A la veille de sa visite officielle en Allemagne, Benyamin Nétanyahou a mis en cause, mardi 20 octobre, l’influence qu’aurait exercée le mufti de Jérusalem sur Hitler, pour le persuader de mener l’extermination des juifs européens, pendant la seconde guerre mondiale.

Le premier ministre s’exprimait devant le 37e Congrès sioniste mondial, à Jérusalem. Choisissant de passer en revue
« les dix grands mensonges »
auxquels est confronté Israël.

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M. Nétanyhahou s’est arrêté sur l’instrumentalisation des lieux saints par les Palestiniens pour mener des attaques contre les juifs, à commencer par la mosquée Al-Aqsa, au cœur du cycle de violences actuel.

Benyamin Nétanyhaou, à Jérusalem, le 20 octobre.

A cette occasion, il a revisité l’histoire de la Shoah, en présentant le mufti de Jérusalem, Haj Amin Al-Husseini, comme une source d’inspiration d’Hitler.

« Il s’est envolé vers Berlin, a expliqué M. Nétanyahou. Hitler ne voulait pas à l’époque exterminer les juifs, il voulait expulser les juifs. Et Haj Amin Al-Husseini est allé voir Hitler en disant : “Si vous les expulsez, ils viendront tous ici”. “Que dois-je faire d’eux ?”, demanda-t-il. Il a répondu : “Brûlez-les”. »

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« Dangereuse distorsion historique »

Ce dialogue imaginaire qui aurait eu lieu le 28 novembre 1941 lors de la rencontre, tout à fait réelle, entre Hitler et le mufti, a déclenché un incendie sur les réseaux sociaux. Il a obligé les responsables politiques à intervenir dans le débat, tandis que les historiens étaient invités à se prononcer sur la validité de cette thèse. Le chef des travaillistes, Isaac Herzog, a réagi mercredi sur sa page Facebook en évoquant

« une dangereuse distorsion historique ». « Je demande à Nétanyahou de la corriger immédiatement car elle minimise la Shoah, le nazisme et… le rôle d’Hitler dans le désastre terrible de notre peuple. »

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Mais la réaction la plus tranchante fut celle de la chef du parti de gauche Meretz, Zehava Galon.

« Peut-être que les 33 771 juifs assassinés à Babi Yar en septembre 1941 – deux mois avant la rencontre entre le mufti et Hitler – devraient être exhumés et mis au courant que les nazis ne voulaient pas les détruire. » Quant à Saeeb Erekat, le secrétaire général de l’Organisation pour la libération de la Palestine (OLP), il a affirmé que « Nétanyahou déteste tant les Palestiniens qu’il est prêt à absoudre Hitler pour le meurtre de 6 millions de juifs ».

M. Erekat a aussi souligné la participation de milliers de Palestiniens dans les rangs des Alliés.

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Le ministre de la défense, Moshe Yaalon, a semblé prendre ses distances avec les propos du chef du gouvernement.

« Bien entendu, a-t-il dit, Haj Amin Al-Husseini n’a pas inventé “la solution finale à la question juive”. L’Histoire montre clairement qu’Hitler l’a initiée. Haj Amin Al-Husseini l’a rejoint. » Interrogé par le site d’information Ynet, l’historienne en chef de Yad Vashem, le professeur Dina Porat, a réfuté l’analyse développée par M. Nétanyahou. « On ne peut pas dire que c’est le mufti qui a donné à Hitler l’idée de tuer ou de brûler les juifs, a-t-elle expliqué. C’est faux.

Capture

« Leur rencontre a eu lieu après une série d’événements qui allaient dans ce sens.  Des collègues de Dinat Porat abondent en ce sens.  Husseini a soutenu l’extermination des juifs, il a essayé d’empêcher le sauvetage des juifs, il a recruté des Arabes pour les SS, explique pour sa part l’historien Meir Litvak, de l’université de Tel-Aviv. C’était une personne abominable, mais cela ne doit pas minimiser l’ampleur de la culpabilité d’Hitler. »

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Pression.

Chercheur à l’université de Bar-Ilan, au Centre Menachem-Begin pour l’étude des mouvements de résistance, Edy Cohen ne partage pas ce point de vue et se dit « d’accord » avec le premier ministre, au-delà de tout débat politique partisan.

« Nétanyahou a résumé ce que le mufti voulait accomplir, dit-il au Monde. Je pense qu’Hitler et le mufti se sont inspirés mutuellement. On ne peut pas dire qui voulait le plus tuer les juifs. Par contre, il faut souligner que la “solution finale” n’a débuté qu’après sa visite à Berlin. » 

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Selon Edy Cohen, M. Nétanyahou a eu raison de rappeler le rôle du mufti dans les incitations à la violence.

« C’est lui qui a inventé l’idée selon laquelle la mosquée Al-Aqsa était en péril. Il voulait l’aide du monde arabe, de l’argent et des armes, mais ces pays ont hésité. Or, le mufti était très intelligent. Il a dit que les juifs voulaient détruire Al-Aqsa pour y construire un troisième temple. Il a été le premier à les accuser de ça. »

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Ce n’est pas la première fois que Benyamin Nétanyahou fait du mufti de Jérusalem la source d’inspiration du régime nazi pour l’extermination des juifs. Dans un discours prononcé en janvier 2012 devant la Knesset (le Parlement israélien), M. Nétanyahou disait déjà ceci :

« Haj Amin Al-Husseini fut l’un des architectes de “la solution finale”. Il s’était rendu à Berlin. Il avait fait pression et imploré Hitler (…) et le persuada plus que quiconque de conduire la “solution finale”. Ne pas laisser les juifs partir de peur qu’ils ne viennent ici, mais les annihiler, les brûler. »

The “Al-Aksa Is in Danger” Libel: The History of a Lie

A sample of cartoons published in Arab newspapers. Clockwise from top-left: Ad-Dustur (Jordan), Ar-Riyadh (Saudi Arabia), Al Hayat (PA), Falestin (Hamas)

Bon comme un citron bien rond !

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