Les archéologues ont utilisé des ressources de haute technologie et ont installé des centaines de caméras 3D pour créer des archives digitales complètes de toutes les constructions menacées par les pillages et les attaques destructrices de l’EI.
« Nous voulons inonder le Moyen-Orient de caméras 3D de faible coût et recruter des collègues pour prendre le plus de photos possible des objets de valeur historique »,
indique l’Institut d’Archéologie Digitale d’Oxford dans un communiqué.
L’objectif est de prendre des photographies sous tous les angles de chaque édifice afin que les archéologues puissent utiliser l’impression en trois dimensions pour le reconstruire des mêmes manière, dimension et forme que l’original, en cas de dégradation de cette construction par l’Etat Islamique.
Le groupe d’archéologues travaille directement avec l’unité du patrimoine de l’UNESCO, afin de réunir quelque 5 millions d’images d’antiquités, depuis les palais de Mésopotamie jusqu’aux monnaies et céramiques, et ce avant la fin de l’année 2015. D’ici 2017, l’objectif est de réunir un total de 20 millions de photos.
Les attaques de l’Etat Islamique ont pour but de détruire l’histoire.
Le plan que les experts d’Oxford et de Harvard ont communiqué au Times a été élaboré suite aux analyses des attaques de l’Etat Islamique sur différents sites historiques de Syrie, et, plus particulièrement, suite à la destruction du temple Baal Shamin de Palmira la semaine passée, qui représente la plus grande perte architecturale depuis la seconde guerre mondiale.
Roger Michel, directeur de l’institut, assure que
« si ISIS arrive à nettoyer et réécrire l’histoire de la région, cela affectera non seulement l’esthétique du lieu mais également les sensibilités politiques et causera un effet négatif coûteux et irréversible ».
Le groupe terroriste justifie la destruction des sites historiques en qualifiant leur construction de sorcellerie, d’apostasie et d’idolâtrie; une pratique qui s’est répandue depuis 2011, quand les talibans ont détruit deux statues de Bouddha à Bamiyan.
‘L’Etat Islamique fabrique et utilise des armes chimiques’
Le gouvernement américain est de plus en plus persuadé que le groupe terroriste Etat islamique (EI) fabrique et utilise des armes chimiques en Irak et en Syrie, rapporte la BBC.

Selon un officiel américain qui a souhaité rester anonyme, les autorités américaines ont identifié au moins 4 occasions au cours desquelles l’EI aurait utilisé du gaz moutarde, de part et d’autre de la frontière entre l’Irak et la Syrie.
Le gaz moutarde est un composé chimique qui inflige de graves blessures aux yeux, sur la peau et sur les muqueuses aux personnes qui y sont exposées. Ces blessures se manifestent sous la forme d’imposantes cloques sur la peau. Le gaz moutarde attaque aussi les poumons, provoquant des suffocations. Le plus généralement, il n’est pas mortel, mais il invalide les victimes. Son nom vient du fait qu’il dégage parfois une odeur de proche de celle de la moutarde, de l’ail ou du raifort. Il a été particulièrement utilisé au cours de la Première Guerre Mondiale et lors des guerres coloniales, mais aussi lors du conflit Iran-Irak.
Selon l’officiel, le gaz moutarde a probablement été inclus sous forme de poudre dans des explosifs conventionnels tels que des mortiers. Il affirme que les services d’intelligence américains pensent que l’EI le fabrique lui-même. “Nous faisons l’hypothèse qu’ils disposent d’une petite cellule de recherche active sur les armes chimiques et qu’il travaillent sur des essais pour améliorer leurs compétences dans ce domaine”, dit-il.
Cependant, d’autres pensent que l’EI pourrait avoir trouvé des armes chimiques dans des caches en Irak ou en Syrie. Mais l’officiel croit qu’il est peu probable que les militants du groupe terroriste en ait trouvé en Irak, car l’armée américaine aurait probablement déjà mis la main dessus pendant les années où elle se trouvait sur le terrain.
