L’égérie du Tea Party a affiché dans l’Iowa son soutien au nabab populiste favori de la primaire républicaine.
«Mama Grizzly» is back ! Disparue ces dernières années des radars politiques américains, l’ancienne gouverneure républicaine de l’Alaska, Sarah Palin, a fait mardi soir un retour fracassant en apportant son soutien à Donald Trump.
«Etes-vous prêts pour le leader qui rendra sa grandeur à l’Amérique ? Je suis ici pour soutenir le prochain président des Etats-Unis», a lancé l’ex-égérie du Tea Party lors d’un meeting du milliardaire à Ames, dans l’Iowa, Etat qui ouvrira le bal des primaires le 1er février. Le ralliement de Sarah Palin au favori des sondages pour l’investiture républicaine n’est qu’une demi-surprise, tant les deux personnages ont beaucoup en commun. Vedettes de télé-réalité, ils partagent la même rhétorique antisystème, le même mépris pour les politiciens de Washington. Ils suscitent en outre les mêmes critiques : incompétence et tendance à privilégier les phrases chocs à la substance.
Sarah Palin, l’ancienne égérie du Tea Party américain, a apporté mardi 19 janvier un soutien remarqué, à coup d’« alléluia », à Donald Trump, le mieux placé, selon elle, pour aller « botter les fesses de l’Etat islamique ». Au cours d’un meeting du candidat à l’investiture républicaine pour l’élection présidentielle américaine à Ames, dans l’Iowa, Mme Palin a pris fait et cause pour le milliardaire qui « ne doit rien à personne si ce n’est au peuple », contrairement à d’autres candidats qui « portent le politiquement correct comme une ceinture d’explosifs ».
La candidate malheureuse à la vice-présidence des Etats-Unis, en 2008, a été régulièrement moquée pour ses déclarations approximatives et ses positions ultraconservatrices. « Sarah Palin qui a un jour recommandé aux Etats-Unis d’“être aux côtés de nos alliés nord-coréens” soutient Donald Trump », résume ainsi The Economist – il s’agissait en fait d’un lapsus qu’elle a immédiatement corrigé.
Le New York Daily News, habitué à des formules chocs, a publié mercredi 20 janvier à sa « une » une photo de l’ancienne gouverneure d’Alaska et du candidat à l’investiture républicaine avec ce titre : « I’m with stupid » (« Je soutiens l’idiot »).
Un autre tabloïd, le New York Post, a écrit sur sa première page « Lady and the Trump », reprenant avec un jeu de mot le titre du dessin animé Lady and the tramp (La belle et le clochard).
« Pas de meilleur allié que Mme Palin »
Mais beaucoup « sous-estiment » l’impact que peut avoir dans la campagne Mme Palin, qui « exploite avec M. Trump la même colère qui couve dans une large partie de la base des républicains ».
En temps normal, « les trois mariages de Donald Trump et ses casinos l’auraient discrédité dans un Iowa très évangéliste ».
Mais, continue l’hebdomadaire, les électeurs s’estiment en « temps de guerre » et « ont désigné leur ennemi : Washington ». Aussi, « si la bataille contre l’establishment est votre but, il n’y a pas de meilleur allié que Mme Palin ».
« Elle lui confère une crédibilité auprès des femmes conservatrices », abonde Kellyanne Conway, une conseillère de Ted Cruz, concurrent de M. Trump pour les primaires républicaines.
Le quotidien estime que le soutien de Mme Palin provoque un « soubresaut » chez
« la base tourmentée » des républicains.
Il est aussi le signe d’une escalade entre M. Cruz et M. Trump, qui cherchent tous deux des alliés chez les figures « anti-establishment » influentes du Parti républicain.
La prestation de l’ancienne candidate mercredi soir aux côtés du milliardaire n’a d’ailleurs rien laissé au hasard : elle s’est déroulée au cours d’un meeting dans l’Etat où va se tenir, le 1er février, la première étape des primaires pour désigner les candidats à la présidentielle.
« Une star de la télé-réalité »
Dans cet état du Midwest, Donald Trump et Ted Cruz, sont au coude-à-coude. Aussi, Sarah Palin, qui est « une star de télé-réalité, habituée à jouer avec les caméras et souvent accusée de privilégier l’éclat au fond », « pourrait amplifier l’attention portée par les médias sur la candidature de M. Trump », au détriment de M. Cruz, analyse le NYT.
Lors des élections sénatoriales de 2014, Sarah Palin avait déjà apporté son soutien à la candidate Joni Ernst, une personnalité « appréciée des républicains de l’Iowa ».
Pour Jeff Ortiz, co-président des républicains dans le comté de Story, où se tenait le meeting mardi soir, le soutien de l’ancienne gouverneure ne va pas convaincre ceux qui ont décidé de voter pour un concurrent de Trump. Mais explique-t-il, cité dans le quotidien local, il pourrait séduire ceux qui sont encore indécis.
M. Cruz, le rival de M. Trump, est bien placé pour savoir ce que représente l’appui de Sarah Palin dans une campagne, qui l’avait soutenu quand il était candidat aux sénatoriales au Texas, en 2012. Mardi 19, il a reconnu que sans son aide, il « ne serait pas au Sénat aujourd’hui ». « Quoi qu’elle fasse en 2016, je resterai un grand fan », a-t-il conclu.
Amateurisme.
Ancienne journaliste sportive, surnommée «Sarah Barracuda» quand elle jouait au basket au lycée, Sarah Palin sort donc de l’ombre pour une deuxième fois. En 2008, sa présence inattendue sur le «ticket» avait précipité la défaite du Parti républicain. Selon une étude réalisée en 2010 par des chercheurs de l’université de Stanford, les gaffes à répétition, l’amateurisme et les positions ultraconservatrices de la gouverneure de l’Alaska avaient coûté à John McCain 1,6 % des voix, soit plus de deux millions de votants qui s’étaient rabattus sur Barack Obama. Cette fois, le scénario est différent. Même si Donald Trump remportait l’investiture républicaine, il semble peu probable qu’il choisirait Sarah Palin comme colistière. Et surtout, le magnat de l’immobilier étant lui-même abonné aux provocations et aux phrases chocs, on voit mal qui Sarah Palin pourrait faire fuir.