le pari historique du président américain.
L’hôte de la Maison Blanche, pour la dernière ligne droite de son mandat, a un rêve: ramener Cuba dans le giron des amis de l’Oncle Sam. Au cours de son voyage dans l’île, Obama y parviendra-t-il ?
Pas de doute, c’est bien une visite historique que Barack Obama s’autorise, durant trois jours, à Cuba. Le dernier président américain à avoir foulé le sol de l’Ile Crocodile s’appelait Calvin Coolidge. Il participait alors à un sommet panaméricain, en 1928. Depuis, la Maison Blanche a boudé La Havane avec une grande constance. Ainsi, pendant 88 ans, une forme de disette diplomatique a marqué les relations entre les deux pays.
Les Américains n’ont d’ailleurs pas attendu Fidel Castro et sa « révolution tropicale » pour se méfier de cette île rebelle, turbulente et si exotique pour l’élite yankee. La dictature castriste, c’est vrai, n’a pas amélioré les rapports. Comment ne pas rappeler la crise des missiles, en 1962, quand l’URSS, alliée des frères Castro, pointait ses canons sur les côtes de Floride depuis Cuba ?
Comme tous les présidents démocrates depuis 50 ans,Barack Obama, a tenté depuis le début de son mandat, de sortir du piège « historique » de l’embargo américain, véritable épouvantail brandi par les frères Castro pour maintenir un régime communiste qui a conduit le pays au désastre.
Un réchauffement irréversible ?
Raoul Castro, en accueillant Obama, a un seul souci : attirer les investisseurs américains pour éviter le naufrage du système. Que lui proposera son homologue US ? C’est un des enjeux de ce voyage inédit pour ce dernier : convaincre Raoul Castro qu’il est bien décidé à tout faire pour qu’un jour ou l’autre, le Congrès américain, contrôlé par les républicains, vote la fin de cette forme de blocus économique. Il a donné de nombreux gages de sa bonne volonté. Résultat : la reprise des relations diplomatiques, le 17 décembre dernier.
Doit-il pour autant mettre les droits de l’homme dans sa poche ? Son entourage affirme qu’il est bien décidé à les évoquer au cours d’un discours public et télévisé, mardi. Cette intervention, fait exceptionnel, sera diffusée en direct par la télévision cubaine, donc sans risque de manipulation.
De nombreux observateurs craignent que ce voyage ne soit que de la poudre aux yeux et que le régime castriste ne bougera pas d’un iota en matière de liberté d’expression et de pratiques démocratiques. Ils rappellent que le pays est toujours sous le joug du parti unique, que les opposants sont sévèrement réprimés, emprisonnés ou déchus socialement, et que la presse indépendante n’existe pas.
Le régime de Cuba est-il encore une dictature ?
Malgré ces réticences, le président américain est persuadé que le réchauffement qu’il a enclenché depuis quelques mois est irréversible.
Tout simplement parce que le peuple cubain le réclame haut et fort, que la jeunesse cubaine a les yeux tournés vers les amis de Floride, exilés aujourd’hui citoyens américains devenus prospères et libres.
Un « marché en devenir »
Tout un pays à reconstruire ? En coulisses, on évoque le projet d’un plan Marshall pour Cuba, mené par Washington, pour sauver le « cousin des Caraïbes » et relancer l’économie et la consommation des 11 millions de cubains. Les proches de Fidel Castro voient déjà dans cette opération un retour de la « tutelle » américaine sur le pays.
François Hollande, il y a quelques mois, avait été le premier président occidental à effectuer le voyage à Cuba.
Il était alors accompagné d’une forte délégation de patrons d’entreprises françaises, comme Veolia ou Orange. Son objectif : placer les intérêts français dans ce « marché en devenir » avant la « déferlante américaine« . Et si la visite d’Obama était le signal de départ de cette déferlante ?
50 ans après, Cuba et les Etats-Unis enterrent la hache de guerre.
Barack Obama et Raul Castro ont annoncé de concert une normalisation des relations entre leurs deux pays. Une ambassade américaine ouvrira à Cuba et la levée de l’embargo sera examinée.
Barack Obama et Raul Castro ont pris un tournant historique, mercredi 17 décembre, annonçant une normalisation des relations entre les Etats-Unis et le régime communiste de Cuba après la libération d’un Américain détenu depuis 5 ans à La Havane. Un dégel qui devrait aboutir à une levée de l’embargo américain imposée à l’île et à la réouverture d’une ambassade américaine à La Havane.