Le gouvernement américain affirme qu’il continue d’enquêter sur la possibilité de l’usage d’armes chimiques en Syrie et en Irak, mais selon l’officiel, plusieurs agences de renseignement estiment qu’elles ont rassemblé suffisamment de preuves pour conclure que c’est le cas. A la fin du mois d’août, le général de brigade américain Kevin Killea a indiqué que l’armée état-sunienne avait trouvé des traces de gaz moutarde sur des mortiers lancés sur les forces kurdes au nord de l’Irak par les combattants de l’EI, tout en précisant que les tests n’avaient pas permis de le certifier.
Au cours des derniers jours, Ian Pannell, un correspondant de la BBC posté à la frontière syrienne avec la Turquie, a lui même été témoin de scènes suggérant que des armes chimiques avaient été employées, possiblement par le régime du président syrien Bachar Al-Assad et les rebelles.
L’Etat islamique pourrait avoir utilisé des armes chimiques contre des combattants kurdes irakiens. L’Allemagne a indiqué «avoir des indications» en ce sens. Elle a précisé que plusieurs peshmergas avaient été «blessés avec des irritations de voies respiratoires». Pour l’instant, les armes utilisées, de fabrication artisanale, auraient d’abord pour objectif de semer la terreur.
Les accusations de recours aux armes chimiques par le groupe EI se sont multipliées ces derniers mois en Irak comme en Syrie. Même si, jusqu’à présent, elles semblaient sporadiques et aucun décès n’a été signalé.
Le Monde du 20 août 2015 (antidaté du 21 août) se fait plus précis. «Les 11 et 12 août, au Kurdistan irakien, près de la ville de Makhmour, l’organisation Etat islamique a fait usage d’obus et de roquettes chimiques contre deux positions tenues par des peshmergas», révèle le quotidien français.
Deux attaques auraient été menées : la première, le 11 août, contre la localité de Sultan Abdullah, la seconde, le lendemain, contre la position voisine de Jarula. «Les peshmergas présents au moment de l’attaque contre Jarula décrivent des obus de mortier et des roquettes vidées d’une partie de leur charge explosive et dispersant au moment de l’impact une poudre jaunâtre ayant provoqué une série de symptômes caractéristiques», poursuit le journal français. En clair : «J’ai tout de suite eu des difficultés à respirer, mes yeux se sont mis à pleurer. Certains vomissaient et ceux qui étaient les plus proches ont eu des cloques sur les endroits découverts de leurs corps», a raconté au Monde l’un des peshmergas présents au moment de l’attaque.
Gaz moutarde ou chlore ?
Sur le terrain, certains responsables kurdes sont convaincus que les armes qui ont frappé Sultan Abdullah étaient chargées de gaz moutarde. Mais «un haut responsable peshmerga en Irak», cité par l’AFP, a évoqué de son côté une attaque au chlore.
En mars 2015, le gouvernement de la région autonome du Kurdistan irakien avait déjà affirmé avoir les preuves d’une utilisation de gaz chloré par l’EI contre ses forces lors d’une attaque à la voiture piégée le 23 janvier.
De son côté, un responsable américain a indiqué à l’AFP que les Etats-Unis jugent «plausible» que le groupe EI ait utilisé du gaz moutarde. Selon des responsables officiels américains cités par le Wall Street Journal en date du 13 août 2015, l’«Etat islamique pourrait avoir obtenu le gaz moutarde en Syrie, dont le gouvernement a admis en 2013 qu’il en possédait de grandes quantités quand il a accepté d’abandonner son arsenal d’armes chimiques».
Selon Le Monde, on aurait pour l’instant affaire à des armes «rudimentaires» destinées «à semer la terreur». «De fait, la faible capacité de vaporisation des composants utilisés et le caractère limité des dégâts physiques occasionnés pourraient indiquer une fabrication plus artisanale d’armes destinées à provoquer un sentiment de panique plus que des pertes humaines». Pour un responsable peshmerga rencontré par le journal, «il s’agit d’une tactique de guerre psychologique». Mais au-delà se répand la crainte d’une généralisation de «bombes sales» au service de l’organisation djihadiste.
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