de la gravité de l’atteinte, à savoir la tentative de meurtre. Or, l’élimination d’un terroriste palestinien qui brandit un couteau pour tuer une personne juive, s’inscrit parfaitement dans le cadre de la légitime défense.
Pour autant, et fort de la position onusienne sur « l’emploi d’un usage excessif de la force », l’ancien chef palestinien des négociations Saeb Erakat a fait part de son intention de saisir la Cour pénale internationale sur la manière « dont les forces israéliennes neutralisent les auteurs de la vague actuelle de violences » qualifiant les éliminations de terroristes « d’exécutions extrajudiciaires ». Il considère en d’autres termes, que les palestiniens ont le droit de poignarder les juifs mais que les juifs n’ont pas le droit de les en empêcher en les abattant avant qu’ils ne tuent. Pour lui, ces éliminations encourent les foudres de la Cour pénale internationale (sic).
Or, et comme la CPI est compétente pour juger des personnes et non des Etats, le numéro 2 de l’Olp envisage d’imputer la responsabilité des éliminations de terroristes palestiniens, au premier Ministre israélien Benjamin Netanyahu, à son Ministre de la défense Moshé Yaalon, et aux forces de sécurité israéliennes.
Pour ce faire, il entend exploiter les scènes filmées des attaques d’assaillants armés de couteaux abattus par les forces israéliennes (à l’origine d’une vive émotion du côté palestinien). Il imagine ainsi, illustrer la soit disant disproportion de moyens employés par Israël. Bien évidemment, sa thèse ne résistera pas à l’analyse : l’élimination des assassins est bien le seul moyen d’éviter les meurtres projetés.
Saeb Erekat a donc précisé les moyens qu’il entend avancer pour fonder sa plainte à la CPI, en posant une question : « Même ceux qui portaient un couteau, méritaient-ils qu’on les prive de traitement (médical) et qu’on leur tire dessus ? ». Cette question d’un responsable palestinien (de surcroît engagé pour la paix entre les peuple), est tout simplement hallucinante. Il laisse entendre que les palestiniens ont le droit de détenir des couteaux et de les utiliser pour tuer des juifs (c’est-à-dire le droit d’agir avec la plus perverse inhumanité) mais qu’inversement, les assassins doivent être traités avec humanité et bienveillance par Israël. On croit rêver.
Plus grave encore, Saeb Erekat (en phase avec les propos de Ban Ki-moon) réclame la protection de l’Onu pour les assassins palestiniens : « Nous appelons le rapporteur spécial des droits de l’Homme à l’ONU, Christof Heyns, à venir enquêter immédiatement. Nous demandons à l’ONU une protection internationale immédiate de notre peuple ». Conformément à la thèse palestinienne classique, il s’agit de « crimes de guerre des colons et des forces de sécurité » (sic).
En somme, c’est un peu comme si les palestiniens n’étaient pas responsables de leurs agissements, ce qui leur permet de poursuivre leurs actes meurtriers, avec la protection de l’Onu, tout en cultivant le mensonge de l’occupation. Le porte-parole de la présidence palestinienne a ainsi comparé l’élimination, le 12 octobre 2015, du jeune palestinien âgé de 17 ans (qui a poignardé un jeune juif de 25 ans à proximité de l’implantation de Pisgat Zeev), à la mort de Mohammed al-Doura (devenue une icône de la cause palestinienne).
Cette comparaison est tout à fait stupéfiante. Elle illustre l’absence de conscience des palestiniens, quant à la gravité des actes meurtriers qu’ils commettent, d’autant que la preuve a été rapportée de ce que le film montrant la mort de « Mohammed al-Doura » dans les bras de son père, n’était qu’un trucage audiovisuel.
A décharge des palestiniens, il faut admettre qu’ils sont bien aidés par la communauté internationale qui entretient leur statut de victime. Stéphane Dujarric a ainsi, implicitement cautionné les actes des palestiniens en raison de « la frustration de la jeunesse palestinienne face à l’occupation israélienne » (alors que la Palestine n’a toujours pas de territoires d’affection et qu’elle ne peut donc être occupée), et « au manque de perspective politique du règlement du conflit » (sic). En somme, Israël est, pour l’Onu, seul responsable du déchaînement meurtrier palestinien.
C’est habile : la communauté internationale inverse les responsabilités et fait des tueurs palestiniens, les victimes d’une mauvaise volonté israélienne. L’ambassadeur palestinien à l‘Onu, Riad Mansour, a donc appelé « le Conseil à prendre ses responsabilités, et faire tout pour stopper l’effusion de sang », (alors que ce n’est pas à l’Onu qu’il faut en parler mais aux palestiniens eux-mêmes qui ont appelé le 16 octobre 2015 à un vendredi de la révolution).
Il veut également « discuter ensuite de la manière de protéger la population civile des territoires palestinien ». Une fois encore, les palestiniens disposent d’un blanc seing pour tuer les juifs mais doivent être protégés par la communauté internationale, des israéliens qui s’en défendent. Une fois encore, c’est a réflexion internationale qui pose problème.
Pour sa part, Israël qui appelle un réveil de la conscience palestinienne, n’a d’autre choix que d’annoncer l’absence de restitution des corps des terroristes palestiniens pour éviter, selon le Ministre de la sécurité intérieure Gilad Erdan, « que son enterrement soit une manifestation de soutien au terrorisme et d’incitation au meurtre ».
Lors de la séance du Conseil de Sécurité du 16 octobre 2016, l’ambassadeur d’Israël Dany Danon, a essayé de sensibiliser l’auditoire avec le schéma qui circule chez les palestiniens pour leur apprendre à poignarder les juifs : « Cette image donne aux jeunes palestiniens des instructions détaillées sur la méthode pour poignarder un juif. Les dirigeants palestiniens ont créé un incubateur à faire de leurs enfants des terroristes ».
La question est en fait celle de savoir lequel des deux, l’Onu ou l’Olp, prendra le premier, conscience du seul et véritable problème palestinien : les Chartes Olp et Hamas ont leur ont assigné une seule et unique raison d’être : « tuer du juif », programmation idéologique dont ils devront se sortir un jour.