Des soldats du régime syrien patrouillent dans les environs d’Alep le 16 octobre 2015.

Des soldats du régime syrien patrouillent dans les environs d'Alep le 16 octobre 2015

Les forces du régime syrien, aidées des alliés russes et iraniens, progressaient samedi dans le nord du pays mais rencontraient une forte résistance dans le centre, au 11e jour de leur offensive terrestre pour regagner du terrain aux rebelles.

Défendant l’intervention militaire russe dans la guerre en Syrie, le Premier ministre Dmitri Medvedev a affirmé que Moscou cherchait à y protéger ses « intérêts nationaux » et qu’elle ne tenait pas à ce que le pays reste dirigé par le président
Bachar al-Assad.

Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), les forces coalisées de l’armée, des milices pro-régime, du Hezbollah libanais et des combattants iraniens et irakiens ont pris en 24 heures cinq villages et des collines de la province septentrionale d’Alep et se trouvaient aux portes de la localité clé d’Al-Hader.

« La prise de cette localité, à 25 km au sud de la ville d’Alep, permettrait de sécuriser une ligne d’approvisionnement de l’armée entre la province d’Alep et celle de Hama », plus au sud, a expliqué à l’AFP son directeur, Rami Abdel Rahmane.

La province d’Alep est quasi-entièrement aux mains du Front Al-Nosra, la branche syrienne d’Al-Qaïda, et ses alliés islamistes, ou des jihadistes du groupe Etat islamique (EI). Le régime ne contrôle qu’une route lui permettant d’approvisionner les quartiers d’Alep sous son contrôle.

Selon l’OSDH, depuis vendredi, 17 rebelles et huit membres des forces du régime ont été tués. Les combats ont poussé 2.000 familles à fuir leurs habitations.

Maamoun al-Khatib, qui dirige l’agence d’opposition Shahba Press à Alep, a affirmé à l’AFP que les avions russes avaient mené 80 raids dans le sud d’Alep depuis vendredi matin.

Les habitants d'Alep à la recherche de survivants sous les décombres, après les frappes aériennes du régime.

Nouvelle base pour les Russes ? 

D’après un responsable américain, près de 2.000 Iraniens ou combattants soutenus par l’Iran, comme ceux du Hezbollah ou de groupes irakiens, participent à l’offensive près d’Alep.

Selon lui, pendant que les Iraniens et leurs groupes affiliés appuient les forces syriennes au sol près d’Alep, les Russes aident par les airs l’armée à prendre en tenailles les rebelles dans la province d’Idleb (nord-ouest), à partir des provinces de Hama à l’est et de Lattaquié à l’ouest.

Dans la province d’Alep, les forces du régime cherchent aussi à briser le siège imposé par l’EI à l’aéroport militaire de Kweires, s’emparant d’une nouvelle localité se trouvant, selon une source militaire, à 6 km de la base. Si elles réussissaient leur opération, cet aéroport pourrait être mis à la disposition de l’aviation russe, actuellement basée au sud de Lattaquié, selon l’OSDH. En revanche, dans la province centrale de Homs, l’armée faisait face à une résistance farouche des rebelles autour de Talbissé.

« Action urgente » 

« L’aviation russe a mené plusieurs raids sur Talbissé et le nord de la province de Homs tandis que de violents combats avaient lieu aux alentours de cette localité », située à 10 km au nord de Homs, selon l’OSDH.

A Homs, les raids russes et les bombardement du régime ont fait depuis jeudi 72 morts, dont près de la moitié sont des civils, a ajouté l’ONG. L’armée russe a annoncé samedi avoir frappé 49 cibles ces dernières 24 heures à Idleb, Hama, Alep, Lattaquié et autour de la capitale, et avoir continué à utiliser des drones, alors qu’Ankara dit avoir abattu un appareil non identifié près de la frontière syrienne.

Moscou dit bombarder des groupes « terroristes », dont l’EI, mais Américains, Européens et Turcs, opposés à Bachar al-Assad, accusent Moscou de cibler avant tout des groupes rebelles qualifiés de « modérés ».

« C’est au peuple syrien de décider qui dirigera la Syrie », a affirmé M. Medvedev, en soulignant que la Russie, pour le moment, « oeuvre sur la base qu’Assad est le président légitime ».

A l’issue d’une rencontre samedi avec les ambassadeurs des « Amis de la Syrie », regroupant les pays hostile au régime, la coalition de l’opposition a appelé à une « action urgente pour faire cesser l’agression russe ».

Déclenché en mars 2011 par une révolte populaire brutalement réprimée, le conflit en Syrie s’est mué en guerre très complexe avec une multitude d’acteurs, faisant plus de 250.000 morts. Au moins quatre millions de Syriens ont fui leur pays.

Bon comme un citron bien rond !