Faut-il craindre un retour en France de Younes Abaaoud, le frère cadet d’Abdelhamid Abaaoud ?
« J’arrive à 10 heures »
Annoncé mort début février, Younes Abaaoud serait bel et bien vivant. D’après une note d’Interpol, l’adolescent – qui fait l’objet d’un suivi de l’antiterrorisme belge depuis deux ans – aurait récemment été localisé par les enquêteurs belges en Arabie Saoudite « probablement en compagnie d’autres personnes non identifiées ».
Le document fait état d’un coup de fil inquiétant passé depuis Djeddah par le jeune homme à sa soeur, qui vit en Belgique, le 18 février 2016 :
« J’arrive à 10 heures », aurait indiqué le jeune homme à sa soeur Yasmina, d’après la note d’Interpol.
Dans le dossier d’Interpol – baptisé « Calanque » – qui lui est consacré, le « lionceau du Califat » est décrit comme un « mineur disparu », un « tueur », « guerrier-djihadiste », « à arrêter et mettre en détention aussitôt ». Et Interpol prévient : Younes Abaaoud pourrait avoir « changé son aspect physique » et voyager « avec de faux papiers d’identité ».
La Place Beauvau dément avoir eu connaissance de la note d’Interpol et « conteste l’information selon laquelle Younes Abaaoud serait revenu en France. »
Son retour prochain en France avait déjà été annoncé quelques jours seulement après la mort de son frère aîné Abdelhamid Abaaoud. Le 3 décembre, un compte Facebook proche des milieux djihadistes avait publié une photo du jeune homme – qui se ferait désormais appeler Abû Mansûr – en treillis militaire assortie d’une menace :
« Abu Omar al-Soussi (nom islamiste d’Abdelhamid Abaaoud) est mort en martyr, mais son frère est toujours en vie. Nous sommes en route vers vous, adorateurs de la croix. »
Emmené à 13 ans.
Début 2014, Younes Abaaoud avait été récupéré par son frère Abdelhamid à la sortie de son école à Molenbeek, pour l’emmener avec lui en Syrie, rejoindre l’Etat islamique et intégrer la Katiba Al-Battar – « l’épée des prophètes » -, un escadron mené par des Libyens ou se regroupent de nombreux djihadistes belges.
Longtemps présenté par la propagande de l’Etat islamique comme le plus jeune djihadiste étranger de l’organisation terroriste, il a été surnommé le « lionceau du Califat » et apparaît depuis sur de nombreuses photos de combattants diffusés par l’Etat islamique.
Dans son testament publié début février dans le magazine de propagande francophone « Dar al-Islam », Abdelhamid Abaaoud avait glissé quelques mots au sujet de son jeune frère :
« Soyez comme des grands frères pour Abû Mansûr, encadrez-le dans le bien afin qu’il devienne un lion du tawhîd par la science islamique et militaire. »