L’État islamique pourrait avoir perdu tout le territoire qu’il s’était accaparé en Libye, d’après les forces armées du pays qui affirment que la ville de Syrte a été reprise des mains des djihadistes après trois semaines d’offensive.
Les forces libyennes affirment avoir atteint le centre de la ville côtière de Syrte, bastion clé de l’Etat islamique, ce qui pourrait signifier la perte par le groupe terroriste de tout son territoire en Libye.


L’assaut du jeudi 9 juin a été réalisé à partir de trois directions, avec des frappes aériennes sur la salle de conférence «Ouagadougou conference city hall», considéré comme le centre administratif de Daesh en Libye.
En fin de journée, les forces libyennes affirmaient que la ville avait été complétement reprise. Des vidéos diffusées sur les médias sociaux montrent des miliciens triomphants criant «Allahu Akbar», tandis que leurs véhicules roulent en direction de Syrte.
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Les Forces de Misrata, alignées avec le gouvernement de Tripoli soutenu par l’ONU, ont affiché des photographies montrant qu’ils avaient capturé la zone autour d’un panneau emblématique précédemment utilisé par Daesh pour exhiber des corps de prisonniers assassinés vêtus de combinaisons oranges. Le panneau d’affichage a été démoli et les milices ont poursuivi leur chemin.
Le recul de Daesh en Libye a néanmoins coûté la vie à 100 combattants libyens. 490 ont été blessés, ce qui a conduit le gouvernement à demander une aide médicale d’urgence à l’ONU.
L’attaque semble avoir été montée par deux brigades des milices de Misrata dont Al-Bunyan Al-Marsoos, une milice en mesure d’appeler un renfort aérien.

L’homme a également suggéré que l’Etat islamique n’avait pas réussi à obtenir le soutien des habitants de Syrte et qu’il était «évident» que le nombre de 6 000 combattants de Daesh présents à Syrte avancés par le renseignement américain était une exagération car les effectifs de ces derniers étaient selon lui plutôt de l’ordre de 700.
Mattia Toaldo a ajouté que la reprise de Syrte ne signifie pas que Daesh en a fini avec la Libye. «Ils peuvent très bien se regrouper dans le désert pour frapper plus tard à Tripoli».
Après l’intervention militaire occidentale en 2011, la Libye a sombré dans le chaos. Le gouvernement reconnu internationalement et siégeant à Tobrouk a voté le rejet du projet, soutenu par l’ONU, de formation d’un gouvernement d’unité nationale basé à Tripoli, tandis que Daesh tente de s’approprier des bases industrielles et des réserves de pétrole dans le nord du pays.
Les Etats-Unis ont envoyé deux unités de leurs forces spéciales en Libye.
Des forces des opérations spéciales américaines sont stationnées dans deux avant-postes à l’est et à l’ouest de la Libye depuis fin 2015, ont révélé des responsables américains cités par le Washington Post.
Le but de ces troupes, selon l’article qui cite des responsables sous couvert d’anonymat, consiste à coordonner des partenaires libyens pour préparer une offensive éventuelle sur les positions de Daesh.
«Deux équipes, comptant moins de 25 troupes, opèrent autour des villes de Misrata et de Benghazi pour identifier des alliés potentiels parmi les factions armées locales et recueillir des renseignements sur les menaces», lit-on dans la publication.
La présence de militaires américains risque de fragiliser un peu plus une situation déjà compliquée dans la région. Entre deux parlements rivaux (celui basé dans la capitale Tripoli aux mains d’une coalition de milices, Fajr Libya, et celui installé à Tobrouk, reconnu par la communauté internationale), le pays connait une propagation de Daesh, de jour en jour.
Selon les données du renseignement américain, le bastion principal des terroristes en Libye se trouve à Syrte, où Mouammar Kadhafi a été exécuté. Plusieurs contingents de Daesh sont également basés près de Benghazi et de Derna.

En février, le général américain Joe Dunford, chef d’état-major interarmées, a estimé qu’il fallait arrêter la hausse de l’influence du groupe terroriste en Libye par des moyens militaires. Il s’était aussi montré certain que l’organisation s’apprêtait à effectuer la coordination de ses activités en Afrique depuis la Libye.
Si l’on en croit les déclarations, début avril, de David Rodriguez, officier de l’armée de terre des Etats-Unis, le nombre de combattants de Daesh en Libye s’élève à environ 6 000 personnes. «Selon les donnée de l’agence de renseignement, la Libye compte environ 4 000 – 6 000 combattants de Daesh, ce qui est deux fois plus que leur nombre il y a 12 – 18 mois», avait-il confié.