Le Président turc Erdogan a changé la donne sur plusieurs conflits en 2020, en Libye ou dans le Caucase, profitant du chaos stratégique autour de lui, et à Washington. Qu’en sera-t-il en 2021, avec l’administration Biden ?

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S’il fallait désigner une puissance de l’année 2020, ce serait incontestablement la Turquie de Recep Tayyip Erdogan. Cela ne serait évidemment pas un hommage à sa contribution à l’apaisement des tensions dans le monde ; mais au contraire une reconnaissance de son audace stratégique, qui en fait une puissance capable de changer la donne sur plusieurs « fronts » simultanément.

Au passage, le Président turc n’a pas peur de provoquer des alliés – ou rivaux, on ne sait plus vraiment -, en principe plus puissants que lui, qu’il s’agisse de l’Europe, de la Russie, ou même dans une certaine mesure, des États-Unis. Et il en profite aussi pour renforcer son contrôle politique et autoritaire sur la société turque, qui s’éloigne chaque jour un peu plus des rivages démocratiques et de l’état de droit.

Hier, le parlement turc, majoritairement contrôlé par le parti AKP d’Erdogan, a voté une loi théoriquement antiterroriste, qui restreint en fait un peu plus les organisations non-gouvernementales et la société civile. Le gouvernement s’octroie en réalité un droit de vie et de mort sur les ONG turques ou internationales travaillant dans le pays, selon le directeur d’Amnesty International-Turquie.

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Le Président turc, un islamo-conservateur selon la définition convenue, a perçu dans le chaos des dernières années, une opportunité stratégique de faire grandir l’influence de la Turquie ; ce que beaucoup interprètent comme un rêve de retour à la grandeur ottomane disparue il y a 100 ans.

On l’a ainsi vu à l’œuvre militairement dans le nord de la Syrie, en Libye, en Méditerranée orientale, et dernièrement dans le conflit entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie autour du Haut Karabakh. Dans ce dernier conflit, ce sont les drones armés et ce qu’on appelle les « munitions rodeuses » turques qui ont fait la différence, et permis à l’Azerbaïdjan de remporter une victoire décisive. Erdogan était récemment à Bakou pour un défilé de la victoire.

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La semaine dernière, c’est en Libye que le ministre turc de la défense est allé relever le défi lancé par le maréchal Haftar, le chef militaire de l’Est libyen, qui a lancé un appel à prendre les armes contre ce qu’il a appelé « l’occupation turque ». L’émissaire d’Erdogan l’a traité de « criminel de guerre » et l’a mis au défi de s’opposer à l’armée turque.

Qu’est-ce qui peut arrêter la Turquie ? Le Président turc répond aux rapports de force. Lorsque la Russie a sifflé la fin de la guerre dans le Caucase, la Turquie et son allié Azerbaidjanais sont rentrés dans le rang. Et elle joue au chat et à la souris avec l’Europe dont elle pense qu’elle est incapable d’imposer un véritable rapport de force, en raison de ses divisions, de la peur de l’immigration, et de ce qu’Erdogan considère comme un véritable déclin européen. 

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La seule puissance qu’il ménage, c’est la Chine : Erdogan dénonçait il y a quelques années le sort des Ouigours turcophones de l’Ouest chinois qu’il qualifiait de « génocide » ; il se tait aujourd’hui en échange d’avantages économiques vitaux alors que l’économie turque est en crise.

Restent les États-Unis : il avait su jouer de la girouette Trump, même si à la fin, l’achat d’armes russes lui a valu des sanctions américaines. C’est l’une des inconnues de 2021, le comportement de l’administration de Joe Biden vis-à-vis d’un allié turc devenu un électron libre pour ses propres intérêts. Pour Erdogan, ce sera l’heure de vérité de sa puissance émergente.

Des Ouïghours sont soumis au travail forcé. Il faut boycotter la Chine” –  Lignes d'horizon

Ouïghours : cinq questions sur l’accord d’extradition avec la Turquie ratifié par la Chine.

Pékin a ratifié ce dimanche l’accord d’extradition signé en 2017 avec Ankara afin d’accélérer le retour de certains Ouïghours musulmans.