Barack Obama s’est s’exprimé à midi (18 heures en France) depuis la Maison Blanche. Son homologue cubain, Raul Castro, a pris la parole à la même heure. L’allocution a été diffusée simultanément par tous les médias cubains.
Voilà ce qu’a dit le président des Etats-Unis :
- « Aujourd’hui, j’ai décidé d’alléger les conditions de voyage des familles cubaines qui vivent aux Etats-Unis vers Cuba. A travers ces rapprochements familiaux, nous allons faire en sorte que Cuba ne soit plus isolée. »
- « De hauts fonctionnaires américains vont aller à Cuba, des discussions vont avoir lieu sur la santé, l’immigration, le terrorisme, l’économie. Toutes ces questions sont à mettre en perspective avec la question des droits de l’homme à Cuba mais les 50 ans de blocus ont montré qu’ils n’avaient pas réussi à faire évoluer de façon positive la situation des droits de l’homme à Cuba. »
- « Nous allons permettre des échanges bancaires, commerciaux, de marchandises. Tout cela permettra de communiquer et aux Cubains de communiquer avec les Américains ».
- « L’embargo imposé depuis un demi-siècle est l’objet d’une loi, il va falloir entamer les négociations pour lever cet embargo ». Barack Obama veut donc examiner avec le Congrès la levée de l’embargo contre Cuba.
- « Au mois d’avril, Cuba nous rejoindra lors du sommet des Amériques. Todos somos americanos (Nous sommes tous Américains). » Barack Obama fait ici référence au continent américain.
- Les Etats-Unis vont retirer Cuba de la liste des pays soutenant le terrorisme.
- Barack Obama a remercié le pape pour son rôle dans le rapprochement entre les deux pays.
Le rétablissement des relations entre les deux pays ira jusqu’à la réouverture d’une ambassade des Etats-Unis à Cuba « dans les mois à venir ».
La Maison Blanche assure d’ailleurs qu’une visite de Barack Obama à Cuba n’est « pas exclue ». « Il n’y a rien de prévu à ce stade (…) mais je n’exclurais pas une visite présidentielle » à Cuba, a déclaré Josh Earnest, porte-parole de l’exécutif. « S’il avait une occasion de se rendre sur place, [le président] ne la laisserait pas passer », a-t-il ajouté.
De son côté, le président cubain Raul Castro s’est exprimé depuis La Havane, dans une allocution diffusée par les médias d’Etat. Voici ce qu’il a dit :
- Il a annoncé que, avec son homologue américain Barack Obama, ils s’étaient « mis d’accord sur le rétablissement des relations diplomatiques » entre les deux pays.
- Toutefois, « cela ne veut pas dire que le [problème] principal, l’embargo économique, ait été résolu ».
Des réactions hostiles en Floride.
Des annonces qui ont secoué le sud de la Floride. L’Etat américain, qui a accueilli toutes ces dernières années les vagues successives de Cubains fuyant l’île sous régime communiste, était « sous le choc ». Le « Miami Herald » décrit ainsi des manifestations d’anti-castristes hostiles à la normalisation des rapports entre les deux Etats, allant jusqu’à accuser le président Obama de trahison.
Un mouvement qui a trouvé également écho sur Twitter, y compris au sein de la classe politique locale, avec cette même accusation d’abandon des réfugiés politiques. Manny Diaz, membre républicain de la Chambre des représentants de Floride s’est ainsi immédiatement saisi du sujet :
Traduction : « Le président Obama capitule devant nos ennemis et éloigne nos alliés, il abandonne ceux qui ont combattu pour la liberté et embrasse les oppresseurs ».
53 prisonniers politiques libérés.
Les présidents Barack Obama et Raul Castro ont finalisé l’échange de prisonniers et les mesures historiques de rapprochement entre les deux pays dans un coup de téléphone mardi, a indiqué un responsable américain.
L’appel a duré entre 45 minutes et une heure, a-t-on précisé de même source. Un responsable a également précisé que Fidel Castro n’avait « pas été impliqué dans les discussions ». Le gouvernement cubain a accepté de libérer 53 détenus politiques.
Le rôle déterminant du pape.
Le pape François et le Vatican ont joué un rôle d’intermédiaire essentiel dans ce rapprochement historique. Le pape a ainsi lancé un appel personnel à Barack Obama, dans une lettre « cet été », et séparément à Raul Castro, et le Vatican a accueilli des délégations des deux pays pour finaliser le rapprochement.
