C’est la première fois qu’un secrétaire américain à la Défense monte sur ce porte-avions.
Le chef du Pentagone, Ashton Carter, s’est rendu samedi sur le porte-avions français Charles de Gaulle, une première pour un secrétaire américain à la Défense, a annoncé le ministère français de la Défense.
Ashton Carter, qui effectue une tournée au Moyen-Orient, a rejoint en hélicoptère le bâtiment, stationné depuis vendredi dans le Golfe pour participer aux opérations contre le groupe État islamique (EI) en Irak et en Syrie.
Cette visite hautement symbolique intervient alors que le groupe aéronaval (GAN) constitué autour du Charles de Gaulle vient de prendre le commandement de la composante navale de la coalition anti-EI emmenée par les États-Unis.
Ashton Carter a été accueilli sur le porte-avions par le secrétaire d’État français aux Anciens Combattants Jean-Marc Todeschini.
Son homologue français, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, élu vendredi président de la région Bretagne, était retenu samedi par un séminaire gouvernemental à Paris, a-t-on précisé dans son entourage.
Il s’est entretenu par téléphone avec Ashton Carter alors que celui-ci était à bord.
Coopération militaire avec la Russie.
Jean-Yves Le Drian doit se rendre dimanche et lundi à Moscou pour parler d’un renforcement de la coopération militaire avec la Russie dans la lutte contre l’EI.
Le Charles de Gaulle va rejoindre dimanche sa zone de déploiement opérationnel dans le Golfe, après une première phase d’opérations contre l’EI en novembre et décembre en Méditerranée orientale, a précisé le porte-parole de l’état-major français des armées, le colonel Gilles Jaron. Les 26 chasseurs-bombardiers embarqués – 18 Rafale et 8 Super Etendard – pourraient alors aussitôt reprendre leurs vols, au plus près du théâtre irakien, a-t-il ajouté.
Le contre-amiral français René-Jean Crignola, qui dirige le GAN, a pris le 7 décembre pour plusieurs semaines les fonctions de commandant de la coalition navale anti-EI, la Task Force 50 (TF 50), une première pour un non-Américain. Il travaille en étroite collaboration avec l’état-major naval régional américain de la coalition, l’USNAVCENT, basé à Bahreïn, qui opère sur une zone très stratégique, de la mer Rouge au Golfe. Concrètement, le contre-amiral Crignola gère les opérations au niveau tactique. Il assigne des zones, des positions et des missions aux bateaux de la coalition, en lien avec l’état-major américain.
8 912 frappes contre l’EI.
Le Charles de Gaulle, parti le 18 novembre de Toulon (France), a d’abord été engagé deux semaines en Méditerranée pour intensifier la campagne française de frappes contre l’EI après les attentats de Paris.
Il a ensuite passé le 7 décembre le canal de Suez en direction du Golfe.
Ses 26 appareils s’ajoutent aux 6 Rafale et 6 Mirage 2000 français basés respectivement aux Émirats arabes unis et en Jordanie.
Le GAN – soit 2 600 militaires – comprend un sous-marin nucléaire d’attaque, la frégate de défense aérienne Chevalier Paul, la frégate anti-sous-marine La Motte-Picquet, le ravitailleur Marne, la frégate belge Léopold Ier et la frégate allemande Augsburg.
Cette escorte observe ce qui se passe autour du porte-avions, bien plus loin que ses propres radars, et lui donne ainsi une plus grande liberté de manoeuvre.
La coalition emmenée par les États-Unis (opération Inherent Resolve) a effectué 8 912 frappes contre l’EI depuis l’été 2014, dont 5 856 en Irak et 3 056 en Syrie, selon le département américain à la Défense.
La France représente, avec 347 frappes selon l’état-major français, environ 5 % de ce total avec des pics à 20 % lors de l’engagement du porte-avions.