La Chine a ratifié l'accord d'extradition signé en 2017 avec la Turquie afin d'accélérer le retour de certains Ouïghours musulmans.
La Chine a ratifié l’accord d’extradition signé en 2017 avec la Turquie afin d’accélérer le retour de certains Ouïghours musulmans.
VOLKAN FURUNCU / ANADOLU AGENCY / Anadolu Agency via AFP



Recep Tayyip Erdogan a changé son fusil d’épaule. En 2009, celui qui était alors Premier ministre de la Turquie qualifiait les troubles survenus dans la province du Xinjiang, peuplée d’Ouïghours, turcophones et musulmans, de « génocide », rappelle Courrier International. Mais, ce dimanche, la Chine a annoncé la ratification d’un traité d’extradition avec la Turquie, un texte que Pékin veut notamment utiliser pour accélérer le retour de certains Ouïghours musulmans soupçonnés de « terrorisme » et réfugiés en Turquie. Quels sont les liens entre la Turquie et les Ouïghours ?
La Turquie a des liens linguistiques et culturels avec les Ouïghours, des musulmans parlant une langue turcique. Ankara a ainsi longtemps été l’un des principaux défenseurs de leur cause sur la scène internationale, avant d’être plus discret. Même si le parlement turc n’a pas encore ratifié cet accord bilatéral signé en 2017, l’initiative devrait susciter l’inquiétude au sein de l’importante diaspora ouïghoure (estimée à 50 000 personnes) présente en Turquie. 
Pourquoi la Chine veut-elle extrader certains Ouïghours musulmans ?
La Chine a engagé dans sa région du Xinjiang (nord-ouest) une politique de surveillance maximale des Ouïghours après de nombreux attentats meurtriers commis contre des civils. Pékin accuse la mouvance séparatiste et islamiste ouïghoure

LA TRAGÉDIE DES OUÏGHOURS EN CHINE (CAMPS SECRETS) - YouTube

Selon des experts étrangers, les autorités chinoises ont interné au moins un million de personnes, notamment ouïghoures, dans des « camps« . Pékin parle de « centres de formation professionnelle » destinés à aider la population à trouver un emploi et ainsi l’éloigner de l’extrémisme. S’estimant victimes de persécution, des Ouïghours ont fui en Turquie. 
En quoi consiste le traité ?

C’est en 2017 que la Chine et la Turquie avaient signé un accord d’extradition. L’accord vient seulement d’être ratifié. « Le comité permanent de l’Assemblée nationale populaire a ratifié » le « traité d’extradition » sino-turc, a indiqué samedi soir dans un court communiqué le parlement chinois sur son site Internet.  

Le texte prévoit toutefois plusieurs motifs de refus. C’est notamment le cas si l’Etat auquel est soumise la demande d’extradition l’estime liée à un « crime politique », si la personne visée est l’un de ses citoyens, ou encore si cette dernière bénéficie du droit d’asile. 
Pourquoi la Turquie a-t-elle changé de politique vis-à-vis des Ouïghours ?
La Turquie est le seul pays à majorité musulmane à avoir jusqu’ici dénoncé publiquement le traitement des Ouïghours. Le ministre turc des Affaires étrangères l’avait ainsi qualifié début 2019 de « honte pour l’humanité ». En 2015, Recep Tayyip Erdogan avait lui même fustigé la politique de la Chine à l’égard des Ouïghours, six ans après avoir évoqué un « génocide ».  
Chine : Comment Pékin «lave le cerveau» des Ouïghours en prison | El Watan
Mais l’attrait d’un partenariat commercial avec la Chine a changé la donne, notamment depuis que la Turquie est sous le coup d’un embargo des Etats-Unis et que les relations avec la France ainsi que l’Union européenne se sont refroidies ces derniers mois. L’an passé, le président turc a même vanté en Chine la politique menée au Xinjiang, y jugeant les gens « heureux », selon des propos rapportés par l’agence officielle Chine nouvelle. La Turquie souhaiterait développer leurs échanges avec la Chine et espère accueillir trois millions de touristes chinois par an, précise RFI. La Chine est le deuxième importateur de produits turcs au monde.  
Qu’en pense l’opinion turque ?
La question est délicate pour Ankara, car les Turcs sont globalement sensibles à la cause ouïghoure. Des articles de presse accusant la Turquie d’expulser discrètement des Ouïghours vers la Chine ont ainsi provoqué un tollé dans l’opinion. Le 1er octobre dernier, ces centaines de manifestants ont protesté à Istanbul contre le traitement dont sont victimes les Ouïghours.  

La société ouïghoure face au nouveau modèle ultra-sécuritaire chinois

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