Une explosion dans un bus à Jérusalem fait 21 blessés.

C’est le premier attentat de ce genre depuis 5 ans dans la capitale israélienne. Si les auteurs de l’attaque ne sont pas encore connus, celle-ci fait resurgir le spectre de la 2e Intifada dans la ville « trois fois sainte ».
L’explosion qui a réduit un bus en cendres, ce lundi 18 avril en fin d’après-midi à Jérusalem, a pour ainsi dire résonné jusqu’à New York, entre les murs feutrés du Conseil de sécurité de l’ONU, où une vive algarade a éclaté entre représentants palestinien et israélien lors d’un débat sur la situation au proche-Orient.
L’ambassadeur israélien Danny Danon, qui exigeait que son homologue Ryad Mansour condamne l’attaque à la bombe – 21 blessés dont plusieurs graves – a subitement élevé le ton face à son refus : « Honte à vous qui glorifiez le terrorisme ! »
Réplique immédiate :
« C’est vous qui devriez avoir honte d’avoir tué des enfants palestiniens ! »
Si l’on aurait pu craindre un bilan humain plus lourd au vu de l’état du véhicule, l’émotion est palpable à Jérusalem, qui n’avait pas connu de telle attaque depuis 2011. Le maire Nir Barkat, présent sur les lieux du drame, a intimé aux habitants de la ville de « rester vigilants ».
Une bombe à l’arrière.
Lundi, le bus circulait rue Moshé Baram, près de la ligne de démarcation entre le secteur occidental de la ville – israélien – et le secteur oriental – palestinien et occupé par Israël, lorsqu’une bombe, située « dans la partie arrière du bus », a provoqué un important incendie. Parmi les 21 blessés, deux sont dans un état grave et la majorité sont atteints de brûlures, selon les secours.
« Un autre bus et une voiture à proximité ont été endommagés » par l’explosion, selon la police.
La police israélienne a laissé durant plusieurs heures planer le doute sur les causes de cette explosion, alors que des attaques contre des Israéliens secouent Israël, les Territoires palestiniens et Jérusalem depuis des mois. Il a fallu attendre la soirée pour que le service de sécurité intérieure israélien, le Shin Beth, évoque une « attaque terroriste ».
« Régler nos comptes avec ces terroristes »
Ces images d’épaisses colonnes de fumée noire s’échappant des véhicules, de blessés transportés à bord d’ambulances aux sirènes hurlantes, ont aussitôt fait renaître des souvenirs trop familiers dans la ville « trois fois sainte » : le spectre des attentats suicide dans des bus, attaques les plus spectaculaires de la deuxième Intifada qui avait semé la terreur en Israël de 2000 à 2005.
Jusqu’ici, l’attaque n’a pas été revendiquée mais le mouvement islamiste palestinien Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, l’a « saluée« , en la présentant comme « une réponse naturelle aux crimes sionistes […], notamment les exécutions sommaires ».
Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a promis de « trouver celui qui a préparé cet engin explosif » :
« Nous allons régler nos comptes avec ces terroristes. Nous menons une bataille permanente contre le terrorisme, le terrorisme au couteau, le terrorisme armé, celui des bombes, des roquettes et des tunnels. »
Le président Reuven Rivlin a estimé que « la lutte contre le terrorisme ne connaît pas de répit. « Nous allons atteindre tous ceux qui nous veulent du mal, jusqu’à ce que le calme soit instauré ».
229 morts ces 6 derniers mois.
Si les auteurs de l’attaque s’avèrent être des Palestiniens, cela marquerait une brusque escalade dans le récent cycle de violence né aux abords de l’esplanade des Mosquées, et qui a fait, principalement lors d’attaques à l’arme blanche, au moins 229 morts ces 6 derniers mois – 201 Palestiniens et 29 Israéliens.
De nouvelles tensions autour de l’esplanade des Mosquées, site le plus sacré du judaïsme et troisième lieu saint de l’islam, pourraient de nouveau éclater alors que débutent vendredi soir les célébrations de la Pâque juive (Pessah).
