Un jour après l’attaque contre un avion russe en Syrie, le président turc Recep Tayyip Erdogan poursuit son offensive contre la Russie dans l’espace médiatique.
il affirme que l’aviation turque n’était pas au courant de l’appartenance de l’avion et appelle à « ne pas dramatiser la situation », écrit jeudi le quotidien Interpolit.
Cette pirouette politique d’Erdogan et sa volonté de se protéger sont parfaitement compréhensibles. Hier, en commentant la tragédie, le président russe Vladimir Poutine a ouvertement accusé la Turquie d’implication dans le financement de Daech via l’achat de pétrole illégal auprès de l’organisation.
La participation de certains membres du G20 au financement de Daech a été également évoquée lors du dernier sommet de l’organisation à Antalya. Quelque temps après, le public a pu également prendre connaissance de l’envergure du trafic créé par les djihadistes. Suite à cet avertissement lancé à Antalya, les forces aériennes russes ont lancé une chasse aux colonnes de camions-citernes transportant du pétrole de Daech.
Jusqu’à récemment, ces actions étaient un secret de polichinelle. Les alliés occidentaux de la Turquie taisaient pudiquement l’implication d’Ankara dans le trafic pétrolier de Daech, mais la presse a tout de même pu publier certaines informations. De jour en jour, les preuves se sont accumulées et il est désormais absolument clair que Daech est une sorte d’entreprise familiale pour le président turc et ses enfants — son fils Bilal et sa fille Sümeyye.
D’après la presse turque, Bilal Erdogan possède la société de transport maritime BMZ Group qui a des amarrages spéciaux dans les ports de Beyrouth et de Ceyhan, depuis lesquels le pétrole de contrebande est transporté vers les consommateurs japonais.

Poutine: du pétrole livré par l’EI détecté en Turquie.
La fille du président, Sümeyye, mène une activité aussi intense que son père et son frère. Selon les médias, elle parraine un hôpital militaire dans le sud-est de la Turquie qui soigne des combattants de Daech transportés depuis la Syrie.
Global Research News a obtenu ces informations d’une employée de l’hôpital sous couvert d’anonymat. La fille du président turc est également une personnalité politique connue.
Ainsi, les intérêts commerciaux et politiques des Erdogan sont liés à Daech de manière assez particulière. Le soutien politique de la Turquie a longtemps permis à l’organisation terroriste d’élargir son influence et d’occuper des territoires des pays voisins, alors que les revenus « blanchis » par les Erdogan revenaient dans le budget des djihadistes, les aidant à poursuivre leur expansion.
Il est évident que l’intérêt du président turc ne réside pas que dans le banal enrichissement. L’agent n’est ici qu’un moyen d’atteindre un objectif majeur qui est, selon les experts, rien d’autre que la reconstruction de l’Empire ottoman.
Erdogan rêve de détrôner l’héritage de Kemal Ataturk pour lever sur la Turquie le drapeau vert de l’islam. C’est pourquoi il a besoin de Daech et du pétrole.
Et la Russie a perturbé ses plans, ce qui explique sa colère.
» La décision d’abattre le bombardier russe Su-24 prise par la Turquie ne tardera pas à frapper quatre secteurs de l’économie turque », a estimé Alexeï Pouchkov, chef du comité des Affaires étrangères de la Douma (chambre basse du parlement russe).
Commentant les mesures de rétorsion annoncées hier par le président russe en réponse à l’attaque contre le bombardier Su-24,
Alexeï Pouchkov a fait remarquer que l’attaque n’était qu’un coup porté à l’économie de la Turquie.
Premièrement, c’est le secteur du tourisme qui va en pâtir, car les Russes rapportaient, annuellement, entre 3,5 et 4 milliards de dollars à l’industrie touristique turque, ce qui représente de 12% à 18% du volume total du secteur du tourisme du pays, a précisé le chef du comité.
Ensuite, la décision nuira aux entreprises turques qui travaillaient en Russie. Selon M. Pouchkov, le montant total de leurs profits s’élèverait à 50 milliards de roubles (environ 767 millions d’euros) l’année prochaine.
Troisièmement, la situation actuelle ne tardera pas à se répercuter sur les groupes turcs spécialisés dans les exportations en Russie.
« Vu que, ces dernières années, les échanges commerciaux entre la Russie et la Turquie se chiffrent à quelques 30 milliards de dollars, une telle perte constituera à coup sûr un grave obstacle à l’exportation turque », explique M. Pouchkov. « Ils seront obligés de chercher de nouveaux marchés, et ces groupes ne les retrouveront pas tous », poursuit-il.
Finalement, les évènements de ces derniers temps auront pour conséquence de porter un coup dur au budget de l’Etat turc.
« La Turquie verra ses recettes des exportations fortement réduites ainsi que pour les entreprises turques qui travaillaient auparavant sur le marché russe et celles du secteur du tourisme », a souligné le député russe.

Le 28 novembre, le chef d’Etat russe Vladimir Poutine a signé un décret visant à renforcer la sécurité nationale et introduisant des mesures économiques contre la Turquie, après l’attaque du bombardier russe Su-24.
Selon le décret, les opérateurs touristiques ne seront plus autorisés à vendre des séjours en Turquie et les vols charters entre la Russie et la Turquie seront également interdits. De même, les mesures du Kremlin interdisent aux employeurs russes d’embaucher des citoyens turcs à partir du 1er janvier 2016 et ordonnent d’interdire ou de limiter l’activité des organisations turques en Russie. De surcroît, Vladimir Poutine a ordonné d’interdire ou de limiter les opérations économiques extérieures, prévoyant l’importation sur le territoire russe de certains produits provenant de la République turque selon une liste définie par le gouvernement de la Fédération de Russie.