« Ouvrir la porte avec Cuba pour le commerce, les voyages et l’échange d’idées va conduire à des changements positifs à Cuba, que notre politique d’exclusion n’a pas réussi à produire depuis plus de 50 ans », a déclaré dans le sénateur Richard Durbin, numéro deux du Sénat et proche du président américain.
Les Etats-Unis et Cuba, séparés seulement par les 150 kilomètres du détroit de Floride, n’ont plus de relations diplomatiques officielles depuis 1961, mais disposent chacun d’une section d’intérêts qui fait office d’ambassade. Washington impose un embargo commercial à La Havane depuis 1962.
Alan Gross libéré à La Havane.
Alan Gross, 65 ans, qui est arrivé mercredi matin aux Etats-Unis, a été libéré pour des raisons humanitaires, a indiqué un responsable américain sous couvert d’anonymat.
Washington a toujours conditionné une détente avec Cuba à la libération de cet ancien contractuel de l’agence fédérale américaine pour le développement international (USAID), une branche du département d’Etat.
Arrêté le 3 décembre 2009 à Cuba, Alan Gross avait été condamné en 2011 à 15 ans de prison pour avoir introduit du matériel de transmission satellitaire interdit dans l’île communiste.
Il a été libéré en échange de trois Cubains écroués aux Etats-Unis. Membres du « groupe des Cinq », ces derniers ont été condamnés en 2001 à de lourdes peines de prison pour espionnage et sont considérés à Cuba comme des « héros de la lutte antiterroriste ».
« Alan Gross a été libéré pour des raisons humanitaires. Il y a eu échange avec des gens du renseignement », a dit ce responsable. Interrogé pour savoir s’il s’agissait de trois agents cubains arrêtés en 1998 aux Etats-Unis, ce responsable a répondu « oui ».
Quelques signes de détente.
A l’occasion de la crise d’Ebola et de la coopération internationale sur cette question de santé publique, les Etats-Unis et Cuba ont multiplié en octobre les échanges d’amabilités. En dépit de ses difficultés économiques et de ses moyens modestes, Cuba s’est en effet projeté à l’avant-scène de la lutte contre le virus en Afrique de l’Ouest.
Fait rare, le secrétaire d’Etat américain John Kerry a même salué la démarche du régime communiste. Le lendemain, l’ex-président cubain Fidel Castro, éternel contempteur du voisin honni, avait déclaré que son pays « collaborerait avec plaisir avec le personnel américain » pour lutter contre Ebola.
Quelques signes de détente sont apparus ces dernières années. Le président Raul Castro, qui a succédé à son frère depuis 2006, a mis un frein aux diatribes anti-américaines, alors que son homologue Barack Obama a assoupli les règles qui s’appliquent aux voyages vers l’île communiste.
La publication, il y a quelques mois, d’un éditorial du « New York Times » intitulé « Il est temps d’en finir avec l’embargo contre Cuba« , avait été jugé « d’une grande habileté » par Fidel Castro.
Mais Washington a maintenu juqu’à ce jour une ligne ferme envers La Havane.
L’embargo américain maintenu depuis 1962, condamné chaque année aux Nations unies à une écrasante majorité, est vivement critiqué sur l’île communiste et les tensions diplomatiques sont fréquentes.
Plusieurs sondages montrent toutefois qu’une majorité d’Américains se disent favorables à un changement de politique à l’égard de Cuba, y compris en Floride où réside une très importante communauté cubano-américaine anticastriste.
Depuis 50 ans, des centaines de milliers de Cubains ont émigré, pour la grande majorité aux Etats-Unis. Aux émigrés « politiques » des premières années de la Révolution, ont succédé des milliers de d’émigrés plus « économiques » qui ont conservé des attaches et de la famille dans l’île.
Le régime de Cuba est-il encore une dictature ?
Régime personnel, liberté de la presse, opposition inexistante : François Hollande s’est rendu dans un pays au régime autoritaire voire dictatorial. Mais le président n’a jamais dit le contraire.
« Que la France puisse accompagner Cuba dans l’ouverture qui est la sienne, que la France soit la première, c’est sa vocation. » En se rendant à Cuba, François Hollande est devenu le premier chef d’Etat français en voyage officiel sur l’île. Le chef de l’Etat a fait coup double en rencontrant lundi le père de la révolution cubaine Fidel Castro, avec lequel il assure avoir vécu un « moment d’histoire ».
J’avais devant moi un homme qui a fait l’histoire. Il y a forcément débat sur ce qui a pu être sa place, ses responsabilités, mais venant à Cuba je voulais rencontrer Fidel Castro », a commenté le président, affirmant que le Lider Maximo avait « beaucoup parlé » malgré ses 88 ans.