Lundi soir, la France a condamné l’attentat « avec la plus grande fermeté ». Dans un communiqué, le ministre des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault « appelle à l’apaisement afin d’éviter une escalade meurtrière et souligne avec force l’impérieuse nécessité d’œuvrer en faveur de la paix. »
Une survivante de l’attentat du bus : j’ai cherché ma fille, je l’ai retrouvée “toute brûlée”
“Dans un mois, elle aura 16 ans, et maintenant elle est endormie et sous respirateur”, dit Racheli Dadon après l’attaque terroriste de Jérusalem qui a blessé 21 personnes.
Une survivante de l’explosion du bus de Jérusalem a raconté lundi soir depuis son lit d’hôpital comment elle avait cherché sa fille adolescente juste après l’attaque terroriste, et l’avait retrouvée « toute brûlée ».
Racheli Dadon, habitante de Jérusalem, était dans le bus 12, lundi après-midi, avec Eden, sa fille de 15 ans, quand il a explosé, blessant 21 personnes.
Deux personnes ont été sérieusement blessées, dont une est dans un état critique, et six ont été modérément blessées, selon la police et les secours. Il n’y a pas eu de revendication d’un groupe terroriste ou d’individus pour l’instant.
« Tout était sombre et enfumé, j’ai cherché ma fille, et elle était toute brûlée », a dit Dadon au site d’informations Ynet. « Après l’explosion, je me suis évanouie. Son visage était noir, vous ne pouviez pas la voir. »
Dadon a raconté qu’on lui avait dit de s’allonger et qu’elle a ensuite entendu une deuxième explosion. « Ma fille ne pouvait pas sortir [seule], alors ils l’ont sortie », a-t-elle dit.
Eden Dadon était dans un état modéré à sérieux après l’attaque, selon Ynet. « Dans un mois, elle aura 16 ans, et aujourd’hui elle est endormie et sous respirateur. Je prie pour qu’elle s’en sorte », a dit Dadon.
Or Bondy était à bord du bus 12 sur la rue Moshe Baram, près de la route de Hébron, quand celui-ci a explosé. Il venait d’envoyer en message à son père, Tzadok, disant : « Comment ça va Papa ? »
Le jeune marié de 25 ans, qui rentrait chez lui après une journée de travail, a été brûlé au visage, aux bras et aux jambes. Deux heures après, Or Bondy entrait dans un scanner médical, à peine capable de parler.
L’explosion était un rappel douloureux d’une méthode terroriste souvent utilisée pendant la Deuxième Intifada de la dernière décennie, mais qui était depuis devenue rare, puisque les attaquants dits « loups solitaires » agressaient les Israéliens avec des couteaux, des voitures et des armes à feu.
« Je l’avais toujours mis de côté », a dit Tzadok Bondy aux journalistes en parlant des attaques terroristes à Jérusalem. « Maintenant, ça a infiltré ma famille. »
Le bus a explosé vers 17h45 alors qu’il passait près du quartier Talpiot, à l’extrémité sud de la capitale, avec un certain nombre de passagers, selon la police. L’explosion a incendié une voiture et un second bus, qui était vide, blessant plusieurs personnes.
Moshe Levi, le chauffeur du bus, a déclaré lundi soir aux médias hébraïques qu’il n’avait remarqué personne de suspect dans son bus, et avait effectué deux contrôles de sécurité peu avant l’explosion.
Quand le bus a explosé, il a ouvert les portes et a couru dehors, appelant les conducteurs à proximité à alerter la police, a dit Levi.
L’attaque terroriste a brisé un calme relatif dans la ville après une vague de violence palestinienne de six mois qui semblait s’arrêter, et a marqué un retour à un type de violence que Jérusalem n’a pas connu depuis des années.
Le chef de la police de Jérusalem, Yoram Halevy, a déclaré lundi soir que l’explosion avait été causée par un engin explosif placé dans le bus, mais ne savait pas si le terroriste était dans le bus au moment de l’explosion.
« Quand une bombe explose dans un bus, c’est une attaque terroriste », a déclaré Halevy, confirmant que l’explosion était une action terroriste.
La police enquêtait pour savoir si l’une des personnes sérieusement blessées dans l’explosion était en fait le terroriste. Cependant, l’identité de la victime brûlée n’a pas encore été confirmée, a déclaré un porte-parole.
Les groupes terroristes du Hamas et du Djihad islamique, ainsi que les comités de résistance populaire, ont « accueilli » l’attaque mais ne l’ont pas revendiquée.