Mais ce déplacement, et surtout la rencontre avec Fidel Castro, a « choqué » une partie de la classe politique, à l’image du député UMP Bruno Le Maire qui s’est dit « fasciné par la complaisance de la gauche française vis-à-vis du régime castriste qui est une dictature de la pire espèce qui a opprimé des dizaines de milliers de Cubains ».
A priori moins gêné par la venue à Paris des dictateurs syrien Bachar al-Assad ou libyen Mouammar Kadhafi, Bruno Le Maire a conspué « un moment pathétique, celui de la rencontre d’un président de la République avec un dictateur ».
Des termes que n’aurait d’ailleurs pas réfutés l’ancien premier secrétaire du Parti socialiste… François Hollande. En 2003, il dénonçait dans « la transformation « en cauchemar politique de « la belle révolution de 1959 ». Et de détailler « l’arsenal complet » de la « dictature » cubaine : « pouvoir personnel, voire familial, refus d’élections libres, censure, répression policière, enfermement des dissidents, camps de travail, peine de mort ».
Un texte que François Hollande assume toujours selon « Le Point », puisqu’il a lâché lors de son déplacement : « On connaît les ombres et les lumières de l’île. »
« Pouvoir personnel, voire familial »
D’un Castro à un autre Castro. Les mots de François Hollande de 2003 étaient prémonitoires. Après avoir été président des Conseils d’Etat et des ministres de la République de Cuba par intérim à partir du 31 juillet 2006, Raúl Castro a été élu président du Cuba le 24 février 2008, succédant ainsi à son frère Fidel Castro. Avant cela, il occupait déjà, depuis 1976, le poste de vice-président des Conseils d’État et des ministres et était en charge du ministère des Forces armées révolutionnaires. Depuis 2011, il occupe aussi le poste de Premier secrétaire du Parti communiste cubain. Il a été réélu président en 2013.
Néanmoins, ce devrait être le dernier mandat de Raúl Castro, âgé de 83 ans. « Dans mon cas, ce mandat est le dernier », avait-il affirmé en 2013, prônant « un transfert en douceur et ordonné des charges du pouvoir aux nouvelles générations ».
Son successeur désigné, nommé premier vice-président du Conseil en 2013, est d’ailleurs un « jeune » quinquagénaire : l’ex-ministre de l’éducation supérieure, Miguel Diaz-Canel.
« Refus d’élections libres », « enfermement des dissidents ».
Cuba possède les attributs d’une « démocratie participative », mais les élections n’ont aucun enjeu, assurait Arte sur son site en janvier 2013. « Les candidats sont tous membres du Parti communiste cubain, aucun opposant ne peut se présenter. »
C’est un exercice de la démocratie sans pluralisme », résumait Olivier Dabène, chercheur au Centre d’études et de recherches internationales, auprès de la chaîne.
Aux élections de 2008, 96 % de la population en âge de voter s’était rendue aux urnes. En 2013, 91,27%. Voter est « un rituel, une habitude sociale », affirme le chercheur. Arte insistait aussi, à l’époque, sur le rôle des Comités de défenses de la révolution, accusés « de surveiller et de contrôler la population, et de dénoncer d’éventuels dissidents ».
Avec l’arrivée au pouvoir de Raúl Castro, Cuba a pourtant signé les deux pactes des Nations unies relatifs aux droits civils et politiques, ainsi qu’aux droits économiques, sociaux et culturels, témoignant d’une volonté de se conformer au droit international. Mais sans les ratifier.
Si l’accession de Raúl Castro à la tête du pays avait suscité des espoirs en termes d’ouverture, ils ont été contredits par le renforcement de la répression depuis 2011, dénonce de son côté Reporters sans frontières.
Bien sûr, le récent dégel s’est accompagné de progrès dans le domaine des droits de l’homme, avec notamment la libération de 53 prisonniers politiques en janvier 2015.
On n’envoie plus en prison, comme auparavant, des dissidents pour 10 ou 15 ans, reconnaît Robin Guittard, le chargé de campagne d’Amnesty international pour la zone Caraïbes, dans les colonnes de « Libération ».
« En revanche, la pression sur les opposants s’accentue, ils sont harcelés, arrêtés et interrogés plusieurs fois par mois. En 2014, il y avait en moyenne 700 arrestations de courte durée par mois. En mars de cette année, il y en a eu plus de 600. […] Sur le plan des libertés d’expression, de réunion et d’association, rien n’a évolué, le système répressif reste le même : pas de presse ni de syndicats indépendants, aucune association possible hors des structures officielles. »
Actuellement, l’ONG, qui est interdite à Cuba depuis 1988, défend un seul prisonnier politique à Cuba : Ciro Alexis Casanova Pérez, condamné à un an de détention pour « trouble à l’ordre public » : « Il avait organisé à Placetas, dans le centre de l’île, une manifestation contre le pouvoir, dont il était le seul participant. »
Pourtant, selon l’Elysée, le président français n’a été saisi d’aucun cas de prisonnier politique à Cuba. Le premier geste de François Hollande lundi matin a toutefois été de remettre la légion d’honneur au cardinal Jaime Ortega, qui a notamment joué un rôle de médiation pour la libération de prisonniers politiques en 2010.
Robin Guittard relève un autre point positif récent : la réforme migratoire de 2013 et l’abrogation de la « tarjeta blanca ». Cette « carte blanche », « nécessaire à toute sortie du pays », qui était couramment refusée aux dissidents et opposants politiques.
« Censure » et liberté de la presse.
Au cours de sa visite, François Hollande devait remettre à Raúl Castro un stylo, symbole de la liberté d’expression, très limitée sur l’île. Un geste insuffisant pour la romancière cubaine Zoé Valdés:
Je ne pense pas que Raúl Castro comprenne le symbole du stylo. Ce n’est pas un écrivain ! Et sous son régime, vous ne pouvez pas crier ce que vous voulez dans la rue, sinon vous allez en prison. Il y a encore pas mal de journalistes et d’écrivains en prison aujourd’hui. Je pense que Raúl Castro va s’en foutre, il va rigoler comme il l’a fait avec le Pape. C’est quelqu’un qui aime se moquer des symboles. »
« La situation de la liberté de l’information demeure extrêmement problématique à Cuba, où seuls les médias officiels sont autorisés », déplore également Reporters sans frontières : une télévision, une radio, deux quotidiens (Granma et Juventud Rebelde) et leurs déclinaisons locales, qui servent avant tout à relayer la propagande du régime. « La répression à l’encontre de ceux véhiculant des idées critiques à l’encontre du régime se poursuit, sous la forme de détentions arbitraires ou encore de menaces. L’utilisation d’Internet reste étroitement contrôlée. »
L’association assure que deux journalistes sont actuellement emprisonnés à Cuba : le correspondant du quotidien officiel « Granma », José Antonio Torres, depuis le 1er mai 2011, et Yoeni de Jesús Guerra García, depuis le 13 mars 2014. Ainsi que le blogueur et « net-citoyen » Ángel Santiesteban-Prats, depuis le 28 février 2013.
Les journalistes et blogueurs cherchant à informer de façon indépendante sont toujours condamnés à diffuser leur production de l’information à partir de supports extérieurs, assure également RSF, qui pointe aussi une réglementation « draconienne » pour les médias étrangers. « Une clause établit notamment qu’un journaliste étranger dont le traitement de l’actualité serait jugé ‘trop négatif’ par le régime encourt une expulsion immédiate. »
Peine de mort.
La peine de mort est toujours en application à Cuba. Néanmoins le régime a commencé en 2008 à commuer les peines de mort des quelque 50 condamnés des couloirs de la mort en des condamnations de prison.
Cette décision a été adoptée, non à la suite de pressions, mais comme un acte souverain en accord avec la conduite humanitaire et éthique » du pays, avait affirmé Raúl Castro, précisant que cela « ne signifie pas que nous supprimons la peine de mort du Code pénal ».
Pourtant, deux ans plus tard, en décembre 2010, le Tribunal suprême de Cuba a commué la peine capitale du dernier homme condamné à mort, l’anticastriste Humberto Real, en 30 ans de prison.
Cet homme de 40 ans avait été condamné en 1996 pour des « actes contre la sécurité de l’Etat » et « l’assassinat » d‘un homme en 1994, lors d’un débarquement dans le centre-nord de l’île avec un groupe armé du Parti Unité nationale démocratique basé en Floride.
Cuba n’a donc plus aucun condamné à mort dans ses prisons. Et le pays n’a pas procédé à une exécution capitale depuis avril 2003. Trois hommes avaient alors été fusillés pour avoir pris en otages 50 personnes dans une embarcation, et menacé l’équipage de leurs armes. Ils souhaitaient prendre la mer pour Miami.